Helena Dalli
Stop à la violence à l’égard des femmes (carte blanche)
Nous commémorons aujourd’hui la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Si nous continuons de célébrer cette journée, c’est parce qu’il reste, hélas, beaucoup de chemin à parcourir pour faire en sorte que les femmes soient en sécurité chez elles et dans la société en Europe. C’est inacceptable.
La violence à l’égard des femmes est un phénomène mondial. Elle existe en Belgique comme dans chaque pays, dans chaque culture et dans chaque communauté. Elle ne connaît pas de frontières socio-économiques.
La crise liée au coronavirus n’a fait qu’aggraver la situation. En raison du confinement, les victimes – principalement des femmes et des enfants – se sont retrouvées piégées sous le même toit que les auteurs de violences, toute la journée, chaque jour. S’il est trop tôt pour disposer de données fiables sur la gravité des effets de la pandémie, l’Organisation mondiale de la santé a fait état d’une augmentation significative de la violence interpersonnelle au sein des foyers, en Belgique comme dans toute l’Europe.
Un mois après le début de la crise liée au coronavirus, certains pays avaient enregistré une augmentation allant jusqu’à 60 % du nombre d’appels d’urgence émanant de femmes victimes de violences de la part de leur partenaire. Les lignes directes d’assistance ont vu le nombre de demandes en ligne jusqu’à quintupler. Que faut-il en conclure ? Qu’il est urgent et indispensable de fournir des services d’aide 24h/7 à toutes les victimes de violence, quel que soit le pays dans lequel elles vivent.
Comment ? En faisant en sorte que tous les États membres de l’Union européenne se rassemblent et prennent des mesures coordonnées au niveau européen, afin que chaque femme, chaque fille bénéficient d’une protection égale, indépendamment de leur État membre de résidence.
Au sein de l’UE, 21 États membres sur 27 ont signé et ratifié la convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, également connue sous le nom de convention d’Istanbul. La Belgique l’a ratifiée en 2016.
Cette convention est le premier instrument international juridiquement contraignant qui crée un cadre adapté pour lutter contre la violence à l’égard des femmes. Elle est axée sur la prévention de la violence, la protection des victimes et la poursuite des auteurs. Sa ratification est essentielle pour faire en sorte que des politiques et des mesures à long terme soient mises en place afin de lutter contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.
Depuis son entrée en vigueur en 2014, d’importants progrès en matière de protection des victimes ont été réalisés. Un exemple tout récent en Belgique. J’ai appris que dès ce 25 novembre, les 1.800 pharmacies wallonnes vont devenir des « relais » pour orienter les victimes de violences conjugales qui s’adressent à elles. Je salue cette initiative, et tout le travail mené par les associations sur le terrain en collaboration avec les autorités et organismes publiques.
La convention a également amené les autorités des États membres à introduire des normes législatives et stratégiques plus élevées. Mais cela n’est pas suffisant.
Il est vraiment regrettable que tous les États membres de l’UE ne soient pas parties à la convention d’Istanbul, alors que celle-ci a tant contribué à améliorer la situation des victimes. Afin de réunir les États membres et les parties prenantes pour échanger des bonnes pratiques et soutenir ainsi la mise en oeuvre pratique de la convention, la Commission lancera d’ici la fin 2021 un réseau européen de prévention de la violence sexiste et domestique.
Cependant, faire en sorte que les femmes soient en sécurité chez elles et dans la société en Europe incombe aussi à chaque citoyen. Cela commence par des changements au quotidien, à la maison, au travail et à l’école. Malgré des décennies de progrès en matière d’égalité entre les hommes et les femmes, la violence à l’égard des femmes découle d’une croyance persistante selon laquelle les hommes sont supérieurs aux femmes. Plus tôt nous éduquerons les garçons et les filles à l’égalité entre les hommes et les femmes et aux relations non violentes, plus nous obtiendrons des résultats positifs. Nous devons constamment, dans tous nos contacts sociaux, remettre en cause les normes de genre fondées sur des stéréotypes qui dictent trop souvent nos choix et nos comportements.
L’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas seulement un concept stratégique; il s’agit d’un droit fondamental. Je continuerai de me battre pour que les femmes et les filles puissent jouir pleinement de ce droit et mener une vie épanouissante, caractérisée par la possibilité de diriger, de prospérer et d’être libre.
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