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Zelensky rejette le projet d’accord de Trump sur les minerais
Volodymyr Zelensky n’est toujours « pas prêt » à signer un accord avec les Etats-Unis sur les minerais, a affirmé samedi à l’AFP une source proche du dossier, en pleine dégradation des relations du président ukrainien avec son homologue américain Donald Trump.
« Ils veulent nous soutirer 500 milliards » de dollars, a accusé cette source, ajoutant que Kiev avait proposé « des modifications et de manière constructive » au projet d’accord. Le locataire de la Maison Blanche veut obtenir un accord avec l’Ukraine pour avoir accès à 50% de ses minerais stratégiques en compensation de l’aide américaine qui lui a déjà été fournie, des conditions inacceptables à l’heure actuelle pour Kiev, qui exige un accord « équitable ».
Depuis l’entretien téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont dit vouloir repartir sur de nouvelles bases et le président américain a complètement renversé la position des Etats-Unis à propos de la guerre en Ukraine, reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité des autorités ukrainiennes et qualifiant même Volodymyr Zelensky de « dictateur ».
L’Ukraine a été envahie le 24 février 2022, la Russie affirmant se protéger contre la menace de l’Otan et éviter un élargissement de cette organisation.
Tandis que l’Assemblée générale de l’ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine, les Etats-Unis ont proposé un projet de résolution qui ne mentionne pas le respect de l’intégrité territoriale de ce pays, après une nouvelle charge de M. Trump contre M. Zelensky. « Une bonne idée », a rapidement commenté l’ambassadeur de Russie aux Nations unies Vassili Nebenzia.
Le projet de résolution vu par l’AFP, qui ne comporte que 65 mots, appelle à « une fin rapide du conflit » et à « une paix durable entre l’Ukraine et la Russie », une formulation vague et laconique, très éloignée des précédentes résolutions de l’Assemblée qui soutenaient clairement l’Ukraine.
Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a exhorté les Etats membres de l’ONU à voter cette nouvelle résolution « simple » et « historique » afin de « tracer un chemin vers la paix ». Donald Trump a jugé que Kiev n’avait « aucune carte en main » et que la présence de Volodymyr Zelensky à des négociations avec Moscou n’était « pas importante ».
Le « leadership » de Londres
Quant aux Européens, bien que désarçonnés par le soudain dialogue américano-russe sur l’Ukraine, ils entendent bien s’y opposer. Dans ce contexte, M. Zelensky a salué samedi soir le Royaume-Uni pour son « leadership » à propos de la guerre avec la Russie, à la suite de la promesse de « soutien indéfectible » à l’Ukraine que lui a faite au téléphone le chef du gouvernement britannique Keir Starmer. « Nous avons coordonné nos positions et notre diplomatie », a-t-il assuré.
M. Starmer et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avaient dans la journée insisté sur la « nécessité de garantir une paix juste et durable » en Ukraine, pendant que plusieurs milliers de personnes défilaient à Londres en soutien aux Ukrainiens, certaines brandissant des pancartes « L’Ukraine défend la paix pour toute l’Europe ».
« On ne peut pas imposer la paix de l’Ukraine », a de son côté martelé Pedro Sanchez, deux jours avant une visite à Kiev, rejetant « la loi du plus fort » et « la loi du Far-West ».
Friedrich Merz, le chef de file de l’opposition conservatrice allemande et favori des législatives de dimanche, a quant à lui estimé que l’Europe devait être « assise à la table principale » et « défendre » ses intérêt vis-à-vis de la Russie et de la Chine, « y compris si nécessaire en s’opposant aux Etats-Unis ».
Keir Starmer, qui doit se rendre à Washington la semaine prochaine, y sera précédé lundi par le chef de l’Etat français Emmanuel Macron, décidé à jouer sur une corde sensible de Donald Trump en lui déclarant : « tu ne peux pas être faible face au président Poutine ».
« Accélérer » le réarmement français
« La sécurité des Français et des Européens, c’est important ». La Russie est « surarmée » et « continue de se surarmer », va aussi lui dire M. Macron.
Le président « m’a demandé de lui faire des propositions pour accélérer encore notre réarmement et renforcer plus vite nos capacités« , a à cet égard expliqué le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, selon lequel la France envisage d’accroître le nombre des frégates, des avions Rafale et d' »accélérer sur les drones ».
La plupart des pays européens s’inquiètent du revirement américain, craignant que Donald Trump ne mette fin à la guerre à des conditions favorables à Moscou sans fournir de garanties de sécurité à Kiev et à l’Europe.
L’Ukraine et les Européens ont de leur côté préparé un projet de résolution à l’ONU qui souligne la nécessité de « redoubler » d’efforts diplomatiques pour que le conflit se termine « cette année » et réitère les précédentes demandes de l’Assemblée générale d’un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d’Ukraine.
Si le président russe Vladimir Poutine s’est dit « ouvert » à des pourparlers de paix, Moscou exige notamment que Kiev lui cède quatre régions ukrainiennes en plus de la Crimée annexée en 2014 et n’adhère jamais à l’Otan. Des conditions inacceptables pour les autorités ukrainiennes qui réclament à leurs alliés des garanties de sécurités solides.
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M. Trump et ses collaborateurs ont de leur côté jugé « irréalistes » une adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique et son ambition de reprendre ses territoires perdus.
Sur le terrain, la situation reste difficile pour les Ukrainiens. Une attaque russe à l’aide de trois bombes guidées à Kostiantynivka, un important bastion ukrainien dans l’est, a fait samedi un mort, une femme, dans un immeuble d’habitation, selon les autorités.