Scandale Orpea en France: ouverture d’une enquête judiciaire
Une enquête judiciaire a été ouverte à Nanterre après que le gouvernement a porté plainte contre le groupe privé Orpea, gestionnaire de maisons de retraite, soupçonné de maltraitance et de détournements de fonds publics.
Le gouvernement avait porté plainte à l’issue d’une enquête administrative qui a révélé des « dysfonctionnements graves » dans la gestion des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Cette enquête judiciaire, confiée aux gendarmes de la Section de recherche de Versailles (ouest de Paris), a été jointe à des investigations, déjà en cours depuis février, pour « faux et usage de faux et infraction à la législation sur le travail en recourant abusivement à des contrats à durée déterminée », a précisé le parquet.
L’enquête porte également sur une bonne « partie des plaintes » déposées par une avocate au barreau de Paris, Sarah Saldmann, début avril 2022, le reste des plaintes étant encore « à l’étude ». Me Saldmann avait annoncé avoir déposé environ 70 plaintes auprès du parquet. Pour ces dossiers, qui dénoncent des faits dans tout le pays, les investigations ont été « confiées à la direction générale de la gendarmerie nationale », selon le parquet. « Je me réjouis d’une ouverture d’enquête mais j’attends de voir ce qu’il en est des autres dossiers », a réagi Me Sarah Saldmann.
Contacté, Orpea n’avait pas réagi dans l’immédiat. Le 26 mars, le gouvernement avait annoncé qu’il saisissait la justice et qu’il comptait exiger d’Orpea le remboursement de dotations publiques présumées détournées de leurs fins.
Le groupe Orpea, dont le siège se situe à Puteaux (région parisienne), est sous le feu des critiques depuis la parution fin janvier du livre-enquête de Victor Castanet, « Les Fossoyeurs ». Il y décrit un système, au sein du groupe privé, où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont « rationnés » pour améliorer la rentabilité de l’entreprise. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort, note Victor Castanet. D’après l’enquête administrative, le « pilotage » des établissements du groupe Orpea, « donne la priorité à la performance financière » plutôt qu’à des critères de qualité. Les inspecteurs relèvent une insuffisance des « grammages » des repas servis aux personnes âgées. Sur le plan comptable, « les documents financiers obligatoires transmis aux tutelles par les Ehpad sont insincères », selon les rapports. Le groupe Orpea gère des maisons de retraite dans 23 pays, principalement européens, dont la Belgique. En France, il gère un réseau de 354 établissements.
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