Didier Gosuin
Une belle leçon de jeunisme venue d’outre-Atlantique (carte blanche)
L’année passée, aux éditions Luc Pire, je publiais un ouvrage sous-titré « Sortir de l’impasse néolibérale » et dans lequel je dénonçais les méfaits de cette théorie économique imposée à nous – mais adoptée par tous nos dirigeants politiques – il y a plus de 40 ans par l’école de Chicago et concrétisée par un Président américain, relativement âgé, Ronald Reagan.
Dans cet essai, j’exposais l’incapacité du néolibéralisme à affronter les défis de demain, à enrayer le chômage de masse qu’il a créé, à réduire les inégalités sociales et donc à reconstruire notre cohésion sociale et à responsabiliser les entreprises vers une nécessaire conscience environnementale. Par ses échecs patents, le néolibéralisme a contribué à miner notre modèle de démocratie sociale et libérale et à être l’antichambre de tous les opportunismes, populismes et autres autoritarismes de type national-capitaliste.
J’en appelais dans mon essai à un sursaut collectif, au réenchantement urgent de notre modèle de démocratie.
Un an après, la crise sanitaire a fait ce que nos dirigeants n’ont pu faire ces dernières décennies. Elle nous a contraint à réaffirmer le rôle de l’Etat tant décrié – notamment dans le domaine de la santé – à brider l’excès de mondialisation qui nous a laissé fort dépourvus en matière de stocks stratégiques.
Mais, fait étrange, c’est d’un pays où est né le néolibéralisme que nous viennent aujourd’hui les prémices d’un changement de stratégie politique et économique.
Fait plus étrange encore c’est d’un « papy » de 78 ans que se jettent les coups de pied dans la fourmilière néolibérale.
Voilà un Président qui ose remettre l’enjeu démocratique au coeur du débat loin des foucades populistes de son prédécesseur.
Un Président qui en 100 jours a adopté le plan de relance le plus ambitieux, qui a fait du renforcement de la classe moyenne sa priorité à la différence du néolibéralisme qui l’a affaibli, qui a renoué avec l’accord de Paris sur le climat en s’engageant vers des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui a relancé avec force, au nom de la justice fiscale, l’idée d’un impôt minimal international sur les multinationales, qui a plaidé pour une taxation des entreprises GAFA, qui a défendu un impôt de solidarité et de crise pour les 0,3% d’Américains les plus riches.
Bref un Président qui a remis notre modèle de démocratie, jugé jusqu’il y a peu moribond, au coeur de l’actualité en nous reparlant des fondements mêmes de cette démocratie(solidarité, émancipation, justice et responsabilité individuelle et collective).
Il nous a rappelé enfin que la sphère économique est au service de la société et non l’inverse.
En 100 jours, Monsieur Joe Biden nous a redonné confiance dans notre démocratie sociale et libérale.
Lui l’ainé de 78 ans, espérons qu’il fasse d’urgence des jeunes parmi nos dirigeants politiques européens!
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