Nicolas Schmit
Tous les Européens doivent pouvoir vivre dans la dignité et nourrir de l’ambition
Le changement climatique, la destruction de notre environnement naturel et le développement technologique ont provoqué ces dernières années une réaction sans précédent dans la communauté internationale. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire.
Pour des millions d’Européens, la vie au travail évoluera à mesure que nos industries se verdissent et se numérisent. Le vieillissement de la population et l’allongement de l’espérance de vie posent aussi de nouveaux défis aux systèmes traditionnels de protection sociale et de santé.
Aujourd’hui, les indicateurs sociaux sont positifs: les chiffres du chômage n’ont jamais été aussi bas dans l’Union et sept millions de personnes sont sorties de la pauvreté et de l’exclusion sociale au cours des dix dernières années. Toutefois, des inégalités persistent et beaucoup peinent encore à joindre les deux bouts. Tous les enfants et les jeunes n’ont pas accès à un enseignement ou à des soins de santé de qualité. Les femmes sont toujours sous-représentées dans le monde du travail, leur carrière est beaucoup plus fragmentée et l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes est encore loin d’être comblé. En Belgique, les personnes issues de l’immigration et les personnes handicapées ne sont pas suffisamment intégrées dans le marché du travail. En matière d’éducation, on observe également des différences considérables en fonction du milieu socio-économique.
Avec le pacte vert pour l’Europe de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, l’Europe affiche son ambition de devenir le premier continent neutre pour le climat d’ici à 2050. Cette transition ouvrira de nouvelles perspectives commerciales mais nous obligera aussi à modifier nos modèles de production, nos habitudes de consommation, nos modes de déplacement et nos pratiques alimentaires. Cela signifie qu’il nous faudra développer de nouvelles industries innovantes et compétitives, de nouvelles façons de gagner sa vie et de nouvelles compétences.
Dans le même temps, avec l’avènement de l’intelligence artificielle et de la robotique, de nombreux profils de carrière vont se transformer et certains même seront amenés à disparaître. L’économie des plateformes et l’économie des petits boulots perturbent déjà nombre de modèles d’entreprises. La protection sociale dans le nouveau monde du travail doit être garantie, même et surtout pour ceux dont l’emploi est précaire.
Une action est nécessaire tant au niveau de l’Union qu’au niveau national pour permettre à la main-d’oeuvre du futur de se développer. Nous devons veiller à ce que tous les travailleurs de l’Union aient les moyens de saisir les opportunités et de relever les défis liés à cette transition. C’est sur les personnes que doit être axée l’économie sociale de marché innovante et inclusive de demain — en leur fournissant des emplois de qualité pour un salaire adéquat. La question de l’accès aux possibilités de reconversion et de mise à niveau des compétences sera primordiale à cet égard. Aucune personne, aucune région, aucun pays ne peut être laissé pour compte au sein de notre Union.
La nouvelle Commission européenne, qui a pris ses fonctions en décembre, a déjà recensé un certain nombre de domaines dans lesquels une action au niveau de l’Union sera indispensable mais une action au seul niveau de l’Union n’est pas suffisante. En proclamant le socle européen des droits sociaux en novembre 2017, les institutions européennes et les dirigeants de l’Union se sont engagés à faire de l’équité un principe de base dans la vie quotidienne. Cet ensemble de vingt droits et principes promeut, dans l’ensemble de nos politiques, l’égalité des chances et l’emploi pour tous, des conditions de travail équitables ainsi que la protection sociale et l’inclusion. Il est temps à présent de passer aux actes. La Commission européenne vient de lancer un débat avec tous les pays, régions et partenaires sociaux de l’Union. Elle a interrogé l’ensemble des parties prenantes sur la marche à suivre, à leur avis, et les a invitées à s’unir dans une vision commune des valeurs du socle européen. Les résultats de ce débat seront pris en compte dans l’élaboration du plan d’action pour la mise en oeuvre du socle.
Nous commençons par une réflexion sur un possible cadre européen pour les salaires minimum. Tous les travailleurs doivent percevoir un salaire équitable qui garantisse un niveau de vie décent. Toutefois, trop nombreux sont les travailleurs qui sombrent encore dans la pauvreté à l’échelle de l’Union. Pour y remédier, nous devons trouver un terrain d’entente qui permettrait de promouvoir des normes élevées en matière de salaires tout en favorisant une convergence économique et sociale progressive au sein de l’Union, en promouvant les systèmes de négociation collective et en respectant l’autonomie des partenaires sociaux. Toute proposition tiendra compte du fait que les salaires minimum devraient être fixés conformément aux traditions nationales, au moyen de conventions collectives ou de dispositions légales.
Les événements récents ont prouvé que les défis mondiaux étaient trop vastes pour y faire face seuls. Cela vaut également pour l’avenir des marchés du travail et leur contribution à une Europe compétitive, durable et juste. Nous devons poursuivre nos efforts pour atteindre les normes les plus élevées, afin que tous les Européens puissent vivre dans la dignité et nourrir de l’ambition.
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