Compétitivité, sécurité et exclusion « des amis de Poutine : Ursula von der Leyen fixe ses priorités pour un éventuel second mandat à la tête de la Commission européenne
La présidente de la Commission européenne avait annoncé ce lundi qu’elle briguerait un second mandat à la tête de l’une des trois institutions européennes.
La présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen a levé le voile, mercredi, sur les priorités du second mandat qu’elle brigue à la tête de l’exécutif européen. La compétitivité et la sécurité figurent en priorité de son programme, mais pas question pour elle de s’appuyer sur des élus qui seraient « les amis de Poutine », a-t-elle souligné lors d’une conférence de presse.
« Nous devons adapter notre compétitivité aux nouvelles réalités, dynamiser la prospérité, atteindre les objectifs climatiques – et le faire avec la population et les entreprises, qui s’interrogent sur la manière d’y parvenir », a exposé l’Allemande, en marge d’une réunion à Bruxelles de son groupe politique, le Parti populaire européen (PPE, conservateurs pro-européens). Elle a souligné l’importance de lier cet enjeu à la numérisation et à l’intelligence artificielle, dans le respect des « principes d’une économie sociale de marché ». « Le second grand thème est la sécurité », a enchaîné l’Allemande, qui avait suggéré il y a quelques jours la création d’un poste de commissaire européen à la Défense et à la Sécurité, alors que les Occidentaux peinent à approvisionner l’Ukraine en armes face à l’agression russe. « Il ou elle serait responsable de la base industrielle de Défense au sein du marché intérieur, en lien avec la recherche et le développement ».
Mais la sécurité vue par Ursula von der Leyen concerne aussi « la préparation de l’Union européenne à divers chocs venant de l’extérieur » et la protection contre les catastrophes naturelles. Elle étend le champ à la lutte contre la criminalité, contre la pauvreté et les maladies, ainsi qu’à la protection des personnes âgées. Élue de justesse en 2019 après avoir émergé par surprise de la négociation post-électorale entre chefs d’État et de gouvernement de l’UE, l’ancienne ministre allemande a pu s’imposer en menant un programme axé sur la transition climatique (Pacte vert européen) et numérique, ainsi qu’en incarnant la réponse communautaire aux crises (Brexit, covid, énergie, invasion russe de l’Ukraine).
Je veux travailler avec des pro-Européens, pro-OTAN, pro-Ukraine, de clairs supporters de nos valeurs démocratiques.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne
Reposant sur une majorité à Strasbourg composée de son groupe (PPE), des socialistes et sociaux-démocrates (S&D) ainsi que des libéraux (Renew), elle doit être intronisée candidate principale (« Spitzenkandidat ») de son parti lors d’un congrès à Bucarest (Roumanie) les 6 et 7 mars prochains. La position de force du PPE dans les sondages font d’elle la candidate la plus probable à sa succession.
« Nous disposons de 12 chefs d’État et de gouvernement au Conseil européen, nous tablons sur 14 en juin », a calculé le chef du groupe PPE au Parlement européen, Manfred Weber. A 65 ans, l’Allemande rempilerait ainsi pour un deuxième mandat de cinq ans. Mais avec quelle coalition ? Alors que les groupes d’extrême droite ID et ECR pourraient connaître une forte progression à l’issue du 9 juin, la cheffe de l’exécutif européen a insisté mercredi sur le respect de l’État de droit et des valeurs fondamentales de l’UE. « Par-dessus tout, nous devons protéger ce qui rend l’Europe unique et forte. Et cela, c’est notre démocratie, ce sont nos valeurs », a-t-elle insisté. Interrogée sur la possibilité d’ouvrir sa majorité parlementaire au groupe ECR (conservateurs eurosceptiques, droite à extrême droite), la chrétienne-démocrate a plutôt évoqué la possibilité de voir des députés de ce groupe s’en détacher pour rejoindre le PPE – comme ce pourrait être le cas de la N-VA, NDLR.
« Je veux travailler avec des pro-Européens, pro-OTAN, pro-Ukraine, de clairs supporters de nos valeurs démocratiques. C’est donc une question de contenu. Ceux qui défendent la démocratie contre les eurosceptiques, ceux qui défendent nos valeurs contre les amis de Poutine, ce sont ceux-là avec lesquels je sais que je peux travailler », a affirmé Mme Von der Leyen.