Mélanie Geelkens
Une sacrée paire néo-zélandaise: « Elle n’a rien inventé, Jacinta Ardern. Mais ce que tout le monde a fait, elle, elle l’a bien fait » (chronique)
Et donc, pendant que Donald Trump sniffait du gel hydroalcoolique, qu’Emmanuel Macron jouait au chef de guerre, que Boris Johnson se rétablissait d’un virus dont il avait minimisé l’existence, Jacinda Ardern gérait une pandémie.
Comme les autres dirigeants : confinement des libertés, de l’économie, de la vie sociale, des frontières. Elle n’a rien inventé, la Première ministre néo-zélandaise. Mais ce que tout le monde a fait, elle, elle l’a bien fait. Et donc, de tous les chefs d’Etats de la planète, elle est la seule à s’en sortir avec les honneurs (désolée, Sophie).
C’est peut-être parce qu’elle faisait des Facebook live avec ses concitoyens confinés, dans son salon, en sweat, en s’excusant « pour la tenue décontractée, car c’est parfois compliqué de mettre des bébés au lit ». C’est peut-être parce qu’elle n’oubliait pas de sourire et faisait même des blagues, lançant par exemple en conférence de presse : « Vous serez heureux de savoir que la petite souris et le lapin de Pâques sont reconnus comme des travailleurs essentiels. « C’est peut-être parce qu’elle expliquait ses décisions drastiques, répondait aux questions des internautes, posait les siennes à des expert.e.s dans des sessions publiées sur les réseaux sociaux.
C’est peut-être parce qu’elle n’a pas pris les gens pour des enfants/des idiots/des fraudeurs/ des inconscients. Son « équipe de cinq millions », elle les appelait. C’est peut-être parce qu’il n’y avait pas ce « eux et nous », cette cassure entre les édiles et le peuple. C’est peut-être parce que Jacinda Ardern entend faire de la politique autrement et ne se contente pas de juste l’affirmer. C’est peut-être parce qu’elle est jeune ; 39 ans, nommée à la tête de son pays à 37, du jamais-vu.
C’est peut-être parce qu’elle est femme. Ou, en tout cas, qu’elle ne copie pas les codes des élus masculins. C’est peut-être parce qu’elle est mère, la deuxième dirigeante au monde à avoir accouché lors d’un mandat de Première ministre, après la Pakistanaise Benazir Bhutto en 1990. C’est peut-être parce qu’elle ne le nie pas ou qu’elle en joue. Le bébé de trois mois qui l’accompagne aux Nations unies (« une nécessité. Je l’allaite, donc je dois la garder en vie »), les blagues sur les couches, les déclarations sur la comptabilité entre vie de famille et boulot prenant (« je ne serai pas la première maman à combiner ») …
C’est peut-être parce qu’elle est bienveillante. « Si je devais résumer en un concept ce que nous poursuivons en Nouvelle-Zélande, ce serait simple et ce serait ceci : la gentillesse », scandait-elle devant les Nations unies en 2018. C’est peut-être parce qu’elle avait l’air sincère, lorsqu’elle enlaçait les familles des victimes de l’attentat terroriste de Christchurch en mars 2019. « Nous sommes uns, ils sont nous ». Cinquante-et-un morts. Plus que durant l’épidémie de coronavirus qui, depuis mars, n’a tué « que » 22 fois. Un chiffre stable depuis le… 27 mai.
C’est pour ça que Jacinda Ardern avait été la première dirigeante au monde à affirmer que l’épidémie était terminée, bien que le virus circule toujours. C’est aussi parce que le pays est une île, aux frontières facilement contrôlables et la densité de population faible. Mais c’est grâce à tout ça que la Première ministre, lors des élections qui se dérouleront le 17 octobre prochain, sera plus que probablement réélue.
Protectrices de la société
Pourquoi la contestation au Bélarus s’appuie-t-elle sur les femmes ? s’interrogeait le quotidien suisse Le Temps, le 1er septembre. Réponse d’Anna Colin Lebedev (université Paris Nanterre) : « Après la Seconde Guerre mondiale, en URSS, la femme était légitimée à s’exprimer dans la sphère publique à condition de parler en qualité d’épouse et de mère. Cette marge de manoeuvre permet aujourd’hui aux femmes biélorusses de s’exprimer. Et la forme en atteste : elles apparaissent en protectrices de la société, portent des robes blanches et tiennent des fleurs! Mais si elles changent de tactique, elles se feront tabasser comme les hommes. »
Annemie Schaus, nouvelle rectrice de l’ULB
Ancienne doyenne de la Faculté de Droit et vice-rectrice, Annemie Schaus succèdera à Yvon Englert au rectorat de l’Université libre de Bruxelles. Face à elle, on retrouvait trois hommes: François Heinderyckx, Bruno Van Pottelsberghe et Pascal Delwit. Annemie Schaus a emporté l’élection au premier tour avec 42% des voix, soit une dizaine de points de plus que Pascal Delwit.
Annemie Schaus est professeure de droit. Elle a déjà exercé des responsabilités académiques : doyenne de sa faculté de 2007 à 2011 et vice- rectrice de 2011 à 2016. Elle est avocate au barreau de Bruxelles, spécialisée notamment dans les droits fondamentaux et les libertés publiques.
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