Rishi Sunak, l’ex-Chancelier jeune et riche
Jeune, riche, Rishi Sunak, a dû gérer les Finances du Royaume-Uni pendant la pandémie, puis sous une inflation record. A 42 ans, ce descendant d’immigrants venus d’Inde est à présent lancé dans la bataille finale pour devenir le premier chef de gouvernement non-blanc de sa majesté.
Placé nettement en tête par les députés conservateur britanniques, ce partisan du Brexit affrontera la ministre des Affaires étrangères Liz Truss dans un duel pour succéder à Boris Johnson, dont il a contribué à précipiter la chute en démissionnant début juillet. Un départ qui alimente les soupçons de trahison chez les fidèles de Boris Johnson. Il doit à présent convaincre les membres du parti conservateur, auprès desquels il est moins populaire, un récent sondage le donnant perdant quelle que soit son adversaire.
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Eternel sourire aux lèvres et air de premier de la classe, cet homme à la silhouette longiligne a été propulsé, au début de la pandémie de Covid-19, aux fonctions de grand argentier. Il s’y est vite rendu populaire en déliant largement les cordons de la bourse, quand Boris Johnson essuyait les critiques sur sa gestion de l’épidémie de Covid-19, avant de se voir reprocher de ne pas assez soutenir les ménages face au coût de la vie.
Amende pour le « partygate »
Son image de sérieux et d’intégrité s’est trouvée sévèrement écornée quand a éclaté au grand jour le fait que son épouse, Akshata Murty, de nationalité indienne et fille d’un magnat des services informatiques, avait choisi de bénéficier d’un statut fiscal qui lui permettait d’éviter de payer au fisc britannique des impôts sur ses revenus étrangers. Rien d’illégal, mais cette révélation a été très mal perçue par des Britanniques étranglés par l’inflation.
Il a aussi été éclaboussé par le « partygate », scandale des fêtes à Downing Street pendant les confinements, en étant, tout comme le Premier ministre, sanctionné par une amende pour sa présence à un anniversaire surprise organisé pour Boris Johnson. Pendant la première partie de la campagne pour prendre la tête du parti conservateur, ce partisan de l’orthodoxie budgétaire a étrillé les « contes de fées » des baisses d’impôts massives promises par ses adversaires.
Il n’avait fallu que cinq ans en politique à M. Sunak pour accéder, à 39 ans, au poste très convoité de ministre des Finances après la démission de son prédécesseur Sajid Javid. Il avait uniquement été auparavant secrétaire en chef du Trésor et secrétaire d’Etat chargé des collectivités locales.
Premier hindou Chancelier de l’Echiquier, il avait prêté serment sur le Bhagavad Gita, un texte sanskrit sacré lorsqu’il avait fait son entrée à la Chambre des Communes en tant que député du Yorkshire (nord de l’Angleterre) en 2015.
Rappelant le travailliste Tony Blair, il bâtit une véritable marque « Rishi Sunak » sur Twitter et Instagram. Connu pour ne pas boire d’alcool et son goût du détail, on l’y voit en train de travailler chez lui en sweat à capuche ou en bottes et gilet fluorescent sur un chantier.
Grandes écoles
Avec parfois des retours de flamme : il avait été raillé à l’été 2020 pour une photo où l’on voyait une très onéreuse tasse connectée trôner sur son bureau. Il a aussi récemment vu resurgir une vidéo de jeunesse où il confessait n’avoir personne dans son entourage issu de la classe ouvrière. Né le 12 mai 1980 à Southampton, sur la côte sud de l’Angleterre, M. Sunak est l’aîné de trois enfants et le fils d’un médecin généraliste du système de santé public et d’une pharmacienne. Nés en Inde, ses grands parents ont émigré en Afrique orientale britannique dans les années 1960.
Celui qui dit avoir fait l’expérience du racisme une fois dans un fast-food lorsqu’il était adolescent a fréquenté le Winchester College, un très chic pensionnat pour garçons. Il a ensuite étudié la politique, la philosophie et l’économie dans les prestigieuses universités d’Oxford, en Angleterre, et de Stanford, aux Etats-Unis.
Avant d’entrer en politique, il a travaillé dans la finance, en particulier chez Goldman Sachs, et fondé sa propre société d’investissement. Amateur de cricket et de football, fan de « Star Wars », ce propriétaire d’un manoir géorgien dans un village du Yorkshire est considéré comme étant l’un des députés britanniques les plus riches. Une fortune qui pourrait aussi le décrédibiliser dans un pays qui voit le coût de la vie flamber pour les plus modestes.
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