Une semaine ordinaire aux États-Unis : 1000 fusillades, 430 morts par balles, 1007 blessés
La chaîne de télévision américaine ABC a répertorié une semaine de violence par armes à feu aux États-Unis. Au total, elle a relevé plus de 1400 morts et blessés. « Et la semaine prochaine, ce sera la même chose », selon le réalisateur de l’émission, Pierre Thomas.
1 000 fusillades, 430 décès et 1 007 blessés. Quand on comptabilise toutes les violences par armes lors d’une semaine « ordinaire » aux États-Unis (qui a débuté le 17 juillet), on s’aperçoit à quel point celle-ci est devenue hors de contrôle. « Et encore, ces chiffres sont encore probablement en dessous de la réalité », précise Pierre Thomas dans l’émission This Week de dimanche. « Les cas de suicide par armes n’ont ainsi pas été comptabilisés et des fusillades ont pu nous échapper ». Il soupçonne que plusieurs centaines de victimes n’ont ainsi pas été comptabilisées.
Balle perdue
La semaine a été marquée par deux évènements qui ont atteint la presse internationale. Un match de baseball à Washington DC a dû être interrompu après qu’une femme abattue dans une rue adjacente se soit précipitée dans le stade. Paniqués, les supporters se sont enfouis dans toutes les directions pour se mettre en sécurité. Des balles ont également plombé la fête des Milwaukee Bucks, champions de la NBA. Comme à Washington, les supporters ont paniqué.
Pourtant, s’ils ont fait beaucoup parler d’eux, ce ne sont pas les incidents les plus graves, tant s’en faut. Il y a eu 18 fusillades de masse dans la semaine, c’est-à-dire des fusillades avec au moins quatre personnes tuées et/ou blessées. Ces fusillades sont en nette augmentation puisqu’en 2019, il y en a eu 400 fusillades et cette année, si la tendance se poursuit, on devrait atteindre les 600-700. Au total, 39 mineurs sont morts, dont 6 avaient moins de 12 ans. L’un de ces mineurs décédés est un adolescent de 15 ans de San Antonio. Il jouait à des jeux informatiques dans sa chambre lorsqu’une balle perdue l’a touché à la tête.
Pierre Thomas, spécialiste justice pour le service d’information d’ABC, a interrogé le commissaire de police de New York sur l’augmentation de la violence. À New York, on a dénombré 73 % d’incidents supplémentaires en mai par rapport au même mois de l’année précédente. 97 % des victimes étaient de couleur. Thomas avait précédemment noté que les fusillades touchent principalement les citadins à faibles revenus. Ce n’est pas seulement New York qui a connu une augmentation. Presque toutes les grandes villes sont confrontées à une augmentation rapide de la violence. L’année dernière, 43 000 personnes ont été tuées par des armes à feu aux États-Unis. Ce chiffre est le plus élevé depuis au moins vingt ans, selon ABC. Cette année, il s’élève déjà à 24 000, ce qui fait craindre que 2021 soit encore plus meurtrière que 2020.
Quelle est la cause de cette augmentation ?
Pour le commissaire de New York, Dermot Shea, ce n’est pas les lois sur les armes à feu – puisque cette violence par arme à feu touche également les États qui ont des lois très strictes. Ce n’est pas non plus la pandémie qui a fait exploser les ventes d’armes à feu. Pour lui, cette hausse serait due aux gangs qui se radicalisent et à la réduction des services de police. Celle-ci est partiellement due aux critiques de plus en plus fréquentes sur l’usage de la force par la police, notamment après la mort de George Floyd. Dans de nombreuses régions du pays, les forces de police sont en sous-effectif, car les agents démissionnent. À Portland, par exemple, le FBI a dû intervenir parce qu’il y a eu des démissions collectives. Ce manque de forces vives rend une police de proximité beaucoup plus difficile. Une autre cause pourrait être l’arriéré dans les tribunaux, dû en partie à la pandémie qui a maintenu les salles d’audience fermées. Rien qu’à New York, 5 000 affaires de violence par armes sont en attente. Cela signifie que les suspects restent dans la rue et sont potentiellement dangereux.
Tué pour une place de parking
L’émission d’ABC évoque aussi des victimes de gang qui n’osent pas parler par peur des représailles. Les victimes sont terrifiées à l’idée de parler à une force de police à laquelle ils font autant confiance qu’aux tireurs. En dehors de la violence liée aux gangs, c’est en réalité toute la société dans son ensemble qui semble sur les nerfs. Thomas a suivi une patrouille de nuit à Philadelphie. On les appelle pour un décès. Une fois sur place, la police se rend compte que la personne avait été abattue pour une question de parking… Que faire contre ça ? « Il est urgent que l’on se demande si l’on trouve normal d’avoir 1400 victimes en une semaine. Et que la semaine prochaine, ce sera la même chose. Et la semaine d’après aussi, tout comme celle d’encore après », conclut Thomas.
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