Qatargate: les avocats d’Eva Kaili et de Marc Tarabella ont plaidé la remise en liberté
Les conseils d’Eva Kaili et ceux de Marc Tarabella ont plaidé, jeudi, devant la chambre du conseil de Bruxelles, la remise en liberté de leurs clients. Les conseils de Pier Antonio Panzeri s’en sont, quant à eux, remis à la sagesse de la chambre. Eva Kaili, ancienne vice-présidente du Parlement européen, Marc Tarabella, député européen, et Pier Antonio Panzeri, ex-député européen, sont inculpés dans l’enquête sur des faits de corruption présumés au sein du Parlement européen.
Les deux avocats d’Eva Kaili ont demandé sa remise en liberté, éventuellement moyennant certaines conditions, voire la possibilité pour elle d’exécuter sa détention provisoire sous la modalité du bracelet électronique. « Notre cliente est dans une situation très difficile. Elle est séparée de son enfant depuis plus de deux mois« , a expliqué Me Sven Mary.
« Elle n’est pas seulement la vice-présidente du Parlement européen, elle est aussi une femme et il ne peut être fait d’elle une sorte de symbole ». Quant à Marc Tarabella, il était présent à l’audience de la chambre du conseil, avec son avocat. Ce dernier a plaidé la remise en liberté de son client, sans conditions, et a répété qu’il était innocent. « Il n’y a actuellement rien dans le dossier qui justifie que M. Tarabella soit sous mandat d’arrêt », a déclaré Me Maxim Töller.
L’audience de la chambre du conseil a été retardée, en raison du dépôt d’une requête en récusation du juge d’instruction en charge de l’enquête, Michel Claise, par la défense de Marc Tarabella. Selon Me Töller, la présomption d’innocence de son client a été bafouée à plusieurs reprises.
Un élément de la motivation du mandat d’arrêt pose problème, a-t-il dit, car le juge Claise « semble nettement tenir pour acquis les faits contestés [par Marc Tarabellla] et sur lesquels porte l’enquête qu’il dirige ». Or, a-t-il rappelé, le juge d’instruction doit « garder une absolue impartialité ».
Dans ce dossier, cinq personnes sont actuellement inculpées: Pier Antonio Panzeri, ex-député européen et fondateur de l’ONG Fight Impunity, Eva Kaili, l’ancienne vice-présidente du Parlement européen, Francesco Giorgi, le compagnon de celle-ci et ancien assistant parlementaire de Panzeri, le lobbyiste Niccolo Figa-Talamanca, et le député européen Marc Tarabella.
Tous ont été placés sous mandat d’arrêt. Seul Figa-Talamanca a fait l’objet d’une remise en liberté début février. Par ailleurs, Panzeri a obtenu le statut de repenti mi-janvier, et s’est engagé ainsi à collaborer activement à l’enquête. L’investigation est menée par le parquet fédéral et confiée au juge d’instruction Michel Claise. Elle vise des tentatives du Qatar d’influencer les prises de décisions économiques et politiques du Parlement européen.
Cet État du Moyen-Orient aurait versé d’importantes sommes d’argent ou offert des cadeaux substantiels à des personnes occupant une position politique ou stratégique au sein de l’hémicycle européen. Le Maroc est également apparu dans l’enquête, avec une possible tentative de corruption menée par son agence de renseignements, la DGED, et par son ambassadeur en Pologne, Abderrahim Atmoun.