Soupçons de corruption au Parlement européen: un collectif de militants marocains se constitue partie civile
Un collectif de « victimes marocaines » du scandale de corruption présumée au Parlement européen a annoncé jeudi se constituer partie civile dans l’enquête judiciaire belge en cours impliquant le Maroc et le Qatar.
Nous, membres du groupe des victimes marocaines du réseau de corruption au Parlement européen, nous constituons partie civile dans le cadre de l’enquête en cours devant la justice belge », a indiqué ce collectif dans un communiqué. Lancé lundi, le groupe est composé de proches d’activistes « détenus arbitrairement » au Maroc et de « citoyens lésés par le réseau de corruption au parlement européen », parmi lesquels l’historien franco-marocain Maâti Monjib et le militant des droits humains Fouad Abdelmoumni.
Figurent parmi les membres du collectif Khouloud Mokhtari, épouse du journaliste emprisonné Soulaimane Raïssouni, Ali Reda Ziane, fils de l’avocat Mohamed Ziane, également en détention, et le journaliste et universitaire Omar Brouksy. « Les citoyens susmentionnés ont déjà, directement ou indirectement, fait l’objet d’une résolution du Parlement européen reconnaissant qu’ils ont été victimes de graves violations en raison de leurs activités en tant que défenseurs de droits humains, journalistes, avocats ou hommes politiques », souligne le groupe.
Le 19 janvier, dans une résolution non contraignante, le Parlement européen a dénoncé la détérioration de la liberté de la presse au Maroc et s’est dit « préoccupé » par les allégations de corruption pesant sur Rabat dans le cadre d’une enquête menée par la justice belge et visant aussi le Qatar. En réponse au vote des eurodéputés, le Maroc a décidé de « réévaluer » ses relations avec le Parlement européen et rejeté toute « ingérence » dans les affaires du royaume.
Quatre personnes sont actuellement en détention provisoire en Belgique, soupçonnées d’avoir intercédé en faveur de puissances étrangères dans les décisions du Parlement européen. Un cinquième suspect, l’eurodéputé italien Andrea Cozzolino a été arrêté puis assigné en résidence le 11 février en Italie, en attendant l’examen du mandat d’arrêt émis à son encontre par la justice belge. M. Cozzolino, ainsi que l’ex-eurodéputé socialiste italien Pier Antonio Panzeri et l’ancienne vice-présidente grecque du Parlement européen Eva Kaili sont accusés par les membres du collectif marocain d’être « responsables des graves préjudices qu’ils ont subis ».
Plusieurs journalistes indépendants et opposants ont été condamnés et emprisonnés ces dernières années au Maroc pour des accusations à caractère sexuel qu’ils nient. Les autorités marocaines assurent que la justice est indépendante et que les condamnations de journalistes « n’ont rien à voir » avec leur travail journalistique.