Mélanie Geelkens

« Une sacrée paire de rouleaux »

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Pour moi, la charge mentale, c’est quand je vois la montagne de rouleaux de papier toilette vides. Ils vont se déplacer avec leurs petites pattes ? Pourquoi suis-je la seule à y penser ?  » Des montagnes, carrément ! Monsieur a, apparemment, le transit performant. Ou la phobie du freinage. Essuyer, essuyer, jusqu’à ce que le blanc reste immaculé. Toujours est-il que c’est Madame qui s’y colle.

Et qui le raconte sur  » T’as pensé à « , un compte Instagram aux 104 000 abonnés, qui compile les complaintes de chaussettes sales unilatéralement ramassées, de factures unilatéralement gérées, d’anniversaires des gamins unilatéralement organisés, de vacances unilatéralement préparées. Puis de l’homme qui crise parce que sa brosse à dents a été oubliée, alors que sa valise, il ne l’a pas bouclée lui-même.

Ainsi, donc, certains ont cette incroyable capacité à vivre les yeux fermés. A ne pas remarquer, bien qu’en les côtoyant de très près, ce sol dégueulasse, ce lave-vaisselle débordant, ce rouleau de PQ mis à nu. Un don commode, que la sociologue française Monique Haicault identifia pour la première fois en 1984, puis qui fut popularisé par une casserole qui débordait. C’était en 2017, dans la cuisine d’un couple d’amis chez qui la dessinatrice et blogueuse Emma avait été conviée à souper. L’hôtesse touillait la tambouille en tentant de nourrir des enfants récalcitrants. L’hôte trinquait avec l’invitée dans le canapé. Pendant que les (sales) gosses gardaient la bouche fermée, la marmite bouillait et son contenu avait dégouliné sur le plancher. L’homme (outré) :  » Qu’est-ce que t’as fait ? « . La femme (verte) :  » Justement, j’ai tout fait « . Lui (radouci) :  » Fallait demander, je t’aurais aidée ! « . Emma n’avait certainement pas bien mangé, mais elle était repartie avec l’idée de réaliser une BD. Dans une viralité dont l’ère du Web a le secret, ses dessins avaient alors popularisé ce concept qui, finalement, pourrait ainsi être résumé : les femmes ont raté leur émancipation ménagère.

Les femmes sont éduquées selon l’idée qu’il faut jouer aux boniches pour être aimées.

Gagner leur vie, ça oui. Souvent moins bien, souvent moins haut, mais bon. Le droit à travailler ne s’est toutefois pas accompagné d’une égale gestion de la maison. Certaines doivent donc toujours jeter elles-mêmes des rouleaux qu’elles n’ont pourtant pas terminés, voire (plus pernicieux) demander/supplier/gueuler pour que ce rouleau soit enfin ramassé. Combien de rappels à l’ordre auront été nécessaires pour que se concrétise un coup de serpillière ? Chez ceux qui la passent, parce que certains chiffres sont toujours utiles à remémorer. Les hommes belges s’occupent de moins en moins des tâches ménagères, contrairement à ce que les jeunes couples pourraient laisser espérer. Selon les statistiques de la commission européenne, 48 % y consacraient au moins une heure par jour en 2005, contre 33 % en 2017. Pour 81 % des femmes…

C’est pour ça qu’elles se vengent, alors, toutes ces collègues. Impossible, pour une journaliste à la vessie limitée, d’aller la soulager sans constater de nombreux rouleaux abandonnés, alors que la poubelle se trouve si près. Preuve – hautement scientifique – que leur ramassage n’est pas une qualité féminine innée. Que là où elles seules vont uriner, ça les dérange moins, que d’autres doivent se préoccuper de leurs cartons cylindrés. Le voilà, le vrai problème de cette charge mentale : moins ce que les femmes font que ce qu’elles pensent devoir faire. Pour plaire. Eduquées selon l’idée qu’il faut jouer aux boniches pour être aimées. Perpétuant, à leur corps défendant, des générations de mâles fainéants. Avant d’espérer faire changer les assistés, faut peut-être soi-même cesser de jeter leurs rouleaux vidés. Tant pis pour les montagnes. Par contre, chères collègues, prière de désormais évacuer les vôtres. En vous remerciant.

1.0Vous voilà prévenu.e.s !
Une sacrée paire, tous les jeudis dans et sur @levif.be .

Merci @sarah_defo pour cette vidéo 🙏✌👌

Teasing : dans la chronique qui sera publiée dès demain, on parlera de… rouleaux de PQ !
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Girl Power

© Sasha Marro

Elle réalisait déjà les clips d’Angèle et publiait ses oeuvres à New York. La photographe belge Charlotte Abramow donne désormais des cours d’éducation sexuelle ! Les 75 000 exemplaires (gratuits) de son Petit Manuel, publié en parallèle de la série Netflix Sex Education, s’est épuisé en trois jours à peine. Consentement, règle, masturbation… Un guide informatif mais non culpabilisant, qui aborde des thèmes évoqués à l’écran. Une réédition, peut-être ? Mais plus seulement en France, aussi pour la Belgique !

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femmes, en moyenne, sont diplômées chaque année en informatique, en Fédération Wallonie-Bruxelles. Et dire, qu’à sa création, l’ordinateur était surtout une affaire féminine ! Interface 3 (centre de formation bruxellois pour femmes en recherche d’emploi) et Inco (asbl d’accompagnement des start-up), qui fêtent en ce mois de janvier leur quatrième année de collaboration, ont formé chaque année 75 femmes. 70 % d’entre elles ont trouvé un emploi. La proportion de femmes dans les métiers de l’IT atteint à peine 5 %.

C’est pas gagné

Costumes : trois nommées sur trois ! Les chiffons, un truc de meufs. La réalisation, le son, la musique originale, le scénario, apparemment, moins. Aucune femme n’a été sélectionnée dans ces catégories des Magritte du cinéma, dixièmes du nom, remis ce 1er février. Au total, sur 52 nominations (hors meilleur(e)s acteurs/actrices), 17 sont féminines. Un tiers. Bof bof. Il y a pourtant beaucoup d’étudiantes, dans les écoles belges. L’espoir, peut-être, d’une parité cinématographique en devenir : sur les cinq oeuvres retenues dans la catégorie  » meilleur premier film « , quatre sont signées par des réalisatrices.

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