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WikiLeaks, NSA, Pentagon Papers… les affaires de fuites à l’américaine

Le Vif

Alors que débute le procès de Bradley Manning accusé d’avoir fourni des documents à WikiLeaks, l’homme qui a révélé l’affaire des écoutes de la NSA s’est fait connaître. Retour sur les whistleblowers aux Etats-Unis.

Héros pour certains, traîtres pour d’autres. Edward Snowden, en révélant les écoutes de l’Agence de sécurité nationale (NSA) aux Etats-Unis, vient de gagner le statut de « whistleblower », ou « lanceur d’informations ». Cet acte de dénonciation civique est presque devenu une tradition outre-Atlantique, comme l’explique Le Monde ce lundi, et se pratique depuis plusieurs décennies, dans le secteur public comme dans le privé.

Bradley Manning, la taupe de WikiLeaks C’est une des plus grosses affaires de fuites de ces dernières années. Ce soldat américain de 25 ans, analyste du renseignement en Irak, est actuellement jugé pour avoir téléchargé et livré au site Internet WikiLeaks des milliers de rapports militaires classés « secret défense » ainsi que des dépêches du département d’Etat. Autant de révélations parfois embarrassantes sur les guerres d’Irak et d’Afghanistan, la diplomatie américaine, les relations avec l’Iran… Seule personnalité officiellement inquiétée par la justice américaine, Bradley Manning reçoit le soutien de nombreuses personnalités -dont Julian Assange, fondateur de WikiLeaks- et d’anonymes, qui voient en lui un héros. Victime de traitements carcéraux abusifs, Bradley Manning risque la prison à perpétuité.

Sherron Watkins, la faillite d’Enron Corporation

Vice-présidente d’un département de la société Enron Corporation, spécialisée dans l’énergie, Sherron Watkins est considérée comme la personne qui a aidé à mettre en lumière un scandale financier auquel la firme n’a pas survécu. Elle a alerté, en 2001, la direction sur de nombreuses irrégularités comptables dans les rapports financiers d’Enron Corporation. Toutefois, Sherron Watkins a été critiquée pour ne pas avoir dévoilé ces révélations plus tôt au grand public: il a fallu attendre cinq mois avant que l’Amérique n’apprenne les turpitudes de la compagnie.
Linda Tripp, les dessous de l’affaire Lewinsky

Parmi les personnalités clés dans l’affaire qui a secoué la Maison Blanche en 1998, Linda Tripp. Elle était employée au bureau des relations publiques du Pentagone -après avoir été évincée de l’administration Clinton-, comme son amie Monica Lewinsky. Avertie de la relation de cette dernière avec le Président Bill Clinton, Linda Tripp a enregistré des conversations téléphoniques où Monica Lewinsky lui en révèle les détails. Elle les fournit au procureur Kenneth Starr contre son immunité lors des accusations. Auparavant, elle s’était déjà fait remarquer en confiant à Newsweek et à Starr qu’elle avait vu sortir du bureau de Clinton une dénommée Kathleen Willey, « radieuse, la jupe froissée et sans rouge à lèvres ».

Mark Whitacre, l’informateur qui n’était pas tout blanc

Responsable d’une filiale chez Archer Daniels Midland (ADM), Mark Whitacre est à l’origine de révélations sur des entraves au droit de la concurrence dans l’agro-alimentaire. De 1992 à 1995, il a informé le FBI sur les activités de sa société, inspirant le film The Informant de Steven Sodherberg, avec Matt Damon dans le rôle titre. Mais ses relations avec le FBI ont aussi conduit à sa perte. Ses propres fraudes financières sont révélées au grand jour et il perd son immunité de « whistleblower ». Mark Whitacre sera condamné à 9 ans de prison pour détournement de fonds.

Daniel Ellsberg, « nobellisé » pour les Pentagon Papers

C’est un des informateurs les plus connus, que l’on rapproche souvent du cas d’Edward Snowden. Analyste à la RAND Corporation -un think tank des forces armées américaines-, Daniel Ellsberg a fourni au New York Times des milliers de pages d’éléments « top secret » en 1971. Ces documents du Pentagone détaillaient les processus de prise de décision du gouvernement lors de la guerre du Vietnam. Il sera poursuivi pour vol, conspiration et espionnage avant de recevoir le Right Livelihood Award -ou prix Nobel alternatif- en 2006 « pour avoir placé la paix et la vérité en premier, au mépris de risques personnels considérables ».

Par Marie Le Douaran

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