Un algorithme pour combattre l’influence de Daesh sur les réseaux sociaux
Une étude de l’université de Miami publiée dans la revue américaine Sciences avance l’idée que l’influence de Daesh pourrait diminuer grâce à une analyse accrue des réseaux sociaux sur lesquels ses partisans sont présents.
L’utilisation des moyens de communication les plus performants par Daesh n’est plus à démontrer. Les membre de l’organisation terroriste sont omniprésents sur les réseaux sociaux et savent comment les manier pour arriver à leurs fins. C’est sur base de cette observation qu’une équipe de chercheurs de l’Université de Miami menée par le physicien Neil Johnson, a entamé une étude publiée dans la revue Sciences. Le but de leur analyse : et si l’influence de l’EI pouvait être atténuée en agissant directement via internet et les réseaux sociaux?
Les scientifiques ont ainsi tenté de trouver une stratégie afin de contrer, entre autres, la propagande ou encore le recrutement de djihadistes. Une analyse des données du « Facebook russe » VKontakte, sur les groupes pro-Daesh a été effectuée du 1er janvier au 31 août. Elles concernaient 108.086 individus. L’équipe de chercheurs compare les réseaux mis en place par les djihadistes à un virus. « Le virus cherche à faire éclater la cellule – c’est bon pour lui parce que ça lui permet de se répandre. » Les recherches et analyses scientifiques et mathématiques contribuent au décèlement du moment opportun où il convient de fermer ces groupes, ce qui permet de stopper la contamination et de déséquilibrer l’environnement de Daesh sur la Toile. Selon Neil Johnson, il serait donc possible de mettre un terme à l’escalade d’un groupe pro-djihad qui préparerait des actes violents.
Un algorithme de hashtags
La méthode qu’ils ont utilisée afin d’arriver à ce genre d’analyses est agrémentée d’une méthodologie permettant de détecter des hashtags douteux traitant du sujet, dans plusieurs langues. Ils les tracent ensuite et les relient. Un algorithme a été créé pour recenser tous les groupes exprimant explicitement leur allégeance au groupe d’islamistes radicaux. La liste a ensuite été retravaillée pour déceler les faux, et cela à l’aide de recherches manuelles. Cette tactique stratégique de « contre-terrorisme » pourrait permettre, en dénotant les pics d’utilisation des réseaux, d’anticiper d’éventuels actes violents.
L’étude souligne aussi l’importance des petits groupes et des personnes qui pourraient sembler inoffensives. Selon celle-ci, c’est en détruisant les groupes de moins grande ampleur que la base de ceux plus importants pourrait être brisée. Au contraire, si ceux-ci persistent, ils pourraient contribuer à l’expansion des grands groupes de Daesh sur internet. Les scientifiques expliquent que détecter, de cette manière, l’extrémisme en ligne collectivement regroupé, permet de rendre le combat contre Daesh plus accessible sur la Toile. Neil Johnson précise cependant que les résultats ne peuvent pas vraiment être perçus comme un moyen de prédire des attentats. Il explique que ce qui est important, ce n’est pas la prédiction, mais plutôt la prévention concernant la radicalisation en particulier.
Par Ornella Diaz Suarez
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