La perte de Guy Verhofstadt va s’ajouter au recul annoncé des libéraux. © BELGA IMAGE

Zoom sur les enjeux des élections européennes en Belgique: un député en plus et du renouvellement

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Le 22e élu pourrait revenir au Vlaams Belang. Et la bataille sera rude côté francophone entre Ecolo et le PTB, notamment.

Le nouveau Parlement européen dont accoucheront les élections, pas que fédérales et régionales, du 9 juin sera privé lors de l’ouverture de sa session constitutive le 16 juillet d’une solide expertise belge. Deux députés qui y ont joué un rôle important n’en parcourront plus les travées. Finies les envolées europhiles, parfois lyriques, de l’ancien Premier ministre Guy Verhofstadt qui fut pendant dix ans, de 2009 à 2019, le chef du groupe Alliance des démocrates et libéraux pour l’Europe (ADLE, devenu ensuite Renew Europe). Finies aussi les interventions pondérées et précises de l’écologiste Philippe Lamberts, coprésident du groupe des Verts/Alliance libre européenne depuis 2014…

Seuls Ecolo et le PTB affichent des députés sortants comme têtes de liste, côté francophone.

Le défi s’annonce donc ardu pour les prétendants à la succession. Plus encore du côté francophone où, Qatargate et usure aidant, le renouvellement sera plus grand que dans le camp néerlandophone. Au nord du pays, le premier ou le deuxième candidat est un député sortant chez Groen (Sara Matthieu), Vooruit (Kathleen Van Brempt, deuxième derrière Bruno Tobback), à la N-VA (Johan Van Overtveldt et Assita Kanko), à l’Open VLD (Hilde Vautmans) et au Vlaams Belang (Tom Vandendriessche, décrit par l’hebdomadaire Knack comme «l’une des voix les plus extrêmes du parti»). Il n’y a guère que le CD&V qui «a renversé la table» en propulsant son ancien président et ministre régional flamand Wouter Beke pour conduire sa liste et en faisant monter sur le podium la collaboratrice ministérielle Liesbet Sommen et l’ex-journaliste Peter Verlinden.

En francophonie, seuls Ecolo et le PTB affichent des députés sortants comme têtes de liste, respectivement Saskia Bricmont et Marc Botenga, Olivier Chastel, deuxième sur la liste MR, complétant le tableau des «anciens» en position éligible. Pour les autres, ce sera le saut dans le grand bain européen. Avec plus ou moins d’expérience des matières européennes et internationales. On peut classer dans la première catégorie Elio Di Rupo, tête de liste PS, et Sophie Wilmès, son alter ego au MR (en vertu de leur ancienne fonction de Premier ministre) et surtout Olivier De Schutter, deuxième chez Ecolo (comme rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation de 2008 à 2014). Les Engagés, avec Yvan Verougstraete et Alda Greoli, et DéFI, dont la liste sera emmenée par Fabrice Van Dorpe et Lailuma Sadid, une journaliste afghane en exil, tablent davantage, eux, sur des profils nouveaux.

Les «espoirs de médaille» sont de toute façon restreints. Huit sièges d’eurodéputés sont dévolus au collège électoral francophone. Lors des élections européennes de 2019, le PS, le MR et Ecolo en avaient récolté chacun deux, Les Engagés et le PTB, chacun un. Comme le vote aux européennes sera influencé en Belgique par le climat des élections fédérales et régionales, les fluctuations pourraient, le cas échéant, pénaliser Ecolo au profit du PTB, ce que suggère un sondage Euronews publié le 2 juin. Mais la solidité du ticket Saskia Bricmont-Olivier De Schutter pourrait aussi favoriser un statu quo.

A ces huit élus francophones, s’ajouteront un eurodéputé issu du collège électoral germanophone –le sortant Pascal Arimont, du Christlich Soziale Partei, lié aux Engagés, est candidat à sa réélection– et… treize, et non plus douze, parlementaires dans le collège néerlandophone. La Belgique disposera désormais de 22 eurodéputés, contre 21 lors de la législature 2019-2024, en vertu des ajustements liés à l’évolution de la démographie qui ont fait passer le nombre d’élus de 705 à 720.

Dans l’assemblée sortante, la N-VA et le Vlaams Belang disposaient de trois élus, le CD&V et l’Open VLD de deux, Vooruit et Groen de un. Si les tendances fédérales se reportent à l’échelon européen, le score de la Flandre risque bien d’alimenter lui aussi la montée de l’extrême droite. A moins d’une spécificité liée au scrutin européen. Elle existe en tout cas du côté des listes. Celle de Volt Europa est emmenée en Flandre et à Bruxelles (sans être présente en Wallonie), par la réputée eurodéputée néerlandaise Sophia in’t Veld. Mais une élection se joue-t-elle encore sur le terrain, en Belgique?

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