Royaume-Uni : l’overdose de pouvoir de Margaret Thatcher
Alors que le Parti conservateur britannique se cherche un nouveau leader et que les deux derniers Premiers ministres qu’il a fournis au royaume n’ont été à la tête du gouvernement que pendant trois ans, il est intéressant de revisiter l’ère de Margaret Thatcher, locataire du 10 Downing Street pendant près de douze années. L’opportunité nous en est donnée par l’intéressant récit de l’essayiste et romancière Judith Perrignon intitulé Le Jour où le monde a tourné (1).
L’ autrice rappelle les origines et les traits de personnalité de la Première ministre. Elle revient, à travers interviews et reportages, sur les grands moments qui ont émaillé ses mandats: le démembrement du service national de santé, la victoire dans la guerre des Malouines contre l’Argentine, la lutte implacable contre l’IRA, l’Armée républicaine irlandaise, en Irlande du Nord, marquée notamment par la mort de dix prisonniers grévistes de la faim en 1981, le bras de fer terrible, enfin, avec les mineurs dont la Dame de fer voulait briser le pouvoir syndical.
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Un de ses conseillers diplomatiques de l’époque, Charles Powell, explique que Margaret Thatcher «n’a jamais émis l’idée de sortir de l’Union européenne pendant tout le temps où elle a été Première ministre» et qu’elle aurait davantage bataillé que David Cameron ne l’a fait pour obtenir une exception sur le libre-échange, au lieu de se lancer dans un référendum menant au Brexit. En revanche, les conditions de sa démission rappellent la conjoncture actuelle. «Elle a fait une overdose de pouvoir et elle a été renversée» par les ténors de son propre parti, résume le chef de l’opposition travailliste de l’époque, Neil Kinnock. Une overdose de pouvoir portée par le sentiment d’être invulnérable, cela ressemble assez bien au mal qui a frappé Boris Johnson.
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