Un hiver interminable entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan (en images)
L’assèchement de la mer d’Aral, située entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, est une catastrophe écologique majeure. Depuis 2005, les autorités en ont pris conscience et tentent d’en limiter l’impact sur les communautés locales, subsistant principalement de la pêche et de l’élevage.
Un reportage de Didier Bizet.
A cheval entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, la mer d’Aral était l’une des plus vastes mers intérieures du globe. Mais depuis une quarantaine d’années, elle n’a cessé de se réduire. En cause: le détournement des deux principaux fleuves l’alimentant, dans le but de créer de vastes plaines où développer la culture intensive de coton. Il s’agit là d’une des catastrophes environnementales majeures du XXe siècle, pourtant peu évoquée. En 1970, ce qui est en réalité un lac avait déjà perdu les neuf dixièmes de sa surface. Si bien qu’il finit par se diviser en deux parties inégales: la petite mer au nord, la grande au sud. Selon les scientifiques, cette dernière est définitivement « perdue » mais la petite mer d’Aral peut encore être sauvée.
En 1995, une première digue fut érigée afin de contrer les effets dévastateurs de cette politique menée par l’URSS, mais elle s’est effondrée. Dix ans plus tard, la Banque mondiale et le gouvernement kazakh ont financé un barrage long de quelque 13 kilomètres, permettant ainsi à la partie la plus réduite de l’étendue salée de reconquérir 50% de sa surface. Une construction grâce à laquelle s’est formé, au nord, un immense lac d’un bleu éclatant, que des centaines de pélicans ont depuis lors réinvesti. Aral, l’ancien port principal de la la petite mer, devrait se retrouver de nouveau les pieds dans l’eau.
A 90 kilomètres de là, la petite communauté de pêcheurs de Tastubek affronte des températures avoisinant les – 20°C, parfois – 35°C lorsque le vent glacial s’éternise. Désormais, les yourtes des anciens nomades des steppes kazakhes ont fait place à des maisons de briques, dont les sols surchauffés au feu de bois sont encore recouverts de tapis. L’eau courante fait défaut et, quand le camion-citerne arrive à se frayer un chemin à travers les congères, on est heureux. Pourtant, ni le climat ni les conditions de vie difficiles ne tourmentent les habitants. Ici, l’entraide, lors des longs mois d’hiver, est très forte. Sur la banquise immaculée d’une beauté époustouflante, les pêcheurs et les éleveurs subsistent.
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