Tom Simoens (ERM) estime que les troupes de Zelensky doivent éviter le gaspillage de moyens.

« L’Ukraine ne doit pas tomber dans ce piège » : la guerre arrive-t-elle aussi en Russie?

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

La guerre sur le sol russe, un processus « inévitable », comme le clame le président ukrainien Zelensky ? Pour le lieutenant-colonel Tom Simoens (ERM), intensifier cette pratique serait « contre-productif » pour l’Ukraine, qui doit utiliser ses moyens « de façon rationnelle ».

Les attaques contre la capitale russe et ses environs, situés à environ 500 kilomètres de la frontière ukrainienne, étaient rares depuis le début du conflit en Ukraine. Ces derniers mois, toutefois, plusieurs incursions de drones ont visé Moscou, dont la plus marquante, contre le Kremlin, en mai dernier.

Si Kiev avait pour habitude de ne pas revendiquer ses éventuelles opérations menées en Russie, Volodymyr Zelensky a récemment déclaré que la « guerre » arrivait « sur le territoire de la Russie, dans ses centres symboliques et ses bases militaires ». Un processus « inévitable, naturel et absolument juste », justifiait le président ukrainien.

Pour le lieutenant-colonel Tom Simoens (ERM), le seul effet positif que peuvent avoir les frappes de drones sur Moscou serait de « contraindre les Russes à déployer plus de systèmes de défense anti-aériens sur leur territoire. Ce matériel serait de facto moins disponible en Ukraine », note-t-il.

Cependant, l’expert en histoire militaire voit peu d’autres avantages à une telle pratique. « Les Russes ne respectent pas le droit de guerre, mais ce n’est pas une raison pour que les Ukrainiens ne le respectent pas non plus. Il faut qu’ils restent du bon côté de l’histoire. »

Ukraine: éviter le gaspillage de moyens

Autre contre-argument évoqué : pour maximiser leurs chances, les Ukrainiens n’ont d’autres choix que d’utiliser leurs ressources de manière rationnelle. « Toucher des installations militaires russes est utile, mais viser le domaine civil n’est pas stratégique. »

Si le droit de guerre autorise bel et bien les Ukrainiens à contre-attaquer sur le territoire adverse, Tom Simoens estime que les troupes de Zelensky doivent éviter le gaspillage de moyens. « Si l’Ukraine attaque les civils, la détermination du peuple russe ne deviendra que plus grande, et la Russie pourra alors encore davantage avancer l’argument du terrorisme. »

« L’Ukraine ne doit pas tomber dans ce piège », tranche le professeur à l’Ecole Royale Militaire. « Etant donné que beaucoup de Russes ignorent que ces frappes sont une riposte à ce que font les hommes de Poutine en Ukraine, cette démarche s’avère contre-productive. »

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