Mélanie Geelkens
(Z+ Le Vif) Une sacrée paire | « Crier. Hurler. Aboyer. Parce que demander gentiment, ça fait des siècles que certaines essaient. Et ça n’a jamais fonctionné »
Elle n’avait qu’à pas encaisser le chèque, la Foresti ! Si ça la dérangeait tant que ça, qu’un violeur d’enfant de 13 ans remporte trois César, fallait continuer à faire ses petits spectacles au Stade de France. Parce que ridiculiser Atchoum, le réalisateur au stade anal qui fait entrer des cubes dans des ronds ; brocarder Bruel, le chanteur qui a trop chaud que pour garder son slip devant sa masseuse ; railler Weinstein, un peu moins dégueu habillé qu’à poil ; vanner Cassel qui se tape une mannequin de 32 ans de moins que lui… Quelle indécence. Quel mauvais goût !
Elle n’avait qu’à pas venir, la Haenel ! Si ça la dérangeait tant que ça, qu’un mec qui avait alors 44 ans pénètre et sodomise une fille de 13 ans après lui avoir fait gober champagne et sédatif soit consacré meilleur réalisateur désormais qu’il en a 86, fallait continuer à faire ses petits films de réalisatrices. Parce que tourner son dos nu et claper ses talons aiguilles sur le tapis rouge en faisant un zéro avec les doigts et en tempêtant du » bravo la pédophilie » sous prétexte d’être soi-même une actrice avec qui un réalisateur avait voulu faire joujou quand elle avait 12 ans… Quelle indécence. Quel mauvais goût !
Elle n’avait qu’à pas être vulgaire, la Despentes ! Si ça la dérangeait tant que ça, qu’une profession sanctifie un type accusé de viols par une dizaine de (très) (jeunes) femmes, fallait continuer à écrire ses petits livres de féminazie. Parce que cracher du » C’est terminé. On se lève. On se casse. On gueule. On vous emmerde » à la tronche de » puissants » conchiés… Quelle indécence. Quel mauvais goût !
Se moquer. Se lever. S’indigner. L’indécence de l’ouvrir, en fait. Le mauvais goût de ne pas rester silencieuses, assises, muettes. D’être félicitées, admirées, saluées. D’être si viriles. How dare you ! Bisous, Greta. Encore une qui n’a pas eu la convenance d’être une bonne petite. Alors évidemment, il faut critiquer, fustiger, discréditer, rappeler qu’une telle avait déjà dit ceci, qu’une autre avait déjà écrit cela, qu’elles sont à côté de leurs escarpins et qu’elles feraient mieux de les rechausser et de remettre une couche de gloss. Ça colle les lèvres. De bonne guerre, après tout.
Tellement inhabituel, que des bonnes femmes se prennent pour des bonshommes, que La Première en a fait une émission : » Le féminisme doit-il être radical ? » Un violeur a été tué ? La maison d’un pédophile a été brûlée ? Quelqu’un a coupé l’engin d’un type qui l’avait placé dans un vagin inapproprié ? Parce qu’aux dernières nouvelles, l’extrémisme féministe tant fustigé se contentait de placarder des collages dans les rues, de se laisser pousser les poils voire de faire grève le 8 mars, éventuellement.
» Radicalité « , en fait = ne pas aimer les hommes. Car dénoncer ce que certains font de pire, en ironisant, en tournant les talons ou en rédigeant une opinion, signifie apparemment tous les détester. Insupportable. Effrayant d’imaginer que certaines se fichent de plaire. Dérangeant de supposer qu’elles s’opposent à tous. Qu’elles mettent le nez dans l’étron patriarcal sans distinguer ceux qui puent, ceux qui odorent juste un peu ou ceux qui supportent la merde sans frémir de la narine.
Celles qui l’ouvrent ne sont pas le problème. A la différence de ceux qui la ferment. Trop confortablement installés dans leurs privilèges, drapés de leur position dominante. Critiquer ceux-là ne signifie pas haïr tout le monde. Juste clamer que ça a assez duré. Crier. Hurler. Aboyer. Parce que demander gentiment, ça fait des siècles que certaines essaient. Et ça n’a jamais fonctionné.
En 1970, ce n’était qu’un livret vendu 75 cents. Our Bodies, Ourselves est ensuite devenu une bible, écoulée à plus de quatre millions d’exemplaires et traduite dans une trentaine de langues. Cet ouvrage américain, » écrit par les femmes, pour les femmes « , avait été adapté en français en 1977, mais plus jamais actualisé depuis. La maison d’édition Hors d’atteinte vient de rééditer Notre corps, nous-mêmes, conservant le principe qui avait guidé les auteures américaines. Neuf femmes ont récolté plus de 400 témoignages (en France) sur les règles, l’accouchement, l’avortement, le plaisir sexuel, la ménopause… Jamais aussi bien décrites que par elles-mêmes !
places dans des crèches ou autres structures d’accueil sont disponibles, en Fédération Wallonie-Bruxelles, pour… 129 009 enfants de 0 à 2,5 ans. Quid des 65 % restants ? Se garder tout seuls, peut-être ? A l’occasion du 8 mars, journée internationale de défense du droit des femmes, les Femmes prévoyantes socialistes ont (à nouveau) réclamé l’ouverture de places supplémentaires. Car ce sont principalement les femmes qui vont réduire leur temps de travail pour s’occuper des enfants. Tant pis pour leur indépendance financière…
Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) annonce un ralentissement mondial des progrès en faveur de l’égalité des sexes. Pour 28 % de la population mondiale (sexes confondus), un homme a le droit de battre sa femme ; pour 50 %, les hommes sont de meilleurs dirigeants politiques ; pour plus de 40 %, de meilleurs patrons ; et dans les 50 pays où les femmes sont plus instruites que les hommes, elles gagnent 39 % en moins qu’eux (en travaillant plus). Selon le Pnud, il faudrait 257 ans pour résorber l’écart économique entre hommes et femmes. Bien, bien.
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