
Ursula von der Leyen: «Nous sommes clairement entrés dans une nouvelle ère de concurrence géostratégique acharnée»
Les efforts demandés en matière de défense peuvent stimuler le marché unique européen, a fait valoir dimanche la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d’une conférence de presse.
Les efforts demandés à l’Europe en matière de défense peuvent donner « un élan massif » à un marché unique plus compétitif, a fait valoir dimanche la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au cours d’une conférence de presse.
« Les énormes investissements à venir dans la prochaine génération d’équipements militaires et d’infrastructures de sécurité de l’Europe peuvent déclencher un puissant effet d’entraînement pour d’importantes industries », a plaidé l’Allemande, dont le grand plan « Réarmer l’Europe » à 800 milliards d’euros a reçu un premier feu vert jeudi au sommet européen de Bruxelles.
Elle cite l’accélération de la numérisation, la modernisation des réseaux de transport, les applications d’IA, l’informatique quantique, les communications sécurisées, les réseaux de satellites ou encore des retombées pour les véhicules autonomes et la robotique. « Les PME de notre Union – nous en avons 2.500 dans la chaîne d’approvisionnement de la défense – seront au cœur de cette transformation », a-t-elle assuré, à l’occasion des 100 jours de son deuxième mandat.
La cheffe de l’exécutif européen a en outre annoncé qu’elle mettrait sur pied dans les prochaines semaines un nouveau format de réunion de ses commissaires, sous la forme d’un « collège de sécurité ». « Les membres du collège seront ainsi régulièrement informés des évolutions en matière de sécurité. De la sécurité extérieure et intérieure à l’énergie, en passant par la défense et la recherche, la cybernétique, le commerce, l’ingérence étrangère.
Ce n’est que si nous avons une compréhension claire et approfondie des menaces, y compris des menaces hybrides, que nous pourrons contribuer efficacement à la sécurité collective. » Face à la nécessité d’une « transformation colossale de l’économie », l’Allemande maintient les objectifs 2030 et 2050 de décarbonation. « Il faut qu’on puisse s’adapter en permanence tout en gardant ces objectifs », a-t-elle dit.
La présidence européenne d’Ursula von der Leyen marquée par le déstabilisant retour de Trump
Les 100 premiers jours de la Commission Von der Leyen II ont été marqués par le retour déstabilisant de Donald Trump à la présidence des États-Unis, menaçant ses alliés de droits de douane et amorçant un désengagement de l’Ukraine potentiellement favorable à Moscou.
« Les bouleversements géopolitiques ébranlent les alliances. Des certitudes vieilles de plusieurs décennies s’effondrent », selon Mme Von der Leyen. « Nous sommes clairement entrés dans une nouvelle ère de concurrence géostratégique acharnée. Nous constatons que certains se renferment sur eux-mêmes, sèment l’incertitude et s’efforcent d’obtenir des gains à court terme. Je tiens à dire très clairement que l’Europe restera ouverte, qu’elle restera synonyme de partenariat et d’ouverture. Nous offrons la stabilité et la prévisibilité, des caractéristiques précieuses en ces temps difficiles. »
À la question de savoir si les États-Unis étaient toujours les alliés de l’UE, Ursula von der Leyen répond par l’affirmative. « Les points de vue sont peut-être différents, mais nos intérêts communs restent plus importants que ce qui peut nous séparer », dit-elle, citant notamment l’Otan. Elle souligne aussi que « chacun doit faire son devoir », car « être alliés ne signifie pas un déséquilibre dans le partage de la charge ». Pas question d’appliquer aux États-Unis une stratégie de « de-risking » telle que l’UE la pratique avec la Chine, répond l’Allemande à une question à ce sujet. « La relation est très différente ».
Les investissements en défense consentis dans « ReArm Europe » seront marqués européens, mais il s’agira d’une « augmentation progressive », car actuellement, 80% des investissements européens en défense partent hors UE, rappelle-t-elle. Elle nuance en soulignant l’importance de maintenir des relations étroites avec l’industrie britannique ou norvégienne (sous-marins).
La Commission doit présenter le 19 mars son livre blanc sur l’avenir de la défense européenne, à la veille d’un nouveau sommet européen où « ReArm Europe » sera à nouveau à l’ordre du jour.