Dans un camp de déplacés à proximité de la ville de Baidoa, la population a grossi ces derniers mois à cause de la sécheresse et de la guerre avec les islamistes d’al-Chabab. © MATTIA VELATI

Somalie : de Baidoa à Hargeisa, la sécheresse, la famine et la désolation (reportage)

La Somalie connaît sa pire sécheresse depuis quarante ans. La raréfaction des pluies se conjugue à la guerre ou à l’instabilité pour provoquer des déplacements de populations et un effondrement des activités économiques. Rien n’augure une amélioration.

A Baidoa, des gouttelettes sont descendues du ciel, annonçant le dayr, début de la saison des pluies effective d’octobre à décembre. Pas suffisant néanmoins pour compenser la pire sécheresse jamais enregistrée en Somalie depuis quarante ans. En situation de «guerre totale» contre les al-Chabab, groupe salafiste djihadiste lié à Al-Qaeda, les ministères somaliens sont calfeutrés dans la zone verte, près du petit aéroport. De là-bas, ils coordonnent l’arrivée des vivres des ONG et instances internationales. Les convois humanitaires étant des cibles notoires pour les terroristes, ils n’arrivent que par avion sur la petite piste de Baidoa, gardée notamment par l’armée britannique.

« Quand j’étais petit, il y avait des sécheresses périodiques mais espacées et pas de cette intensité. Celle-ci est terrible. Aucune pluie ne fend ce ciel. »

«La solution vient d’Allah. Lui seul peut nous apporter à nouveau de bonnes pluies et sauver nos vies», assure Nur Mayow, le coordinateur humanitaire au ministère somalien des Affaires humanitaires et des Désastres, dans son bureau bunkerisé. Depuis un impressionnant attentat le 20 août dernier à Mogadiscio, qui a tué de nombreuses figures politiques du gouvernement et a été revendiqué par les al-Chabab, le nouveau président somalien Hassan Sheikh Mohamoud a lancé de multiples offensives dans le centre du pays. Ses rapides gains territoriaux, appuyés par des clans opposés au groupe terroriste, ont accru la pression sécuritaire dans le pays.

La sécurité ou la sécheresse

L’absence de liberté de mouvement des troupeaux en période d’intense sécheresse affecte grandement la société pastorale somalienne. Plus statiques du fait des combats et de l’insécurité locale, les bergers ne peuvent faire paître leurs troupeaux là où les rares pluies verdissent les plaines.

Diini Abdinur Mohamed, directeur général du ministère des Affaires humanitaires, exclut l’idée d’une trêve malgré les circonstances: «Envisager une trêve avec les al-Chabab ou même un cessez-le-feu n’est pas possible. Ils ne veulent aucune négociation et nous ne discutons pas avec eux.» Un silence saisit la salle. «Le souci de la sécurité est très important et la sécheresse est exacerbée par ce problème. On doit trouver des solutions car les régions les plus sinistrées sont des lieux où l’insécurité est aussi importante

Diini Abdinur Mohamed lance ensuite une drôle de théorie: «Si vous vivez dans une zone sûre, vous pouvez vivre avec la faim. Mais si vous avez peur des attaques ou qu’ils (NDLR: les al-Chabab) vous tuent, même si vous avez de la nourriture, vous migrerez vers les villes plus sûres.» Cernée par les terroristes, Baidoa est un rare îlot sur lequel l’armée gouvernementale et la coalition africaine ont encore prise. «Tout dépend des directions que vous prenez en sortant de Baidoa, mais au plus près, al-Chabab est à 15 kilomètres de la ville», révèle le directeur général.

L’impact du conflit en Ukraine

La guerre et la faiblesse des précipitations durant quatre saisons consécutives ne sont pas les seuls facteurs d’une famine annoncée. L’invasion des criquets en février 2020 a grandement affecté les récoltes et réserves alimentaires du pays. La ruralité de Baidoa, autrefois grenier de Somalie, fournissait 75% des céréales du pays, selon Mohamed Abdulrahman Abdi, préposé à la sécurité alimentaire de l’ONG française Acted, rare association active sur place. «Quand il pleut suffisamment, les gens plantent du sorgho, du maïs ou des haricots et les récoltes sont stockées. Mais avec la répétition des sécheresses, ces réserves de céréales servent à nourrir les familles de paysans et leurs troupeaux uniquement», analyse-t-il, rendant ainsi le pays dépendant de ses importations extérieures.

Une vue aérienne à l’approche de la ville d’Hargeisa, «capitale» du Somaliland. Les quatre dernières saisons des pluies ont été insuffisantes en précipitations.
Une vue aérienne à l’approche de la ville d’Hargeisa, «capitale» du Somaliland. Les quatre dernières saisons des pluies ont été insuffisantes en précipitations. © MATTIA VELATI

Depuis la guerre en Ukraine, le prix des céréales importées a flambé. Pareil pour le litre de fuel, qui atteint les 2,5 dollars, faisant grimper le coût des vivres acheminés par avion. Alors, à Mogadiscio, le sac de riz de 50 kilos est passé de 27 à 67 euros. Dans certaines zones reculées de Somalie, la bouteille d’eau de 50 cl atteint 1,5 dollar, soit le salaire journalier des sinistrés. La plupart des produits élémentaires sont devenus inaccessibles pour les centaines de milliers de déplacés climatiques que les villes absorbent depuis une décennie et l’augmentation des sécheresses.

Outre la hausse du coût de la vie, la guerre en Ukraine a dévoyé une grande partie des dons humanitaires. Les Nations unies ont annoncé, fin octobre, un «déficit de financement de 412 millions de dollars, toutes activités confondues, pour les six prochains mois jusqu’en mars 2023, dont 315 millions de dollars pour les secours alimentaires et l’assistance nutritionnelle».

Réfugiés à Baidoa

Capitale de la province de Bay, Baidoa, 800 000 habitants, s’est étirée sur des dizaines de kilomètres. D’immenses rangées de tentes en forme de huttes se sont construites autour de son petit centre. La ville absorbe des strates de déplacés climatiques depuis quinze ans et l’augmentation du rythme des sécheresses. A tel point qu’une personne sur deux a fui sa région natale pour venir s’y réfugier.

Dans le camp d’Hassan Mumin, Ali Malin Hassan, 36 ans, raconte avoir quitté ses terres après avoir perdu ses vingt dromadaires et un nombre de chèvres et de vaches dont il n’a plus souvenir. La chemise ouverte laissant apparaître une cage thoracique saillante, l’homme dit vivre uniquement grâce à l’aide humanitaire. «Il n’y a pas de travail à Baidoa. Et je ne peux pas retourner dans ma région natale. Avant, il n’y avait que la sécheresse, mais maintenant il y a aussi la guerre. Donc, aucune ONG ne peut accéder à cette zone.»

S’il évoque Allah comme étant le seul décisionnaire, Ali l’ancien berger constate aussi ceci: «Quand j’étais petit, il y avait des sécheresses périodiques mais espacées et pas de cette intensité. Celle-ci est terrible. Aucune pluie ne fend ce ciel», assène-t-il en levant les yeux vers le ciel azur. «En ce moment, il est impossible d’élever des animaux en Somalie et d’en vivre. Mes enfants ne feront pas ce métier. Je veux qu’ils mènent des études et fassent un meilleur boulot, comme professeur, docteur.» La plupart de ses vingt-et-un enfants vont à la petite école du camp construite par le ministère de l’Education somalien.

Omar, un timide enseignant de 22 ans, y donne cours. Ce jour-là, beaucoup d’élèves sont absents. «La plupart viennent le ventre vide. Peu d’entre eux mangent à leur faim. Je sais que mes étudiants de l’après-midi font des petits boulots le matin pour pouvoir se payer au moins un repas dans la journée.» Le professeur admet que les parents sont prompts à envoyer leurs enfants étudier, même leurs filles, mais les maladies liées à l’insalubrité des camps et la faim déciment ses classes. «On lance parfois des conversations ouvertes avec les élèves et certains nous content des histoires très dures. Moi, je les comprends, car j’ai été à leur place quand j’étais petit. J’ai fui une sécheresse en 2009. J’ai perdu mon bétail, mes deux parents et j’ai vécu plusieurs années dans un camp de réfugiés au Kenya

En Somalie, les sécheresses devraient se banaliser à cause du réchauffement climatique: on y prévoit d'ailleurs une cinquième et sixième saisons des pluies insuffisantes, qui prolongeraient la sécheresse jusqu'à l’été 2023.
En Somalie, les sécheresses devraient se banaliser à cause du réchauffement climatique: on y prévoit d’ailleurs une cinquième et sixième saisons des pluies insuffisantes, qui prolongeraient la sécheresse jusqu’à l’été 2023. © MATTIA VELATI

Morts de malnutrition

Dépourvus de tout moyen de subsistance, ces milliers d’ex-petits fermiers et bergers ramassent le bois mort, portent les marchandises sur le marché, et leurs femmes réalisent des ménages ici et là. L’économie locale de Baidoa, trop dépendante de la pluie, ne propose pas réellement d’autres alternatives. Ainsi, partout dans ces camps de fortune, la faim se lit sur les visages et les corps.

Dans le camp d’Hiisole où la terre vire à la couleur orange à mesure qu’elle s’assèche, l’ONG Acted a construit cinquante abris de transition, installé des lampadaires solaires et une salle de réunion où de nombreuses femmes et hommes se sont rassemblés. Une femme se détache de la foule silencieuse. Elle porte un voile blanc dévoré par une tache pourpre. Le visage aux traits crispés de Salado Ali, 35 ans, trahit le récent deuil de sa fille Nunney, 2 ans. «J’ai fui la sécheresse d’Hudur (NDLR: à 130 kilomètres au nord de Baidoa) à dos d’âne, avec mes sept enfants. Le voyage a duré quatre jours. Quand nous sommes enfin arrivés dans ce camp, l’animal et mon bébé sont morts

Il n’y a pas de travail à Baidoa. Et je ne peux pas retourner dans ma région natale. Avant, il n’y avait que la sécheresse mais maintenant il y a aussi la guerre.

A ses pieds, une mère tient son nourrisson à la peau ravagée par la rougeole. Quand elle tente de le faire réagir, l’enfant ne semble plus avoir la force de pleurer. Mohamed Moalim, chef de la communauté, raconte le décès de cinq autres enfants au cours du mois écoulé. Tous sont morts de malnutrition. Selon les Nations unies, en Somalie, environ 1,8 million d’enfants de moins de 5 ans seraient susceptibles de souffrir de malnutrition aiguë jusqu’à l’été prochain, pendant que, rien qu’à Baidoa, 300 000 personnes pourraient mourir d’une famine annoncée, soit près de 40% de la population de la ville.

Perte de troupeaux

Dans le camp Bardheere, situé à une vingtaine de minutes de centre-ville de Baidoa, Abdi Hussein Issak, 36 ans, veille sur 285 familles agglutinées dans des tentes. Le revêtement coloré de bâches et d’habits cousus les uns aux autres est précaire. Tout comme l’accès à l’eau potable, à l’électricité, aux sanitaires, au recyclage des eaux usées et à la nourriture. «Nous avons tous perdu notre bétail et tous nos moyens de subsistance à cause de la sécheresse. Le camp s’est construit en 2019 mais on reçoit de nouveaux déplacés chaque jour, dont certains la nuit dernière», raconte t-il d’une voix calme.

L’homme dit avoir perdu au total quarante vaches et trente moutons, graduellement au cours de l’année. «En quelques mois, j’ai perdu ce que j’avais construit en 36 ans», se désole-t-il. Désormais seuls son bâton et ses jambes ont en mémoire les transhumances passées. Une vache coûtant cinq millions de shillings somaliens, soit 190 euros, il ne pourra pas reconstituer un troupeau, même en cas de retour des pluies pendant le dayr. «Cela prendrait vingt ans pour former un nouveau troupeau et en vivre», estime-t-il. Condamné à rester dans sa tente, Abdi attend chaque jour le peu qu’il peut partager avec les douze membres de sa famille. Sa femme fait de petits ménages là où elle peut. Parfois, des ONG distribuent de l’argent ou des vivres, mais les sources de revenus pour les hommes sont très rares.

