Un land allemand va réintroduire les contrôles aux frontières
La Bavière va réintroduire des contrôles à sa frontière avec l’Autriche et appelle les autres lands allemands à faire de même. L’initiative fait grincer des dents puisqu’elle est contraire aux accords de Schengen. En cette période de crise des migrants, ce genre d’initiative fleurit à tout va. Le point sur la situation.
Près de 500 hommes supplémentaires vont être mobilisés aux frontières pour assurer davantage de contrôles. Dans un contexte de crise des migrants, Joachim Herrmann, le ministre président de la Bavière trouve que c’est une mesure appropriée. « L’Europe doit sortir de sa léthargie et enfin résoudre les vrais problèmes plutôt que de se mêler de nos taxes ». Le président est membre du CSU, un parti politique allemand de centre-droit conservateur.
Des contrôles « à l’ancienne » aux frontières avaient déjà été réintroduits lors du dernier G7 qui avait eu pour cadre les vertes montagnes de la Bavière. Le constat de cette mesure, qui se voulait alors temporaire, a été quelque peu édifiant. Dans près de 6000 cas, on a constaté une infraction aux droits de séjours allemands et des dizaines de criminels, parmi lesquels des trafiquants de drogues et d’humains ont été arrêtés. De quoi donner des arguments pour renforcer de manière structurelle les frontières, trouve Herrmann.
La Bavière n’en est pas à sa première initiative du genre. Il y a quelques années elle avait déjà provoqué le courroux de Bruxelles en effectuant des contrôles « en filet » non loin de la frontière. Des contrôles qui consistent à arrêter toutes les voitures sur l’autoroute. Même celles qui ne sont à priori pas suspectes. Ce qui ressemble aux anciens contrôles aux postes frontières, auxquels Schengen était supposé avoir mis fin. Un compromis avait été trouvé en 2006, mais il semble aujourd’hui que la Bavière ai décidé de ne plus s’y tenir. Des juristes allemands préviennent tout de même que cette technique de « contrôle en filet » risque d’être contraire à la loi. D’autant plus que dans les faits il semble que la police contrôle surtout les automobilistes d’origine « étrangère ».
Le mur en Hongrie
La semaine dernière la Hongrie, une des portes d’entrée de l’espace Schengen, et son président Orban, avait déjà fait grincer de nombreuses dents en annonçant la construction d’un mur de 175 km le long de sa frontière avec la Serbie pour empêcher les migrants d’entrer dans le pays. Le nombre de réfugiés entrant en Hongrie (qui était de 2 000 pour l’année 2012) s’élève à 54.000 depuis janvier. Il fait de ce pays d’Europe centrale celui qui, après la Suède, accueille le plus de réfugiés relativement à sa population. Néanmoins la décision est d’autant plus discutable que l’efficacité de genre de mur dans des frontières aussi étendues qu’en Europe est sujette au scepticisme. En effet les migrants vont tout simplement prendre une autre route. Sans parler de l’important coût financier et humain que cela entraîne. Cela n’a cependant refroidi en rien le président Orban qui a précisé que les travaux préparatoires devraient être achevés pour ce mercredi 24 juin.
Bulgarie
A l’extrême est de l’UE, la Bulgarie prévoit également cette année de prolonger de 82 km sa clôture barbelée de 30 km érigée fin 2013 sur sa frontière avec la Turquie, selon l’Express. Mais aussi l’Espagne qui a construit ce genre de constructions dans ses enclaves nord-africaines que sont Ceuta et Melilla. Il y a aussi la Grèce qui a commencé la construction d’un mur de barbelés en 2012 à sa frontière avec la Turquie.
Et avec la crise des migrants qui a vu le nombre de migrants augmenter de + 870 % entre avril 2014 et avril 2015, il est à craindre que ce genre d’initiatives gagnent en ampleur.
L’espace Schengen
Dans les pays faisant partie de l’espace Schengen, les états ne peuvent pas effectuer de contrôles frontaliers à leurs frontières internes à l’espace Schengen.
Cela concerne près de 420 millions d’habitants dans 26 pays membres qui peuvent se déplacer avec une simple carte d’identité. Ces personnes effectuent 1,25 milliard de trajets annuels sur 4 millions de kilomètres carrés. Les frontières extérieures de l’espace Schengen s’étendent désormais sur 9.000 kilomètres sur terre et 44.000 sur mer. 11 millions de personnes ont profité des accords de Schengen depuis leur signature pour vivre ou travailler dans un autre pays.
Tous les États de l’Union européenne en font partie à l’exception du Royaume-Uni et de l’Irlande (ils n’ont pas signé la convention) et de la Roumanie, la Bulgarie, la Croatie et Chypre (les accords ne sont pas encore appliqués). Quatre autres pays non-membres de l’Union européenne en font aussi partie : la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège et l’Islande. Un visa Schengen est possible pour trois mois au prix de 60 euros. 6 millions de visas ont été délivrés en 2014.
Si des contrôles de police peuvent être effectués aux frontières, ils ne peuvent uniquement être effectués sur la base d’informations détenues par la police concernant d’éventuelles menaces pour la sécurité publique ou de soupçons en matière de criminalité transfrontière. Par ailleurs, les États membres ont l’obligation de supprimer tous les obstacles à une circulation routière fluide, tels que les limitations de vitesse inutiles. Si vous pensez avoir fait l’objet d’un contrôle irrégulier à une frontière intérieure, vous pouvez déposer une plainte auprès de la Commission européenne.
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