« L’égo de Charles Michel est plus développé que son intelligence politique »
Charles Michel, adepte des dépenses « somptuaires » ? « Son égo est plus développé que son intelligence politique », tacle le politologue Steven Van Hecke (KU Leuven), spécialiste des affaires européennes.
Des dépenses largement supérieures à celles de ses prédécesseurs, une propension à voyager en avion privé, une préférence pour les « grosses voitures » : une récente enquête du journal Le Monde n’épargne pas le président du Conseil européen, Charles Michel, dont l’image avait déjà été fortement écorchée par un portrait peu flatteur de Politico. Sous le feu des critiques, le comportement de Charles Michel interpelle certains démocrates et députés européens, mais aussi des États membres tels que l’Allemagne et l’Italie.
Des accusations que réfute son porte-parole, dans cet article.
Pour le politologue Steven Van Herke (KU Leuven), spécialiste de l’Union européenne, il est intéressant que Le Monde pointe cet aspect chez Charles Michel. « C’est un signal qui ouvre la voie à la critique. »
« D’un côté, il est normal qu’il voyage car son devoir est de visiter les autres Etats membres de l’Union européenne. Il n’y a pas d’alternative dans l’optique de préparer les sommets. Mais est-ce nécessaire d’aller à Rome ou Madrid en jet privé alors qu’il existe de nombreuses lignes ordinaires ? Je ne suis également pas toujours convaincu de ses voyages en dehors de l’UE, car Josep Borrell et Ursula von der Leyen peuvent également endosser ce rôle de représentant. »
Pour Steven Van Herke, la bougeotte de Charles Michel peut s’expliquer par… son âge. « Il aura terminé son mandat à la présidence du Conseil européen et n’aura même pas 50 ans. Peut-être que, dans sa tête, il se voit déjà Secrétaire général des Nations Unies. Même si, en théorie, c’est exclu, puisqu’il serait étonnant qu’un nouvel européen succède au Portugais António Guterres. »
Il ne serait pas surprenant d’apprendre que Charles Michel a encore beaucoup d’ambitions internationales.
Steven Van Hecke (KU Leuven)
« Tel que nous le connaissons en Belgique, il ne serait pas surprenant d’apprendre qu’il a encore beaucoup d’ambitions internationales », poursuit le politologue de la KU Leuven. « Il serait par contre appréciable de voir un peu plus de modestie belge », lance-t-il, faisant référence à une présence très prononcée des hommes politiques du plat pays sur la scène européenne -Herman Van Rompuy était président du Conseil européen de 2010 à 2014- par rapport à d’autres pays membres.
Steven Van Herke n’est pas tendre envers l’ex-Premier ministre MR. « Son caractère est encore plus explicite que son père Louis Michel. Je n’étais déjà pas enthousiaste lorsqu’il est devenu président du Conseil européen (en 2019) car son palmarès en tant que Premier ministre n’était pas impressionnant », critique-t-il.
Pour Steven Van Herke, Charles Michel a réussi à gravir les échelons « grâce à un don de conviction », surtout utilisé « envers Macron et Merkel », précisant que sa prochaine cible « pourrait aussi être le poste de Josep Borrell. »
L’égo de Charles Michel est plus développé que son intelligence politique.
Steven Van Hecke (KU Leuven)
Pour le politologue, le sofagate est l’exemple parfait qui décrit Charles Michel. « Quand on est un politicien professionnel, on doit pouvoir prendre des décisions en une fraction de seconde. Le sofagate a démontré l’inverse. Ce jour-là, la réunion avec Erdogan a duré deux ou trois heures. Si on est vraiment intelligent politiquement, on doit comprendre immédiatement que la situation est problématique. Ne ne pas savoir comment gérer une telle situation est un manque de professionnalisme. L’égo de Charles Michel est plus développé que son intelligence politique. »
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici