"Elles comptent aussi!" Image de la campagne lancée par l'UNESCO qui appelle à une meilleure couverture médiatique des athlètes féminines. © UNESCO

Seuls 4% de la couverture sportive est dédiée principalement aux athlètes féminines

La lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes se joue aussi dans le sport et passe, notamment, par son traitement médiatique. A l’occasion de la journée mondiale de la radio, ce mardi 13 février, l’UNESCO dénonce la couverture sportive inéquitable entre hommes et femmes.

L’UNESCO appelle à une meilleure couverture médiatique de l’actualité des athlètes féminines dans une nouvelle campagne, lancée à l’occasion de la septième édition de la journée mondiale de la radio.

Le sport féminin largement sous-représenté dans les médias

Hommes ou femmes, les athlètes fournissent le même effort, dans les mêmes disciplines, ils participent aux mêmes compétitions. Pourtant, ils ne bénéficient pas de la même représentation médiatique. Selon le Rapport mondial de suivi des médias, les femmes occupent une place centrale dans seulement 4% des contenus sportifs.

Cette dénonciation intervient alors que les Jeux olympiques de Pyeongchang battent leur plein. Cette institution sportive fait, comme à chacune de ses éditions, l’objet d’une couverture médiatique intense (les JO d’hiver de Sotchi en 2014 avaient cumulé une audience record de 2,1 milliards de téléspectateurs pour plus de cent mille heures de diffusion, toutes plateformes confondues).

L’UNESCO pointe la responsabilité des médias face à la marginalisation des femmes dans le milieu sportif, tant du côté des athlètes que des journalistes. Des médias qui, pourtant, façonnent les perceptions du public. L’Organisation des Nations unies a donc lancé une campagne de sensibilisation, #hermomentsmatter, pour dénoncer les différences de traitement médiatique entre athlètes féminines et athlètes masculins.

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On retrouve sur le site de la campagne plusieurs capsules audios ainsi que des témoignages de sportifs et de journalistes. « Il est temps d’offrir aux athlètes féminines la couverture médiatique qu’elles méritent », peut-on entendre dans ces extraits. De combattre les préjugés, les stéréotypes et le manque de reconnaissance et de crédit dont souffrent souvent les sportives.

« L’inégalité dans la couverture sportive n’est pas seulement quantitative, elle est également qualitative » précise l’UNESCO. L’institution des Nations Unies déplore en effet les stéréotypes liés au genre véhiculés par les médias, axés sur l’apparence physique des athlètes ou sur leur statut familial.

Interviewée pour l’occasion, Annie Gasnier, journaliste au service sport de RFI, souligne que la représentation des athlètes dépend beaucoup de la discipline. Concernant le football féminin, « c’est vrai qu’on entendra souvent : « ah elle est mignonne ». Des propos qu’on se permet alors qu’on ne va pas se les permettre sur Cristiano Ronaldo ou sur Messi. Qu’ils soient beaux ou moches, on parle de leurs pieds, de leur talent, de leur corps, de leur ballon d’or donc il y a une différence là-dessus effectivement. »

Des inégalités du côté des journalistes

Par ailleurs, seulement 12% des informations sportives sont présentées par des femmes à la radio. Une proportion légèrement plus élevée dans les journaux (14%) et à la télévision (22%). Sur plus de 50 thèmes évalués, le sport apparaît comme le dernier des sujets susceptibles d’être rapportés par une femme. L’UNESCO rappelle pourtant que le genre n’est aucunement un gage de commentaire de qualité.

Au Pakistan, Fazeela Saba fait partie de ces rares journalistes sportives à s’être frayée un chemin dans cet univers largement dominé par les hommes. Depuis ses débuts, elle entend des remarques telles que : « elle est là parce qu’elle a un joli visage », ou encore « c’est une femme, qu’est-ce qu’elle a à voir avec le sport ? » Ces critiques poussent la journaliste à déclarer : « peu importe si vous analysez, si vous connaissez la réalité et les faits dans votre programme, on vous critiquera quand même, car vous êtes une femme. Personne ne dit que vous avez posé de bonnes questions avec les bonnes remarques, les bonnes recherches, tout le monde dit « Tu es magnifique » et c’est tout. »

Lise Cosimi, manager dans la radiodiffusion sportive pour HBS, observe une évolution quant à la présence féminine sur les écrans sur les quinze dernières années : « il y a effectivement plus de femmes ». Un constat dû à une loi imposant aux services audiovisuels d’avoir plus de mixité, notamment de genre, à l’écran. Toutefois, cette évolution est à nuancer : « ce n’est pas forcément satisfaisant, tout simplement parce que ce sont de très jolies femmes (…) On les met là parce qu’elles sont jolies et elles sont devant l’écran et pas derrière l’écran. Aujourd’hui, moi j’aurai souhaité qu’on ait beaucoup plus de femmes à l’arrière des caméras, sur tous les postes techniques, et ça on n’en a pas. »

Des athlètes aux équipes médiatiques, la lutte pour l’égalité de genres dans le sport est donc un vaste chantier à entreprendre à tous niveaux. « La tâche est immense » confirme Audrey Azoulay, la Directrice générale de l’UNESCO. Et les médias ont un rôle clef à jouer. « La radio », développe la Directrice, « peut être en première ligne pour lutter contre le racisme, la xénophobie, l’intolérance, pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes, sur le terrain et sur les ondes. »

Oriane Renette.

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