L’Unicef tente de venir en aide aux résidents d’un camp de déplacés près de Baidoa. Des compléments alimentaires sont donnés aux enfants.
L’Unicef tente de venir en aide aux résidents d’un camp de déplacés près de Baidoa. Des compléments alimentaires sont donnés aux enfants. © MATTIA VELATI

Régénération des sols

Robert Simpson, directeur des opérations d’Acted en Somalie, espère un accroissement des dons mais surtout une diversification des programmes. «Dix-huit millions de dollars ont été dépensés par une grande institution internationale pour aider 360 000 Somaliens, accordant ainsi 75 dollars pendant quatre mois aux familles. Leur objectif premier ici est de maintenir les gens en vie. Mais ces familles, dans deux mois, seront revenues à un stade critique

En août 2019, Acted a testé au Somaliland la régénération des sols et de leur écosystème. «Le sol nu est une préoccupation plus importante que la baisse des précipitations parce que, quand il pleut, la pluie balaie violemment la fertilité des sols à la surface. Il faut donc inverser l’érosion des sols et les revitaliser pour retenir l’eau. Il faut également sensibiliser les éleveurs à une trans- humance qui imiterait les mouvements naturels des troupeaux sauvages. Donc une planification du pâturage pour s’assurer que la terre soit utilisée à bon escient et pour que le végétal ait le temps de repousser avant d’être brouté», avance Michael Mangano, ancien responsable d’Acted en Somalie. Une solution peu coûteuse et d’avenir pour la Somalie, dont les sécheresses devraient se banaliser à cause du réchauffement climatique. Les prévisions sont mauvaises: elles annoncent une cinquième et sixième saisons de pluies insuffisantes, prolongeant la sécheresse jusqu’à l’été 2023.

Un cours dispensé dans une école de Baidoa. Pour beaucoup de parents ayant tout perdu en raison de la sécheresse, l’éducation est la seule perspective de progrès pour leurs enfants.
Un cours dispensé dans une école de Baidoa. Pour beaucoup de parents ayant tout perdu en raison de la sécheresse, l’éducation est la seule perspective de progrès pour leurs enfants. © MATTIA VELATI

Ministère du Changement climatique

Au Somaliland, à mi-chemin entre Hargeisa et Berbera, les peintures rupestres des grottes de Laas Geel racontaient déjà, au IIIe millénaire av. J.-C., la dépendance de l’homme à ses troupeaux et à la pluie. Des dessins de bergers, rendus petits par l’immensité de leurs représentations des vaches, prouvent l’ancienneté de cette société pastorale. L’animal est partout et les petites scènes animées dans ces grottes narrent la joie des bergers après d’abondantes pluies. Seul le climat a changé. Les bergers contemporains arpentent désormais avec difficulté ces reliefs lunaires et tristes. Sur le chemin des ancêtres, les cadavres de chèvres et de moutons se décomposent lentement, laissant poindre des squelettes à l’ombre de petits arbustes.

La sécheresse et la guerre contre les islamistes d’al-Chabab ont fortement réduit les activités commerciales et économiques à Baidoa.
La sécheresse et la guerre contre les islamistes d’al-Chabab ont fortement réduit les activités commerciales et économiques à Baidoa. © MATTIA VELATI

Fort d’une plus grande stabilité sécuritaire et politique, le Somaliland, proto-Etat autoproclamé, se targue d’avoir établi l’un des plus vieux ministères de l’Ecologie de la région.

ll y a deux ans, le pays a même ajouté à son titre «et du Changement climatique». Dans la capitale Hargeisa, Mohamed Abdilahi Duale, son directeur général, reçoit dans son bureau décoré de photos de faune et de flore locales. «Au Somaliland, nous sommes les victimes d’un problème auquel nous n’avons jamais pris part. Nous espérons que les pays occidentaux trouveront une stratégie commune pour atténuer leur pollution. Leurs investissements doivent être plus conséquents», assène-t-il.

