Qui sont les résistants de la guerre en Ukraine ? (portraits)
Depuis le 24 février et le début de la guerre en Ukraine, le monde loue ses résistants face à l’ogre russe. Cette résistance n’est pas qu’un concept. Des hommes et des femmes lui donnent chaque jour vie par leur courage, leur souffrance et leur sacrifice.
Qui sont les résistants de la guerre en Ukraine, ces hommes et ces femmes qui font barrage à l’ogre russe ? Portraits.
Vitali Klitschko : le maire citoyen
Au plus près de ses concitoyens après chaque bombardement, le maire de Kiev Vitali Klitschko est une des figures médiatiques de la résistance ukrainienne à l’invasion russe. Pour lui comme pour le président Zelensky, son adversaire en politique avant le 24 février, quitter la capitale n’a jamais été une option, même dans les premières heures de la guerre, quand les commandos russes ont tenté un renversement express du pouvoir. L’ancien triple champion du monde de boxe dans la catégorie poids lourds, à la fin des années 1990 et dans la décennie 2000, garde, à 50 ans (51, le 19 juillet), le sang-froid de l’athlète accompli et sûr de lui. Si les Russes se piquaient de revenir assiéger sa ville, il est prêt à se battre comme l’a fait son père dans… l’armée soviétique.
Irena Karpa : la guerre des mots
Une armée de consultantes se sont mobilisées depuis le début de la guerre pour expliquer et défendre sur les plateaux des chaînes télé d’information en continu, en France et ailleurs, la politique et la stratégie de l’Ukraine. Présentées comme experte en développement international, rédactrice dans une revue européenne, spécialiste en politique publique… elles renvoient l’image d’une proximité de l’Ukraine avec l’Union européenne. Ancienne première secrétaire de l’ambassade d’Ukraine à Paris, l’écrivaine Irena Karpa symbolise par excellence ce combat. Relais de la souffrance des victimes, elle prouve que l’on peut être utile, même éloignée du front. «Je sens la rage. La haine n’est pas constructive», confie-t-elle. Des mots qui résonnent comme une garantie de salut pour toute une nation.
Illia Ponomarenko : le messager visionnaire
Spécialiste des questions de défense et de sécurité au média The Kyiv Independent, Illia Ponomarenko est un des témoins les plus affûtés de l’évolution de la guerre, présent notamment sur le front du Donbass où les armées ukrainienne et russe se livrent la bataille la plus violente depuis le 24 février. C’est dire le courage qui le caractérise. Illia Ponomarenko s’illustre aussi par son talent d’analyste. Publié le 15 février, son article «Même si la Russie attaque, la défaite de l’Ukraine n’est pas écrite» annonçait la vigueur de la réponse des troupes ukrainiennes et la résistance d’une «population en colère de 40 millions de personnes». «Après huit ans de guerre dans le Donbass, les sentiments prorusses en Ukraine sont plus bas que jamais», écrivait-il. Les faits lui ont amplement donné raison.
Lyubov Plaksyuk : l’armée au féminin
Les Ukrainiennes ne sont pas actives que dans la guerre médiatique et le secours aux réfugiés et déplacés. Elles sont nombreuses aussi en service dans le combat armé. Trente-sept mille d’entre elles seraient ainsi mobilisées au sein des troupes sur le terrain, selon un chiffre donné par Olena Zelenska, l’épouse du président, à la conférence Wowen in conflicts qui s’est tenue à Bruxelles le 10 juin. Lyubov Plaksyuk, une ancienne professeure d’histoire, est connue comme la première femme à avoir commandé une unité d’artillerie de l’armée ukrainienne. Une centaine d’autres l’ont suivie dans différents corps.
Olena Zelenska : la cible numéro deux
L’ennemi a désigné «ma famille comme cible numéro deux», avertit le président Volodymyr Zelensky, la première cible, quelques heures après l’entrée des chars russes en Ukraine. Pendant deux mois, Olena Zelenska et les enfants du couple, Aleksandra, 17 ans, et Kyrylo, 9 ans, vont vivre cachés dans un endroit tenu secret, sans doute lové dans l’ouest, moins exposé, du pays. Une période difficile pour celle qui est au côté de l’ancien acteur-producteur en tant que scénariste depuis le tout début et qui est contrainte de s’en éloigner. Depuis mai, Olena Zelenska, revenue à Kiev mais pas dans le palais présidentiel, enchaîne les apparitions publiques, entre rencontre avec la première dame des Etats-Unis Jill Biden, participation en visioconférence à la conférence internationale consacrée aux femmes dans les conflits, et, le plus important pour elle, cérémonie d’hommage aux 261 enfants ukrainiens morts pendant le conflit, le 4 juin.
Valery Zaloujny : l’armée en mutation
Après cinq mois de guerre, difficile, paradoxalement, d’identifier une figure emblématique de l’armée ukrainienne. Les autorités font montre d’une extrême prudence sur tout ce qui a trait aux opérations logistiques et aux actions sur le terrain. Il reste que les Ukrainiens opposent à l’armée russe une résistance que personne n’attendait. Elle est le fruit d’un travail de mutation de l’institution militaire d’une doctrine de type soviétique aux méthodes modernes de l’Otan, affiné par le lieutenant-général Valeri Zaloujny depuis qu’il a accédé au poste de commandant en chef des forces armées en juillet 2021. Il n’est pourtant pas qu’un théoricien de la guerre. Il l’a éprouvée dans ses tripes lors de la bataille perdue de Debaltseve en 2015 sur le front, déjà, du Donbass.
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Roman Ratushny : le rêve brisé
Engagé dans la lutte pour le rapprochement de l’Ukraine avec l’Union européenne à 16 ans, mort dans le combat contre les forces russes et antieuropéennes à 24 ans: difficile de trouver destin plus tragique que celui de Roman Ratouchny. Avec des copains, il avait intégré la 93e Brigade motorisée de l’armée au début du conflit. Il n’a pas survécu à une attaque russe sur le front d’Izioum, à l’est du pays, le 9 juin. Une cérémonie d’hommage organisée à Kiev le 18 juin a montré combien le parcours de Roman Ratouchny symbolisait la quête de toute une jeunesse. Aux avant-postes de la révolution de Maïdan en 2013-2014, il fut aussi militant écologiste et activiste anticorruption. Combattre le bras armé de la dictature russe était une évidence. Les jeunes qu’il a attirés, par son charisme, dans son action sont la plus belle promesse pour une Ukraine libre.
Andriy Yermak : l’homme orchestre
Il figure au côté de Volodymyr Zelensky sur la vidéo diffusée par celui-ci, depuis une rue du centre de Kiev, au deuxième soir de l’invasion russe. Andriy Yermak est un membre de l’équipe rapprochée du président ukrainien, depuis la campagne pour son élection en 2019, et plus encore depuis le 24 février 2022. Producteur et avocat spécialiste des questions de propriété intellectuelle, il collabore avec Zelensky l’acteur à partir de 2011. A l’instar de nombreux employés de la société de production Kvartal 95, il suit Zelensky le candidat dans la campagne présidentielle de 2019. Il intègre naturellement l’équipe de Zelensky le président une fois celui-ci élu. A un poste clé, chef du bureau présidentiel. Ce célibataire, né à Kiev en 1971, est de toutes les décisions stratégiques importantes prise pour la survie de la nation ukrainienne.
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