Qatargate: l’ex-eurodéputé Pier Antonio Panzeri, suspect clé, s’engage à collaborer avec la justice et signe un accord de repenti
L’ex-eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri, suspect clé dans le scandale de corruption Qatargate, a signé mardi un accord avec le parquet fédéral belge prévoyant qu’il collaborera désormais avec les enquêteurs en échange d’une peine de prison réduite, a annoncé le parquet.
En vertu « du mémorandum signé ce jour, la peine encourue par Pier Panzeri sera effective mais limitée », a précisé le parquet fédéral. « Elle comprendra de la prison ferme, une amende et la confiscation de tous les avantages patrimoniaux acquis, évalués pour l’instant à un million d’euros« . Selon les déclarations de l’avocat de Panzeri, Me Laurent Kennes, à divers médias, cette peine de prison effective ne dépassera pas un an. « Une peine de cinq ans sera prononcée, mais avec du sursis pour la partie excédant un an. Il va subir un an en détention, dont une partie sous bracelet électronique », a affirmé l’avocat à l’AFP.
Ce mémorandum est consacré par « les articles 216/1 à 216/8 du Code d’instruction criminelle qui visent les suspects repentis d’un dossier », a détaillé le parquet fédéral. « Il s’agit, de la part du repenti, d’un engagement à faire des déclarations substantielles, révélatrices, sincères et complètes concernant la participation de tiers et, le cas échéant, sa propre participation, au sujet d’infractions visées par ledit dossier », a-t-il poursuivi.
« À travers ce mémorandum, il s’engage à informer les enquêteurs et la justice notamment sur le modus operandi, les arrangements financiers avec des États tiers, les constructions financières mises en place, les bénéficiaires des structures mises en place et avantages proposés, l’implication des personnes connues ou non encore connues dans le dossier, en ce compris l’identité des personnes qu’il admet avoir corrompues ».
Selon L’Echo, Panzeri a déjà révélé aux enquêteurs avoir remis une somme de plus de 120.000 euros en liquide à un autre eurodéputé socialiste, le Belge Marc Tarabella, pour son aide en faveur du Qatar. Lundi, la présidente du Parlement européen annonçait que la justice demandait la levée d’immunité de Marc Tarabella et d’un autre député, l’Italien Andrea Cozzolino.
Marc Tarabella a jusqu’à présent toujours déclaré qu’il n’a jamais reçu de cadeau de la part du Qatar en échange de positions favorables à l’émirat. Le député socialiste, dont le domicile a été perquisitionné en décembre dans le cadre de cette enquête, a été exclu de son parti, le PS, le temps de l’enquête. Il s’est dit prêt à collaborer avec la justice.
Pier Antonio Panzeri est sous mandat d’arrêt depuis son arrestation, le 9 décembre. Il est inculpé de faits de participation à une organisation criminelle en qualité de dirigeant, de blanchiment d’argent et de corruption publique active et passive. Selon l’enquête dirigée par le parquet fédéral, le Qatar et le Maroc auraient tenté d’influencer les décisions et les résolutions du Parlement européen par l’intermédiaire de l’ancien eurodéputé Pier Antonio Panzeri et de son association à but non lucratif Fight Impunity.
Plusieurs autres personnes sont aussi soupçonnées dans cette enquête: Francesco Giorgi, collaborateur de Panzeri, Eva Kaili, désormais ex-vice présidente du Parlement européen et compagne de Giorgi, Nicolo Figa-Talamanca, un lobbyiste bruxellois, mais aussi le père d’Eva Kaili et le syndicaliste Luca Visentini. Ces deux derniers ont cependant été libérés tandis que les autres sont toujours sous mandat d’arrêt.