© Belga

Turquie: L’auteur de l’attentat à Istanbul est un jihadiste de l’Etat islamique

Le Vif

L’auteur de l’attentat-suicide qui a tué mardi dans le coeur historique d’Istanbul au moins 10 personnes, dont 8 Allemands, est un jihadiste du groupe Etat islamique (EI), a affirmé le Premier ministre islamo-conservateur turc Ahmet Davutoglu.

Cette explosion intervient alors que la Turquie est en état d’alerte maximum depuis l’attaque la plus meurtrière survenue sur son sol, attribuée au groupe Etat islamique (EI), qui a fait 103 morts en octobre devant la gare centrale d’Ankara.

« Je condamne fermement cette attaque terroriste commise par une personne d’origine syrienne », a déclaré M. Erdogan lors d’un discours prononcé à Ankara, semblant pointer du doigt une responsabilité des jihadistes. « Nous avons déterminé que l’auteur de cette attaque terroriste à Sultanahmet est un étranger membre de Daech », a dit M. Davutoglu lors d’une brève déclaration télévisée à Ankara.

Longtemps soupçonné de complaisance avec les rebelles radicaux syriens, le régime islamo-conservateur turc a rejoint l’été dernier la coalition antijihadiste internationale et multiplié les arrestations de membres présumés de l’EI.

La déflagration, très puissante, s’est produite à 10h18 locales (08h18 GMT) sur l’ancien hippodrome qui borde la basilique Sainte-Sophie et la Mosquée bleue, les deux monuments les plus visités de la plus grande ville du pays.

Les premières photos prises sur place montrent plusieurs corps démembrés couchés sur le sol pavé de cette grande esplanade.

Huit Allemands parmi les victimes

Selon le bureau du gouverneur d’Istanbul, le premier bilan s’élève à au moins 10 morts et 15 personnes blessées, dont l’état n’a pas été précisé.

Huit Allemands figurent parmi les dix personnes tuées, a annoncé le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier.

« D’après les premiers éléments dont disposent les autorités turques, huit Allemands ont été tués et neuf autres grièvement blessés », a indiqué M. Steinmeier à la presse, précisant tenir ses informations de son homologue turc. Sous couvert d’anonymat, un responsable turc avait auparavant annoncé « au moins 9 » Allemands décédés, et le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu avait téléphoné à la chancelière allemande Angela Merkel pour lui présenter ses condoléances. « Nous ne nous laisserons pas intimider par le meurtre et la terreur », a poursuivi M. Steinmeier, sans reprendre à son compte les déclarations d’Ankara attribuant l’attentat au groupe djihadiste Etat islamique (EI).

Le ministère norvégien des Affaires étrangères a pour sa part indiqué qu’un de ses ressortissants figurait aussi parmi les victimes.

‘Nombreux cris’

Sur son site internet, le ministère allemand des Affaires étrangères a recommandé « avec insistance » à ses nationaux « d’éviter provisoirement les lieux de rassemblements », dont les « attractions touristiques » à Istanbul.

Le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu a convoqué une réunion de crise à Ankara, en présence des principaux responsables de la sécurité du pays, a-t-on appris de source proche du gouvernement.

« J’ai entendu une très forte explosion, et puis de nombreux cris. Et puis j’ai vu une boule de feu et je me suis enfui », a raconté à l’AFP un homme turc qui n’a pas donné son nom, « je suis sûr à 100% qu’il ne s’agissait pas d’une bombe mais d’un attentat suicide ».

« L’explosion a été si forte que le sol a tremblé », a confirmé une touriste, Caroline. « Je me suis enfuie avec ma fille. Nous nous sommes réfugiées dans un bâtiment proche », a-t-elle poursuivi, « c’est vraiment effrayant ».

La détonation a été entendue et ressentie jusqu’à la place Taksim, à plusieurs kilomètres de distance de Sultanahmet, a confirmé à l’AFP un témoin.

La Turquie vit en état d’alerte permanent depuis le double attentat suicide jihadiste qui a visé un rassemblement de manifestants prokurdes le 10 octobre devant la gare centrale d’Ankara, faisant 103 morts et plus de 500 blessés.

‘Fermeté’

En janvier 2015 déjà, une femme kamikaze originaire du Daguestan russe, dont la presse locale avait affirmé qu’elle avait rejoint les rangs jihadistes en Syrie, s’était fait exploser devant un poste de police du quartier de Sultanahmet. Un policier avait été tué.

« Le mode opératoire, un kamikaze, et la cible, un groupe de touristes, suggèrent un attentat jihadiste », a commenté mardi à l’AFP un diplomate occidental.

« Si c’est le cas, c’est le signe que Daech (l’acronyme arabe de l’EI) a décidé de s’en prendre à l’Etat turc », a-t-il ajouté, « jusque-là, ses cibles en Turquie étaient les Kurdes ».

La Turquie est également secouée depuis l’été dernier par la reprise de combats meurtriers entre les forces de sécurité turques et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui ont fait voler en éclat un cessez-le-feu qui tenait depuis plus de deux ans.

Les rebelles kurdes visent en priorité militaires et policiers mais le 23 décembre dernier, une organisation armée kurde, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), a revendiqué une attaque au mortier qui a visé l’aéroport Sabiha Gökçen, sur la rive asiatique d’Istanbul, faisant un mort et un blessé.

M. Erdogan a promis à plusieurs reprises d’éradiquer le PKK.

« La fermeté de la Turquie n’a pas changé », a déclaré mardi l’homme fort du pays. « La Turquie est la première cible de toutes les organisations terroristes actives dans la région parce qu’elle les combat toutes avec la même détermination », a-t-il ajouté.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire