Elections européennes: tous contre la rigueur budgétaire, sauf le MR et DéFI
Le PS, le PTB et Ecolo se sont opposés à l’adoption du Pacte de stabilité et de croissance, doté de nouvelles règles censées être plus souples. Les Engagés se sont abstenus.
Dans le cadre de la campagne des élections européennes, Le Vif propose une série d’articles sur leurs enjeux. Le sixième et dernier épisode est consacré à la question budgétaire. Aux partis belges francophones, a été posée cette question: «Pourquoi votre parti a-t-il voté pour/contre/l’abstention lors du vote des nouvelles règles du Pacte de stabilité et de croissance, en avril, au Parlement européen?»
Hormis chez Les Engagés, le positionnement est tranché. Le MR et DéFI sont favorables à un cadre budgétaire strict; le PS, le PTB et Ecolo y sont opposés. «Les budgets publics doivent être gérés avec sérieux. Mais il faut laisser aux Etats les capacités d’investir dans le futur, estime ainsi Elio Di Rupo, tête de liste PS. Empêcher un Etat d’investir, par des règles budgétaires trop strictes, est dramatique pour les citoyens européens, les entreprises européennes, et pour la planète.» «Investir aujourd’hui dans la transition climatique coûte cinq fois moins que l’inaction, complète Saskia Bricmont, tête de liste Ecolo aux européennes. Investir dans la protection sociale aura également un effet retour sur l’ensemble des indicateurs économiques, y compris les finances publiques. Investir signifie aussi créer des emplois qualitatifs et pérennes.»
«L’application de ces règles serait un désastre, jusqu’à 30 milliards d’euros de coupes budgétaires uniquement pour la Belgique», enchérit le PTB. C’est l’occasion pour la gauche radicale de dénoncer l’incohérence présumée de la gauche de gouvernement. «En public, les partis socialistes et verts belges, quatre des sept composantes de la coalition Vivaldi, prétendent s’opposer à ce carcan budgétaire. Pourtant, c’est le gouvernement belge, en tant que titulaire de la présidence de l’Union européenne, qui a négocié le paquet et qui l’a fait atterrir», appuie la tête de liste Marc Botenga.
L’absence «d’ »immunisation » des dépenses structurelles, réalisées en matière de transition climatique, énergétique ou numérique» explique que Les Engagés se sont abstenus lors du vote des nouvelles règles du Pacte de stabilité et de croissance au Parlement, en avril. Leur tête de liste, Yvan Verougstraete, estime pourtant que c’est une bonne chose que «le pacte confirme des balises (endettement de 60% du PIB et 3% du déficit) mais introduit certaines flexibilités (notamment dans les délais pour atteindre les objectifs de stabilité)».
La «souplesse» de la nouvelle mouture du Pacte de stabilité et de croissance est un des motifs de satisfaction du MR qui, lui, a voté en faveur des nouvelles règles. «La révision des règles budgétaires trace une trajectoire de retour vers des niveaux de déficits et d’endettement raisonnables, analyse Sophie Wilmès, la tête de liste. Ce n’est pas du tout un retour aux anciennes règles, qui étaient d’ailleurs souvent inappliquées, puisqu’on y retrouve justement beaucoup plus de flexibilité que dans l’ancien pacte.» Le MR y voit «un juste équilibre entre un meilleur contrôle indispensable de nos finances publiques et la capacité d’investir dans notre avenir». «L’abandon des règles arbitraires des 3% de Maastricht ou du 0,5% du pacte fiscal», «l’extraction des investissements soutenus par l’Union européenne» des nouvelles règles et «l’approche différenciée selon les Etats membres» sont autant d’éléments avancés par la tête de liste Fabrice Van Dorpe pour valider le feu vert de DéFI au nouveau Pacte de stabilité, dont il aurait voter l’adoption s’il avait eu des élus dans le Parlement européen sortant.
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