Qui est le groupe derrière l’attaque jihadiste de Ouagadougou ?
Le groupe Al-Mourabitoune, mouvement armé jihadiste de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar qui serait à l’origine de l’attaque jihadiste à Ouagadougou, a rallié récemment Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
L’attaque qui a visé, entre vendredi et samedi, la capitale du Burkina Faso et fait plus de 20 morts, a été revendiquée par le groupe jihadiste Aqmi qui l’a attribuée au groupe Al-Mourabitoune, selon SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes.
Le 4 décembre 2015, le chef d’Aqmi avait annoncé le ralliement du groupe Al-Mourabitoune et revendiqué conjointement la prise d’otages en novembre à l’hôtel Radisson de Bamako au Mali qui avait fait plus d’une vingtaine de morts. Al-Mourabitoune avait confirmé avoir rallié Aqmi et souligné la nécessité d’unifier les rangs des jihadistes.
Al-Mourabitoune a revendiqué le premier attentat visant des Occidentaux à Bamako, le 7 mars 2015 au bar-restaurant la Terrasse (cinq morts: trois Maliens, un Français et un Belge). Mokhtar Belmokhtar, un des chefs jihadistes les plus redoutés du Sahel, milite pour une grande coalition avec les jihadistes du Niger, du Tchad et de la Libye. Donné plusieurs fois pour mort, notamment en juin dernier et en avril 2013, son décès a été démenti à chaque fois.
En mai 2015, Belmokhtar a réaffirmé la loyauté de son groupe à Al-Qaïda et démenti l’allégeance à l’organisation de l’Etat islamique (EI) proclamée par un autre dirigeant d’Al-Mourabitoune.
Dans un communiqué daté du 17 juillet, ce groupe s’est de nouveau démarqué de l’EI et a associé Al-Qaïda à son nom, signant son communiqué de « Al-Mourabitoune-Al-Qaïda du jihad en Afrique de l’Ouest ». Le communiqué affirmait que Khaled Abou al-Abbas – le nom sous lequel Mokhtar Belmokhtar est connu dans les milieux jihadistes – « a été élu par le Conseil de la Choura des Mourabitoune émir » du groupe.
Fusion jihadiste
Al-Mourabitoune est né de la fusion du groupe des « Signataires par le sang », unité combattante créée fin 2012 par Belmokhtar, lui-même ex-chef d’Aqmi, et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).
Le Mujao, implanté en particulier dans la région de Gao, dans le nord du Mali, fait partie des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda qui ont contrôlé cette partie du pays pendant près d’un an, entre le printemps 2012 et début 2013. Ils ont été en grande partie chassés par l’opération militaire Serval, lancée à l’initiative de la France en janvier 2013.
Le 16 janvier 2013, des membres du groupe des « Signataires par le sang » avaient pénétré sur le site du complexe gazier d’In Amenas, à quelque 1.300 km au sud-est d’Alger, et capturé des centaines d’Algériens et d’étrangers, en représailles à l’intervention française au Mali. L’armée algérienne avait lancé l’assaut trois jours plus tard. Au total, 40 employés de 10 nationalités et 29 assaillants avaient péri.
Quelques mois plus tard, le 23 mai 2013, un double attentat-suicide faisait 25 morts, essentiellement des militaires, dans le nord du Niger. Les deux attaques, les premières du genre dans le pays, avaient été revendiquées par les « Signataires par le sang » et le Mujao. Trois mois plus tard, ces deux groupes annonçaient leur fusion en un seul mouvement appelé Al-Mourabitoune.
Au Mali, outre l’attentat de Bamako en mars, ce groupe a revendiqué un attentat suicide commis le 15 avril contre le contingent nigérien d’une base de l’ONU dans le Nord. Il avait déjà revendiqué un attentat suicide dans lequel un soldat français avait été tué le 14 juillet 2014, jour de la fête nationale française, près de Gao. Au Burkina Faso, pays jusque-là épargné par les prises d’otages et les attaques, Al-Mourabitoune avait revendiqué l’enlèvement en avril 2015 d’un Roumain, responsable de la sécurité d’une mine dans le Nord. Une vidéo le montrant aux mains de ses ravisseurs a été diffusée en août.
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