
Les 7 points à retenir du sommet européen extraordinaire à Bruxelles, avec «une grande avancée»
Le sommet européen extraordinaire à Bruxelles a livré ses verdicts. Les 27 confirment le plan « ReArm Europe » à l’unanimité. Ils concluent également un accord de soutien supplémentaire à l’Ukraine… mais sans la Hongrie.
Un renforcement ambitieux de la défense européenne: tel était l’objectif affiché des 27 Etats membres à Bruxelles, ce jeudi 6 mars, lors d’un sommet européen extraordinaire. Face au désengagement américain en Ukraine, l’Europe s’est montrée unie… sans la Hongrie. Voici les sept points majeurs à retenir de cette journée européenne.
1. Feu vert unanime pour le plan «ReArm Europe»
Les dirigeants de l’Union européenne ont donné leur approbation unanime au plan « ReArm Europe » d’une valeur de 800 milliards d’euros pour renforcer la défense européenne, en réponse au désengagement américain en Ukraine. Ils ont également discuté des stratégies de soutien à l’Ukraine, malgré l’opposition du Premier ministre hongrois Viktor Orban.
Une autre piste qui fait consensus concerne la flexibilité accrue des règles budgétaires européennes, pour éviter que l’augmentation des dépenses en défense ne déclenche ou ne pèse sur les procédures de déficit excessif.
Trois autres pistes, à savoir l’utilisation de fonds structurels de cohésion à des fins de défense, la mobilisation de capitaux privés et l’extension à la défense des investissements de la BEI, peuvent aussi poursuivre leur chemin.
Les équipes de la Commission doivent maintenant développer les textes légaux, avec en point de mire le sommet « régulier » des 20 et 21 mars prochains.
2. La stratégie de soutien à l’Ukraine: une approbation à 26
Ils ne sont que 26 Etats membres à avoir approuvé un texte sur la stratégie de soutien à l’Ukraine, que le dirigeant hongrois Viktor Orban rejette.
Les dirigeants ont en effet abordé les lignes stratégiques de soutien à l’Ukraine, contre lesquelles le Premier ministre hongrois, aligné sur la politique de Donald Trump, avait menacé de poser son veto.
Cela n’a pas freiné la volonté des autres États membres d’avancer. Ils ont validé un texte à part, annexé aux conclusions, après s’être assurés d’avoir amadoué le Premier ministre slovaque Robert Fico, qui avait lui aussi fait planer la menace d’un refus.
L’identification de ces armements prioritaires est en soi « une grande avancée européenne », selon plusieurs sources. Y figurent la défense antiaérienne et antimissile; les systèmes d’artillerie, y compris les capacités de frappe de précision en profondeur; les missiles et les munitions; les drones et les systèmes anti-drones; les développements stratégiques, y compris dans le spatial (les constellations de satellites) et la protection des infrastructures critiques; la mobilité militaire; le cyberespace; l’intelligence artificielle et la guerre électronique.
A l’heure d’écrire ces lignes, le sommet n’est pas encore terminé. Les dirigeants européens poursuivent leurs échanges de vues sur l’Ukraine autour d’un dîner. En l’absence cette fois du Premier ministre belge Bart De Wever, qui a dû quitter le cénacle « pour des raisons familiales urgentes ».
3. Une utilisation des actifs russes gelés?
Un débat sur l’utilisation des actifs russes gelés en Europe a également eu lieu, notamment pour financer la reconstruction de l’Ukraine et les réparations des victimes de la guerre. Bien que certains pays, comme la Belgique, restent réticents en raison des risques juridiques et financiers. Des voix se lèvent cependant pour aller plus loin que le simple gel de ces fonds.
4. Mark Rutte «prudemment optimiste»
Mark Rutte, secrétaire général de l’Otan, a exprimé un «optimisme prudent» sur l’évolution des relations entre l’Ukraine et les États-Unis après l’altercation tendue entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump. Rutte a souligné que les discussions actuelles entre les deux pays s’inscrivent dans un développement positif. Zelensky a par ailleurs envoyé une lettre de réconciliation à Trump, exprimant ses regrets et sa volonté de négocier, renforçant ainsi l’espoir d’une issue favorable.
5. Zelensky rencontre De Wever et le Roi
Zelensky a été reçu par le Roi Philippe au Palais royal, leur troisième rencontre. Le Roi a exprimé le soutien de la Belgique envers l’Ukraine, soulignant l’admiration pour la dignité et la recherche de solutions pacifiques de Zelensky. Le président ukrainien a remercié le peuple belge, et affirmé que le soutien européen était crucial. Avant cette rencontre, Zelensky avait également échangé avec le Premier ministre belge Bart De Wever, qui a réitéré le soutien de la Belgique à l’Ukraine.
6. Le parapluie nucléaire français fait son chemin
Le Premier ministre polonais Donald Tusk a qualifié la proposition d’Emmanuel Macron d’ouvrir un débat sur la protection de l’Europe par l’arsenal nucléaire français de « très prometteuse ». Macron a évoqué l’extension de la dissuasion nucléaire française à d’autres pays européens, une idée soutenue par la Pologne, qui est prête à accueillir des armes nucléaires de l’Otan. Tusk s’estime «convaincu que la Russie (la) perdra », tout comme l’Union soviétique s’était inclinée à l’issue d’une course aux armements «similaire » dans les années 1980, a-t-il insisté.
7. Le Royaume-Uni fait signe à distance
En marge du sommet, le gouvernement britannique a annoncé avoir mené des discussions avec une vingtaine de pays, principalement européens et du Commonwealth, intéressés à contribuer à un maintien de la paix en Ukraine dans le cadre d’un futur accord de cessez-le-feu avec la Russie. Le type de contribution n’a pas été précisé. Parallèlement, Emmanuel Macron a annoncé vouloir réunir les chefs d’état-major des pays européens prêts à garantir une future paix en Ukraine. Une réunion est prévue à Paris mardi.