Taïwan: l’attitude de Nancy Pelosi envers la Chine n’est pas neuve
Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, devrait se rendre à Taïwan mardi soir (heure locale). Elle semble avoir décidé d’ignorer les menaces chinoises. Son attitude n’est pas nouvelle : elle s’est opposée à l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce et a déployé une banderole sur la place Tiananmen en 1991. La République populaire considère Taïwan – le plus grand producteur de semi-conducteurs – comme son territoire.
Mme Pelosi serait la première présidente de la Chambre à se rendre à Taïwan en 25 ans. C’est une étape importante pour la troisième plus haute responsable des États-Unis, mais qui augmente de manière significative le risque d’une confrontation militaire entre la Chine et les États-Unis.
La démocrate Pelosi représente une circonscription à San Francisco, où près d’un tiers des résidents sont d’origine asiatique, selon Bloomberg. Depuis longtemps, Pelosi se positionne comme un faucon envers la Chine. Elle s’est opposée à l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce. En 1991, elle a déployé une bannière sur la place Tiananmen en l’honneur des manifestants tués deux ans plus tôt.
Sa position remonte à son mandat de membre de laHouse Intelligence Committee et membre du panel qui contrôle le budget du département d’État. Elle a voté contre la guerre en Irak en 2002 alors que son homologue au Sénat, Chuck Schumer, avait voté pour, rapporte Politico. Mais elle a également fait preuve de fermeté lorsqu’il s’est agi de défendre les idéaux démocratiques et les droits de l’homme. Ainsi, elle a exhorté Obama à attaquer la Syrie après qu’Assad ait utilisé des armes chimiques contre son peuple en 2013.
Sa visite est susceptible de provoquer une réaction de colère de la part de la Chine, qui a promis des « conséquences graves » pour les relations diplomatiques. La semaine dernière, le président Xi Jinping a déclaré au président Joe Biden, lors d’un entretien téléphonique, qu’il allait « protéger résolument la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la Chine » et que « ceux qui jouent avec le feu finissent par se brûler ».
Une rencontre entre Nancy Pelosi et la présidente taïwanaise Tsai Ingwen pourrait avoir lieu mercredi, bien que l’agenda de Pelosi ne soit pas encore fixé. La Chine déclare que son armée prendra des mesures non précisées en cas de visite du démocrate et qu’elle ne « restera pas sans rien faire ».
Pour sa part, l’administration Biden a mis en garde Pékin contre toute action irréfléchie. « Nous n’allons pas mordre à l’hameçon ni nous livrer à des bruits de sabre. En même temps, nous ne serons pas intimidés », a déclaré John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité. « Nous continuerons à opérer dans les mers et l’espace aérien du Pacifique occidental comme nous le faisons depuis des décennies ».
Puces électroniques
Pelosi n’ira pas non plus les mains vides. La semaine dernière, le Sénat américain a adopté un CHIPS Act, une enveloppe de 52 milliards de dollars destinée à soutenir la production de semi-conducteurs aux États-Unis. Bien sûr, les subventions ne vont pas aux entreprises étrangères, mais la société taïwanaise TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company) va investir 12 milliards aux États-Unis. Pour être complet : les membres de l’opposition américaine ont accusé Pelosi de délit d’initié, après que son mari a vendu des actions du fabricant de puces Nvidia la semaine dernière.
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TSMC est l’un des principaux fournisseurs de micropuces les plus avancées au monde – utilisées dans tout, des smartphones aux voitures en passant par les missiles – et ses usines tournent à plein régime pour pallier une pénurie mondiale. « Personne ne peut contrôler TSMC par la force », a déclaré le patron du géant taïwanais, Mark Liu, dans une rare interview sur CNN, diffusée lundi. « En cas d’usage de la force militaire ou d’invasion », les installations de TSMC deviendront « inopérantes« . « Ces installations sont tellement sophistiquées. Elles dépendent d’une connexion en temps réel avec le monde extérieur, avec l’Europe, le Japon, les États-Unis », a expliqué le dirigeant.
L’armée américaine a stationné des porte-avions et des avions plus près de Taïwan par mesure de précaution, rapporte Nikkei Asia. L’armée était initialement opposée à la visite de la présidente, mais semble maintenant créer une zone tampon pour le vol de Pelosi.
Mais la Chine ayant déclaré qu’elle ne resterait « jamais les bras croisés » si elle se rendait sur l’île, les tensions en Asie de l’Est se sont rapidement intensifiées. La visite de Mme Pelosi pourrait aller à l’encontre des souhaits tant du président américain Joe Biden, qui voulait supprimer certains droits de douane sur les produits chinois pour lutter contre l’inflation, que ceux du président chinois Xi Jinping. Ce dernier traverse une saison politique sensible marquée par le projet d’un troisième mandat historique, de manifestations d’emprunteurs hypothécaires dupés et d’une recrudescence de covid.
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