Vers une politique d’asile «la plus stricte» jamais adoptée: ce que prévoit l’accord de gouvernement aux Pays-Bas
Un accord a été trouvé pour un gouvernement de coalition de droite aux Pays-Bas près de six mois après la victoire électorale de Geert Wilders. Le pays se dirige vers la politique d’asile la plus stricte jamais adoptée.
Près d’une demi-année après le scrutin législatif aux Pays-Bas, un accord pour la formation d’un gouvernement de droite a été avalisé par le Parti pour la liberté (PVV) – dirigé par l’extrémiste de droite Geert Wilders-, le parti pro-agriculteurs BBB, le parti libéral VVD et le nouveau parti anti-corruption NSC. Les quatre formations politiques et les informateurs sont parvenus à une entente, selon une dernière consultation.
« Quiconque lit ce document peut voir que beaucoup de choses vont changer aux Pays-Bas » a déclaré M. Wilders à la presse lors de la présentation officielle du texte. Il a qualifié « d’historique » le fait que sa formation, le PVV, soit désormais « au centre du pouvoir », et a assuré que « le soleil va briller à nouveau sur les Pays-Bas ».
Qui sera Premier?
Les groupes de parlementaires des quatre partis avaient déjà donné leur approbation unanime au projet d’accord. Mais les formations VVD, NSC et BBB souhaitaient encore discuter de quelques détails dans le texte, ce qui est désormais chose faite. L’accord va être adressé à la Chambre basse du parlement, de même que le rapport final des informateurs Elbert Dijkgraaf et Richard van Zwol. Jeudi matin, les chefs de parti expliqueront leurs projets plus en détail. La Chambre basse débattra ensuite de l’accord la semaine suivante, le mercredi 22 mai.
Selon le rapport des informateurs, les chefs de partis souhaitent par ailleurs que Richard van Zwol soit nommé formateur, mandat qui généralement mène au poste de Premier ministre. Cependant, l’intéressé a déjà fait savoir qu’il n’était pas disponible pour cette fonction, et qu’il la refuserait « catégoriquement ».
On ignore donc encore l’identité du prochain Premier ministre qui dirigera le gouvernement de coalition et remplacera Mark Rutte, candidat au poste de secrétaire général de l’Otan. Le nom de l’ancien ministre de l’Education et de l’Intérieur, Ronald Plasterk, qui a également joué un rôle clé dans la supervision des premières négociations, est celui qui circule le plus.
En mars, les quatre partis avaient convenu d’opter pour un gouvernement partiellement technocratique composé à 50% de politiciens et à 50% de personnes extérieures à la politique. La dernière fois que les Pays-Bas ont eu un gouvernement aussi « expert » remonte à 1918.
Politique d’asile stricte
La coalition de gouvernement de droite nouvellement formée aux Pays-Bas a proposé une politique d’asile « la plus stricte » jamais adoptée, avec possibilité de sortir des règles européennes. L’accord de coalition de 26 pages a été validé tôt dans la matinée après six mois de difficiles tractations entre quatre partis, à la suite de la victoire électorale du leader d’extrême droite Geert Wilders. « Des dispositions concrètes seront prises pour aller vers des règles les plus strictes jamais adoptées en matière d’asile, et un paquet de mesures le plus large jamais pris pour contrôler les migrations« , stipule le texte.
Les personnes sans permis de résidence valide seront expulsées « par la force si nécessaire », ajoute l’accord, intitulé « espoir, courage et fierté ».
Geert Wilders a déclaré jeudi à l’AFP qu’il pourrait falloir « des années » pour obtenir une éventuelle dérogation de l’UE en matière d’asile, mais il a affirmé que la nouvelle coalition voulait sur ce sujet appliquer la politique la plus stricte que les Pays-Bas aient jamais connue. « Nous essaierons d’obtenir ce que l’on appelle une opt-out (dérogation) pour l’asile, comme l’ont fait les Danois. Cela pourrait prendre des années, si nous y parvenons », a-t-il déclaré.
Ambassade israélienne
En matière de politique étrangère, les signataires s’engagent à ce que les Pays-Bas soient un « partenaire constructif » au sein de l’Union européenne, et soutiennent l’Ukraine « politiquement, militairement, financièrement et moralement ».
Le texte appelle également à examiner l’idée de transférer l’ambassade néerlandaise de Tel-Aviv à Jérusalem, comme le souhaitent les autorités israéliennes qui en ont fait leur capitale, un sujet rendu encore plus sensible par le conflit en cours dans la bande de Gaza. La plupart des gouvernements évitent d’évoquer un tel transfert avant un accord de paix définitif entre Israël et les Palestiniens qui revendiquent aussi la ville comme capitale, estimant que cela pourrait préjuger du résultat de ces négociations. « Prenant en considération les solutions au conflit israélo-palestinien et les intérêts diplomatiques, nous examinerons quand l’ambassade peut être déplacée à Jérusalem à un moment approprié« , est-il écrit.