Dieu, vous qui nous avez amenés dans ce monde, nous vous demandons de ramener la pluie sur Terre!

Comme en Somalie, il y a urgence. Le pays a en effet perdu 49% de ses espaces de pâturage, devenus sable infertile, alors que plus de 60% de la société somalilandaise dépend de revenus liés à une activité pastorale. Cette année, plus de 1,5 million d’habitants auraient été affectés par la sécheresse et seraient en danger de sévère malnutrition. Selon une enquête menée en janvier 2022 par le gouvernement somalilandais, 71% de la population a exprimé l’absence d’eau comme son principal manque. «Nous devons diversifier notre économie, c’est un devoir. Il y a d’autres alternatives comme la pêche», pointe le directeur général… sans en proposer d’autres.

Bétail d’éthiopie

Difficile de prendre un virage aussi serré et soudain dans un pays qui n’exporte qu’une chose, du bétail et sa viande, et qui compte 70% de personnes au chômage. Malgré les sécheresses, le Somaliland n’a pas d’autre choix et continue d’exporter deux à trois millions de bêtes tous les ans, rien qu’en Arabie saoudite. «Sans le bétail, toute notre économie s’effondrerait», assure Faisal Ali Mohamed, directeur général du l’Autorité nationale de préparation aux catastrophes et de réserve alimentaire (ANPCRA). «L’idée est de ne pas abandonner l’élevage mais de s’adapter au changement climatique et c’est aux organisations internationales de contribuer à des programmes de préservation et de protection des terres de pâturage», résume son collègue Mohamed Abdilahi Duale. En attendant, le ministère de l’Ecologie et du Changement climatique dit replanter deux millions d’arbres pour lutter contre la désertification et mettre en place des zones de pâturage d’urgence pour pallier l’absence répétée de pluies.

L’absence de précipitations a provoqué la perte de milliers d’animaux en Somalie, désorganisant complètement les équilibres de la société.
La sécheresse a provoqué la perte de milliers d’animaux en Somalie, désorganisant complètement les équilibres de la société. © MATTIA VELATI

Sur le marché à bétail d’Hargeisa, les restaurateurs et éleveurs tournoient autour de centaines de dromadaires bien portants. Des hommes peignent le pelage des animaux pour les différencier afin que les propriétaires puissent reconnaître leurs bêtes. Un animal de taille adulte s’échange 900 euros et un de taille moyenne, 500 euros. Tous sont destinés à la consommation. Ali Essa, acheteur curieux, est venu jeter un œil à ces bêtes venues… d’Ethiopie. «Il n’y a plus de pluie au Somaliland, alors la majorité de dromadaires que vous voyez là viennent du pays voisin. Nos bêtes ici sont trop maigres pour pouvoir être vendues… La sécheresse a totalement perturbé le marché.»

Déplacés climatiques

A plusieurs dizaines de kilomètres de là, des femmes se sont réunies dans une hutte d’un camp de déplacés climatiques, regroupant 650 familles, dont une centaine arrivée au cours des trois derniers mois. Là-bas, tout le monde a perdu son bétail ; des milliers de vaches, de dromadaires et de chèvres mortes de faim ou de soif. Shasaan Omar Hussein et Mohamed Ali Ismail, les deux chefs de la communauté, font signe d’entrer. Dans la pénombre, des dizaines de Somalilandaises chantent et tambourinent sur des bidons d’eau en rythme. Une tradition appelée «sitaad».

Ce rassemblement spirituel psalmodie des paroles religieuses mais aujourd’hui, les mères du camp en appellent à la pluie et à la prospérité. «Dieu, vous qui nous avez amenés dans ce monde, nous vous demandons de ramener la pluie sur Terre!»

Un marché aux dromadaires à Hargeisa, au Somaliland. A cause de la sécheresse, la plupart des bêtes proviennent d’Ethiopie.
Un marché aux dromadaires à Hargeisa, au Somaliland. A cause de la sécheresse, la plupart des bêtes proviennent d’Ethiopie. © MATTIA VELATI

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