Un grand élargissement de l’Union européenne? Alexander De Croo pas convaincu: « J’ai de gros doutes »
Le Premier ministre belge Alexander De Croo doute de la possibilité d’un grand élargissement de l’Union européenne à l’horizon 2030. « Ce n’est vraiment pas évident », a-t-il dit à son arrivée au sommet européen informel de Grenade.
Les chefs d’État et de gouvernement des 27 États membres de l’Union se retrouvent pour envisager l’avenir de l’UE, sur des questions telles que la défense et la sécurité, l’autonomie stratégique ou la compétitivité.
Mais la perspective d’adhésion à l’Union de plusieurs pays des Balkans occidentaux et de l’Ukraine figure aussi parmi les sujets de la réunion. Fin août, le président du Conseil européen Charles Michel a évoqué l’horizon 2030 pour mettre l’Union et les États candidats en ordre de marche.
« Ce n’est vraiment pas évident. Il y a beaucoup de travail à effectuer, tant de leur côté que du nôtre. Dire maintenant que nous aurons réglé cela d’ici quelques années, j’ai vraiment de gros doutes », selon le chef du gouvernement belge.
Les pays candidats doivent répondre à de multiples critères en termes de démocratie et d’État de droit, d’alignement sur les législations de l’Union ou de stabilité économique pour le marché unique. « Il n’y a pas de raccourci possible. Les critères sont clairs et il y a encore beaucoup de travail avant que ces pays ne se mettent à niveau », a ajouté M. De Croo.
Pour l’Union, la seule adhésion de l’Ukraine bouleverserait le cadre budgétaire, notamment sur la répartition des subventions agricoles et des fonds de convergence économique. La formation des décisions devra aussi être adaptée, rappelle Alexander De Croo, car « ce n’est déjà pas simple à 27″.
« L’élargissement peut constituer un avantage économique et sécuritaire tant pour nous que pour les pays adhérents, mais nous ne pouvons pas faire cela sans préparation, et aujourd’hui ni eux ni nous ne sommes prêts », a conclu Alexander De Croo.
Le président du Conseil européen Charles Michel a, quant à lui, souligné que l’adhésion de nouveaux membres se ferait sur base du mérite et de la manière dont les pays candidats mettent en œuvre les réformes prévues.
Selon lui, il n’est cependant pas contradictoire de proposer une échéance. « Une date encouragera tout le monde à se mettre au travail pour remplir ces obligations« , estime-t-il. « Je sais qu’il existe différentes sensibilités au sein de l’UE, mais ce n’est pas parce que c’est difficile que nous ne devons pas nous y atteler. » Certains États membres souhaitent en effet offrir une perspective plus concrète à l’Ukraine.
« 2030, c’est trop loin« , a déclaré la Première ministre estonienne Kaja Kallas. Dans cette optique, une adhésion progressive est également envisagée, avec un accès à certaines formes de coopération et de financement pour les pays qui auraient déjà réalisé des progrès. Le projet de déclaration du sommet informel de Grenade stipule que l’élargissement est « un investissement géostratégique dans la paix, la sécurité, la stabilité et la prospérité ».
L’élargissement de l’UE avait cessé d’être une priorité depuis l’adhésion de la Croatie en 2013, mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a remis le sujet au-devant de la scène. Quelque mois plus tard, le pays en guerre ainsi que la Moldavie se voyaient accorder le statut de candidat. Outre ces deux pays, la Serbie, le Monténégro, la Macédoine du Nord, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine et la Turquie bénéficient également de ce statut. Les négociations avec Istanbul sont cependant suspendues depuis le coup d’État manqué de 2018. La Géorgie et le Kosovo -dont l’indépendance n’est pas reconnue par tous les États membres- sont considérés comme des candidats potentiels.