Syrie : les rebelles ont pris la ville de Hama, ce samedi 7 décembre. (Photo by Emin Sansar/Anadolu via Getty Images)

Syrie : les rebelles aux portes de Damas, les forces gouvernementales établissent un cordon autour de la ville

Le Vif

Des factions rebelles ont annoncé avoir « commencé à encercler » la capitale syrienne Damas, après avoir pris le contrôle de la province méridionale de Deraa, dans la foulée d’une offensive fulgurante qui a contraint les forces gouvernementales à abandonner plusieurs positions stratégiques. Mais elles annoncent avoir dressé un cordon autour de Damas. Des soldats ont fui en Irak et l’ONU et Israël repoussent une attaque sur les hauteurs du Golan.

Dans le centre de la Syrie, les rebelles sont également aux portes de Homs, la troisième ville du pays. Au moins sept civils ont été tués samedi dans des frappes russes et syriennes près de la ville, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Le 27 novembre, une coalition de rebelles, menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham, a lancé une offensive à partir de son fief à Idleb, s’emparant de dizaines de localités et des villes stratégiques d’Alep et de Ham. Il s’agit de l’avancée la plus spectaculaire en 13 ans de guerre en Syrie.

Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH, a déclaré que des combattants rebelles locaux contrôlaient désormais toute la province de Deraa, berceau du soulèvement de 2011 contre le régime de Bachar al-Assad repassée sous le contrôle du gouvernement en 2018.

Proche de Damas

« Nous sommes maintenant à moins de 20km de l’entrée sud de la capitale Damas« , a indiqué de son côté un commandant de la coalition rebelle, Hassan Abdel Ghani, avant d’affirmer plus tard que les forces rebelles « avaient commencé à encercler » la capitale.

Dans la foulée, les forces gouvernementales se sont retirées de localités à une dizaine de kilomètres de Damas, a affirmé l’OSDH, qui a ajouté qu’elles avaient aussi abandonné leurs positions dans la province de Qouneitra, qui borde le plateau du Golan annexé par Israël.

Plus que jamais affaibli, le président syrien Bachar al-Assad que les insurgés disent vouloir renverser, n’a pas fait d’apparition depuis sa rencontre dimanche dernier à Damas avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi. La présidence syrienne a démenti des informations selon lesquelles le président syrien Bachar al-Assad aurait fui le pays, disant qu’il exerçait ses « fonctions » depuis Damas.

Résistance de l’armée

Les forces gouvernementales ont nié s’être retirées de zones proches de la capitale. Elles seraient « présentes dans toutes les zones de la campagne de Damas », selon le ministère de la Défense

Les autorités syriennes ont affirmé samedi, en début de soirée, qu’un cordon de sécurité « très solide » était en place autour de Damas, après l’annonce par les rebelles qu’ils avaient commencé à encercler la capitale.

« Il y a un cordon de sécurité et militaire très solide aux abords éloignés de Damas et de sa campagne, et personne (…) ne peut pénétrer cette ligne de défense que nous, les forces armées, sommes en train d’ériger », a affirmé le ministre de l’Intérieur, Mohammed al-Rahmoun, à la télévision d’Etat.

Les soldats fuient en Irak

Les autorités irakiennes ont autorisé l’entrée sur leur territoire de centaines de soldats de l’armée syrienne qui ont fui les combats dans leur pays, ont indiqué samedi à l’AFP deux responsables de sécurité irakiens, précisant que parmi ces militaires figuraient des blessés.

Les soldats syriens « ayant fui les combats » sont entrés via le poste-frontière d’Al-Qaïm, a indiqué à l’AFP un haut responsable de sécurité, précisant que « des blessés ont été hospitalisés pour des soins » dans l’hôpital de cette localité à la frontière dans l’ouest de l’Irak. Leur nombre s’élève à 2.000 militaires, a précisé une deuxième source de sécurité, « des officiers et des soldats » entrés en Irak « avec l’accord » des autorités irakiennes.

Le gouvernement de Bagdad, porté au pouvoir par des partis pro-iraniens, a exprimé son soutien au pouvoir syrien mais s’inquiète des répercussions régionales de l’instabilité en Syrie. À ce jour, plusieurs responsables, dont le Premier ministre, se montrent très prudents sur une quelconque intervention dans le conflit syrien.

Les autorités irakiennes ont dépêché des blindés pour renforcer la sécurité à la frontière de plus de 600 km entre l’Irak et la Syrie.

« L’Irak ne veut pas intervenir militairement en Syrie« , a indiqué vendredi le porte-parole du gouvernement Bassim al-Awady, précisant que son pays avait engagé « des efforts politiques et diplomatiques exceptionnels » pour trouver une solution à la crise chez son voisin syrien.
« L’Irak est pour l’unité du territoire syrien (…) un morcellement de la Syrie est une ligne rouge pour nous », a-t-il ajouté.

Mais les autorités doivent également compter avec les factions armées pro-iraniennes, telles que Les Brigades du Hezbollah, qui avaient déjà participé ces dernières années aux combats en Syrie au côté du pouvoir syrien.

L’ONU et Israël repoussent une attaque

L’armée israélienne a annoncé samedi aider les forces de l’ONU à « repousser » une attaque en Syrie, à la lisière avec le Golan syrien occupé par Israël. « Des individus armés ont attaqué un poste de l’ONU dans la région de Hader, en Syrie« , indique l’armée dans un communiqué en faisant référence à une ville située à la limite de la zone tampon contrôlée par l’ONU sur le Golan, disant être « en train d’aider les forces de l’ONU à repousser l’attaque ».

L’armée israélienne indique avoir renforcé ses forces dans cette zone qu’Israël a pris à la Syrie lors de la guerre des Six Jours en 1967. En 1974, une force de l’ONU avait été envoyée dans une zone tampon pour surveiller un cessez-le-feu. Alors que des rebelles menés par des islamistes radicaux mènent depuis plus d’une semaine une offensive fulgurante en Syrie, l’armée israélienne a affirmé qu’elle continuerait à agir « afin de protéger l’État d’Israël et ses citoyens ».

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