Vladimir Poutine

Kiev accuse Poutine de « cracher » à la face de l’ONU et de la Turquie

Le Vif

Des frappes russes ont visé samedi le port d’Odessa, l’Ukraine accusant Vladimir Poutine d’avoir « craché au visage » de l’ONU et de la Turquie et de compromettre l’application de l’accord signé la veille sur la reprise de l’exportation des céréales bloquées par la guerre. La Russie nie auprès d’Ankara toute implication dans ces frappes a affirmé le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar.

« Les Russes nous ont dit qu’ils n’avaient absolument rien à voir avec cette attaque et qu’ils examinaient la question de très près », a déclaré M. Akar.

Selon l’aviation ukrainienne, les Russes ont délibérément visé des entrepôts de céréales du port, rapporte la BBC. Une usine de traitement de céréales a été touchée, selon l’AFP. Un centre de commandement de l’armée ukrainienne a affirmé sur les réseaux sociaux que deux missiles Kalibr avaient atteint le port, deux autres étant abattus par la défense antiaérienne.

Le moment des tirs est particulièrement interpellant, au lendemain de la signature par Kiev et Moscou, sous l’égide de la Turquie et de l’ONU, d’un accord sur la reprise des exportations de céréales ukrainiennes bloquées par la guerre. 

Odessa est la plus grande ville et le plus important port de toute la côte de la mer Noire. En tirant des missiles de croisière sur ce port, le président russe a « craché au visage du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres et du président turc Recep (Tayyip) Erdogan, qui ont déployé d’énormes efforts pour parvenir à cet accord », a affirmé le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères Oleg Nikolenko.

Antonio Guterres a déclaré dans un communiqué qu’il « condamnait sans équivoque » ces attaques, soulignant que « la mise en œuvre intégrale (de l’accord) par la Fédération de Russie, l’Ukraine et la Turquie est impérative ».

« Frapper une cible cruciale pour l’exportation de céréales un jour après la signature des accords d’Istanbul est particulièrement répréhensible et démontre une fois de plus le mépris total de la Russie pour le droit international et les engagements », a réagi de son côté le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, sur Twitter.

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L’Ukraine a aussitôt prévenu que la Russie assumerait « l’entière responsabilité » d’un éventuel échec de l’accord sur les exportations de céréales. Signé vendredi sous l’égide de l’ONU et de la Turquie, il doit permettre d’exporter entre 20 et 25 millions de tonnes de grain bloquées en Ukraine.

La principale mesure découlant de l’accord est la mise en place de « couloirs sécurisés » afin de permettre la circulation en mer Noire des navires marchands, que Moscou et Kiev s’engagent à « ne pas attaquer », a expliqué un responsable des Nations unies. Il sera valable pour « 120 jours ».

Les négociateurs ont toutefois renoncé à nettoyer la mer Noire des mines – principalement posées par les Ukrainiens pour protéger leurs côtes. L’ONU a précisé que des « pilotes ukrainiens » ouvriraient la voie aux cargos dans les eaux territoriales.

Dès vendredi, l’Ukraine avait fait part de ses doutes quant à la bonne foi de la partie russe. C’est désormais « la responsabilité de l’ONU » de garantir le respect de l’accord, avait déclaré le président Volodymyr Zelensky, disant s’attendre à « des provocations, à des tentatives de discréditer les efforts ukrainiens et internationaux ».

Volodymyr Zelensky
Volodymyr Zelensky © belga

Le centre de l’Ukraine n’a pas été épargné non plus avec une reprise samedi des frappes russes qui ont tué trois personnes. Treize missiles de croisière russes lancés depuis la mer sont tombés près de la ville de Kropyvnytskyi située dans la région de Kirovograd, a annoncé son gouverneur Andriy Raikovytch. Des infrastructures ferroviaires et un aérodrome militaire ont été ciblés, selon lui. « Neuf militaires ukrainiens ont été blessés et un soldat a été tué », ajoute-t-il.

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