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L’Arizona déjà confrontée à l’adaptation de la position de la Belgique vis-à-vis de l’Ukraine
Théo Francken, le Ministre de la Défense, sera le visage de la Belgique et du gouvernement Arizona dans la guerre en Ukraine. Il a d’ailleurs déjà reçu une délégation ukrainienne, avant que Bart De Wever ne fasse de même avec le président Zelensky.
A peine constitué, le nouveau gouvernement fédéral doit faire face au tournant qui s’amorce dans la guerre en Ukraine. Un homme s’est d’emblée démarqué: le nouveau ministre de la Défense, Theo Francken (N-VA), qui semble déterminé à être le visage du soutien belge à l’Ukraine épuisée par trois ans de guerre.
A peine installé, le nationaliste flamand a reçu son homologue ukrainien Roustem Oumierov pour l’assurer du soutien de la Belgique et annoncé qu’il avait l’intention de se rendre le plus rapidement possible à Kiev en compagnie du Premier ministre Bart De Wever. Il s’est aussi montré favorable à la participation de soldats belges à une mission de paix internationale. Quant à M. De Wever il a eu un entretien téléphonique avec son homologue ukrainien Denys Chmyhal. Un entretien avec le président Volodymyr Zelensky devrait suivre sous peu. Le message se veut clair: il faut soutenir l’Ukraine dans la voie d’une paix durable et acceptée par elle, et un accord ne peut être négocié par les États-Unis et la Russie en contournant les Ukrainiens et les Européens.
La Belgique et l’Arizona se réaffirment en Europe comme une aide à l’Ukraine
Si la nouvelle équipe s’affiche parmi les pays soutenant l’Ukraine, elle a toutefois été vite rattrapée par la réalité. Le 17 février, dans le sillage des déclarations américaines qui ont sidéré les autres dirigeants occidentaux, le président français Emmanuel Macron a organisé une réunion d’urgence avec les principaux pays européens impliqués dans ce conflit. La Belgique n’était pas invitée. Elle a eu droit à la deuxième réunion avec d’autres Etats deux jours plus tard.
L’accord de majorité Arizona conclu fin janvier n’élude pas le conflit en Ukraine et s’inscrit dans la continuité de l’exécutif précédent. « Nous continuons à soutenir l’Ukraine dans sa lutte contre l’agression russe », assure le texte. Le principe est posé mais des questions demeurent.
Dans le domaine militaire, la nouvelle majorité s’engage à poursuivre la formation et la fourniture de « matériel », notamment la livraison d’ici la fin de l’année des premiers F-16 appelé à être retirés du service. Selon un accord de défense conclu avec l’Ukraine l’an dernier, la Belgique fournira trente de ces appareils d’ici 2028. Autre domaine important dans lequel la Belgique est en première ligne: les sanctions internationales. « Nous maintenons et renforçons des sanctions ciblées et efficaces contre la Russie », dit l’accord de gouvernement en se montrant évasif sur la nature de celles-ci. Une grande partie du gaz liquéfié venant de Russie transite par le port de Zeebrugge. L’accord ne l’évoque pas directement, pas plus que les sanctions financières. La Belgique abrite la société Euroclear, pivot de la finance internationale où sont logés les actifs russes gelés ou immobilisés. Selon les dernières estimations du SPF Finances, il est question de 258 milliards d’euros. Comme son prédécesseur, le nouveau gouvernement marche sur des œufs. Certains pays, à commencer par l’Ukraine, réclament la confiscation pure et simple de ces actifs. La Belgique, comme d’autres Etats européens, s’y oppose pour des raisons de sécurité juridique et de stabilité financière. Financièrement, elle s’expose à des risques considérables. Elle n’entend pas assumer seule cette charge. L’accord de gouvernement plaide pour « une mutualisation du risque de recours devant un tribunal arbitral international, sur la base du principe de proportionnalité ».
L’Arizona reste attachée à l’Otan
L’attachement à l’Alliance atlantique est réaffirmé par l’Arizona. La Défense sera en première ligne de l’attention politique durant les quatre années à venir. Comme d’autres pays européens, la Belgique est à la traîne pour remplir ses engagements en termes de dépenses. En 2014, elle a souscrit à l’objectif de 2% du PIB affecté à la Défense. Elle ne situe qu’à 1,3% dix ans plus tard. Le nouveau gouvernement entend atteindre 2% d’ici 2029 et 2,5% d’ici 2034. Un engagement budgétaire significatif mais qui pourrait être déjà dépassé par les contraintes internationales. Il est question désormais parmi les pays de l’Otan de 3% voire de 5% du PIB. Le Premier ministre a averti les députés jeudi: la « situation géopolitique » pourrait amener la nouvelle équipe à procéder à des « adaptations ».
La Belgique est contrainte tout à la fois à redresser ses finances publiques en mauvais état, accroître ses dépenses militaires et, au-delà des mots, dégager les moyens financiers nécessaires au soutien à l’Ukraine. Sur le plan militaire, le gouvernement De Croo y avait consacré 1,21 milliard d’euros et s’était appuyé sur le produit de l’impôt des sociétés prélevé chez Euroclear et relatif aux avoirs gelés. Un fonds d’1,7 milliard d’euros avait été constitué. L’Arizona n’a pas confirmé pour l’instant qu’elle poursuivrait cette voie.