Retour de la guerre : les coopérations internationales sont plus utiles que jamais
L’ex-secrétaire générale adjointe de la Cnuced, Isabelle Durant, appelle à réformer la gouvernance multilatérale en crise.
Les temps troublés que nous connaissons, faits de guerres et de montée de la confrontation entre «blocs», questionnent l’action ou l’inaction supposée d’instances vouées au multilatéralisme comme l’Organisation des Nations unies. Pour Isabelle Durant, ancienne secrétaire générale adjointe de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), c’est précisément parce qu’elle «substitue le dialogue et le vote à la violence» et «travaille pour le bien commun» que l’ONU conserve toute son importance. Elle l’explique, avec conviction et sincérité, dans Le Monde d’ici commence ailleurs (1).
L’ONU substitue le dialogue et le vote à la violence.
L’ex-vice-présidente du Parlement européen et ex-vice Première ministre belge déplore que les critiques, fondées, sur l’impuissance du Conseil de sécurité, qui cristallisent l’ONU bashing, occultent son action dans des domaines concrets. Parmi d’autres instances, l’Organisation mondiale de la santé, pendant la crise sanitaire, l’Organisation internationale du travail, le Bureau de coordination des affaires humanitaires, l’Organisation météorologique mondiale, ou la Cnuced, dans la négociation sur l’accord céréalier entre l’Ukraine et la Russie aujourd’hui dénoncé par la seconde, en fournissent régulièrement des preuves.
Isabelle Durant rappelle que l’ONU met en œuvre «un système d’action qui repose sur l’adhésion à des valeurs, à des principes d’action collective et de puissance équilibrée et partagée». Or, si l’ONU paraît aujourd’hui désunie, voire en état de mort cérébrale pour certains, c’est parce que prévalent précisément dans le monde «la confrontation des puissances et la bataille des valeurs». Normal, l’ONU n’est que le résultat de ce que ses Etats membres veulent bien lui accorder comme possibilités d’action.
Mais ce questionnement peut aussi être à l’origine d’un sursaut salutaire. «La multiplication des crises et les mouvements géopolitiques en sens divers ont créé un momentum qu’il s’agit de saisir pour réformer la gouvernance multilatérale, en tout cas sur le plan de l’architecture financière», assure Isabelle Durant qui s’interroge en particulier sur le rôle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Sa foi dans les vertus du multilatéralisme n’en est pas pour autant atteinte. Au contraire, elle est même dopée par les initiatives de plus en plus nombreuses de la société civile.Pour elle, «dialoguer n’est jamais perdu».
(1) Le Monde d’ici commence ailleurs. Coopérations utiles pour des temps compliqués, par Isabelle Durant, Couleur livres, 164 p.
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