Une loi européenne pour restaurer la nature? La droite flamande s’y oppose fermement
Le CD&V, l’Open Vld et la N-VA sont à la pointe de l’opposition contre une proposition législative majeure du Pacte vert européen, qui vise à restaurer d’ici 2030 un cinquième des écosystèmes endommagés.
Les trois partis du gouvernement flamand – CD&V, Open Vld et N-VA – ont été en pointe, mercredi à Strasbourg, d’un débat en plénière du Parlement européen, initié par le PPE, contre la proposition de la Commission européenne sur la restauration de la nature, qu’ils jugent intenable pour la Flandre.
A l’initiative du député Tom Vandenkendelaere (CD&V, PPE), vingt-cinq députés de quinze pays membres, dont les Belges Cindy Franssen (CD&V, PPE), Benoît Lutgen (Les Engagés, PPE), Pascal Arimont (CSP, PPE) et Hilde Vautmans (Open Vld, Renew), ont envoyé au commissaire en charge du Pacte Vert Frans Timmermans un courrier lui demandant une étude d’impact supplémentaire, avec une analyse coûts-bénéfices détaillée par État membre et par région. Le groupe PPE lui-même demande le retrait du texte. L’ancien ministre-président flamand Geert Bourgeois (N-VA, ECR) est lui aussi intervenu.
« La fin de l’agriculture »
Vendredi dernier déjà, se revendiquant de la défense de l’agriculture, le Parti populaire européen (PPE) avait marqué son opposition à cette proposition législative majeure du Pacte vert européen, qui vise à restaurer d’ici 2030 un cinquième des écosystèmes endommagés. Le plus grand parti de l’hémicycle s’oppose aussi à la proposition visant à réduire l’utilisation des pesticides chimiques et des risques qui y sont associés de 50% d’ici à 2030. « Le PPE envoie un signal qui ne doit pas être mal compris. Ce que nous rejetons, c’est la loi sur la restauration de la nature telle qu’elle est présentée aujourd’hui. Cette proposition oblige les agriculteurs européens à remplacer 10% de leurs terres agricoles par des éléments paysagers présentant une grande valeur en termes de diversité, et donc à les retirer de facto de la production. Avec cette mesure et d’autres, ce sont potentiellement 172.000 hectares de terres agricoles utilisables qui disparaîtront en Flandre », affirme Tom Vandenkendelaere. « Nous ne soutenons pas une proposition qui signifierait la fin de l’agriculture pour un grand nombre de nos agriculteurs flamands. Nous ne soutenons pas une politique qui conduirait à un cauchemar bureaucratique, réduirait la production alimentaire et créerait une crise de l’azote XXL », a-t-il ajouté, quelques semaines après une crise politique majeure au sein du gouvernement flamand sur les réductions d’azote.
« Faux dilemme »
À gauche, le S&D a dénoncé le « faux dilemme » créé par la droite entre le soutien aux agriculteurs et la protection de l’environnement, alors que la science montre à quel point ne pas agir transformerait l’agriculture et les écosystèmes « en véritables déserts ». Marie Arena (PS, S&D) a appelé la droite à « ne pas faire l’autruche » et à « se mettre autour de la table pour discuter de ces textes essentiels », plutôt que de renvoyer la proposition à la Commission.
Pour les Verts/ALE, c’est bien la « catastrophe climatique » qui menace la sécurité alimentaire et la biodiversité. La Gauche a pour sa part dénoncé un système agricole qui continue de permettre aux grandes exploitations de s’agrandir « pendant que les petites font faillite ». Pour la Commission, Mairead McGuinness a dit écouter les préoccupations avec beaucoup d’attention, tout en demandant de se concentrer sur le caractère durable de l’agriculture. « Il faudra peut-être rassurer ceux qui s’inquiètent de la mise en œuvre, nous pouvons y travailler ensemble, Parlement, Conseil et Commission, et trouver une voie à suivre pour que les agriculteurs se sentent pleinement respectés », a indiqué la commissaire.
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