Destruction du barrage de Kakhovka: ce que l’on sait (infographie)
La destruction du barrage de Kakhovka dans le Sud de l’Ukraine a entraîné le déversement de torrents d’eau dans le fleuve Dniepr, poussant plusieurs milliers de civils à quitter les zones inondées tout en faisant craindre une catastrophe écologique. Que sait-on à ce stade de la destruction de cet imposant ouvrage?
Que s’est-il passé avec le barrage de Kakhovka?
Situé à 150 km de la centrale nucléaire de Zaporijjia, le barrage de Kakhovka, construit dans les années 1950 sur le fleuve Dniepr, est l’une des plus grandes infrastructures de ce type en Ukraine.
La Russie occupe la rive gauche du fleuve Dniepr – ligne de front naturelle depuis l’automne dernier -, tandis que l’Ukraine garde le contrôle de la rive droite.
La structure du barrage s’est désintégrée à 02H50 (23H50 GMT) mardi matin, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Igor Syrota, le patron de l’opérateur ukrainien Ukrhydroenergo, a assuré que la centrale hydroélectrique « est complètement détruite ». « La moitié est déjà sous les eaux », a-t-il dit mardi.
Selon le renseignement britannique, « la structure orientale du barrage et une grande partie des infrastructures ont été emportées » par les eaux. « La structure du barrage est susceptible de se détériorer davantage au cours des prochains jours, provoquant des inondations supplémentaires« , a-t-il averti.
Kiev et Moscou s’accusent
L’Ukraine et la Russie se sont rapidement accusées mutuellement. M. Zelensky a ainsi affirmé que les forces russes avaient volontairement fait « exploser » le barrage, une stratégie qui vise selon Kiev à « freiner » ses troupes sur le terrain.
« La principale conclusion est que l’explosion était intentionnelle, mais l’ennemi a agi de manière chaotique, et ses propres équipements ont aussi coulé », a-t-il déclaré à l’issue d’une réunion avec son état-major.
M. Syrota a appuyé la version présidentielle, jurant que ses services « sont plus que certains qu’il y a eu une explosion à l’intérieur de la centrale, en particulier dans la salle des machines ». « La centrale s’est fissurée en deux », a-t-il détaillé. Les autorités ukrainiennes accusaient déjà depuis des mois la Russie d’avoir miné le barrage.
A l’inverse, la Russie et ses autorités installées dans les territoires ukrainiens occupés ont accusé Kiev d’un « sabotage délibéré » avec de « multiples frappes » sur la zone. « Toute la responsabilité repose sur le régime de Kiev », a insisté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, estimant que l’un des objectifs d’une telle action était de « priver d’eau la Crimée » annexée.
Pour les Occidentaux, alliés de l’Ukraine dans cette guerre, il est toutefois trop tôt pour déterminer les circonstances exactes de la destruction du barrage.
La Maison Blanche a indiqué « ne pas avoir de conclusion définitive sur ce qui s’est passé », tandis qu’un responsable occidental, qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat, a expliqué que les services de renseignement occidentaux tentaient de savoir avec certitude qui était coupable, tout en penchant à ce stade vers la Russie.
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Villages inondés, civils évacués
Plusieurs dizaines de localités ont été inondées selon les autorités ukrainiennes et 80 au total sont menacées par la montée des eaux, selon M. Zelensky. Plusieurs centaines de milliers de personnes se retrouvent « sans un accès normal à l’eau », a détaillé le président ukrainien. A Kherson, à 70 km du barrage le long du Dniepr, l’eau est monté de cinq mètres, selon les responsables locaux.
Mercredi, les autorités ukrainiennes et d’occupation russe ont dit avoir évacué plus de 2.700 civils depuis la veille, un chiffre qui concerne uniquement les personnes prises officiellement en charge par les services compétents. Un nombre inconnu de civils ont quitté les zones inondées par leurs propres moyens.
Risques humanitaire et écologique
L’ONU a déjà mis en garde contre de possibles conséquences « graves » pour de centaines de milliers de civils et l’écosystème de la région.
Son agence humanitaire Ocha a précisé que de l’aide humanitaire était en cours d’envoi pour aider plus de 16.000 personnes et la Maison Blanche a dit craindre de « nombreux morts ».
Plus de 150 tonnes d’huile de moteur ont été répandues dans le fleuve, selon Kiev, qui a fait état de nombreux « poissons morts » dans la zone.
L’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) a toutefois assuré qu’il n’y avait « pas de danger nucléaire immédiat » à la centrale de Zaporijjia, refroidie par l’eau retenue par le barrage. La destruction du barrage ne pose « pas de risque à court terme », a-t-elle dit.