Signature d’un accord entre le Soudan et la CPI sur Béchir
Le Soudan et la Cour pénale internationale (CPI) ont signé jeudi à Khartoum un accord de coopération qui pourrait ouvrir la voie à la remise de l’autocrate déchu Omar Béchir et de ses collaborateurs à ce tribunal.
« J’ai demandé au gouvernement de transition (soudanais) de signer (…) un nouveau protocole d’accord avec mon bureau qui inclut toutes les personnes contre lesquelles des mandats d’arrêt ont été émis par la CPI », a déclaré à la presse le procureur général de cette cour basée à La Haye, Karim Khan. « Je suis heureux d’annoncer que le protocole d’accord a été signé aujourd’hui », a-t-il ajouté, à l’issue d’une visite d’une semaine au Soudan.
« Le transfert (à la CPI) de tout suspect est une étape importante mais doit être précédé et accompagné d’une coopération substantielle et toujours plus approfondie« , a déclaré M. Khan. Lors d’une rencontre avec M. Khan mercredi, la ministre soudanaise des Affaires étrangères, Mariam al-Mahdi, avait déclaré que le Conseil des ministres avait décidé de remettre les personnes recherchées par la CPI à cette instance.
L’ancien autocrate Omar el-Béchir et deux autres dirigeants sont réclamés depuis plus de dix ans pour « génocide » et crimes contre l’humanité lors du conflit au Darfour. Le conflit dans cette région de l’ouest du pays a opposé au début des années 2000 le régime à majorité arabe de M. Béchir à des rebelles issus de minorités ethniques s’estimant marginalisées. Il a fait environ 300.000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, essentiellement durant les premières années, d’après les Nations unies.
M. Béchir a été renversé après 30 ans d’un règne sans partage en avril 2019 sous l’impulsion d’un mouvement populaire inédit déclenché par le triplement du prix du pain. Il est emprisonné avec deux autres anciens hauts responsables accusés de crimes de guerre par la CPI: l’ex-gouverneur de l’Etat du Kordofan-Sud et ancien ministre, Ahmed Haroun, et l’ex-ministre de la Défense, Abdel Rahim Mohamed Hussein.
M. Khan a par ailleurs indiqué que des projets étaient en cours pour que la CPI ouvre un bureau au Soudan afin de recueillir de nouvelles preuves pour « constituer un dossier solide ». La décision de remettre M. Béchir et les deux autres ex responsables à la CPI doit encore obtenir l’approbation du Conseil souverain, la plus haute instance dirigeante au Soudan, composée de civils et de militaires.
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