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Qui est Evgueni Prigojine, principal artisan des basses oeuvres du Kremlin?

D’un contrat pour la restauration du Kremlin à l’aveu qu’il est bien à l’origine de la formation paramilitaire Wagner impliquée en Ukraine et ailleurs, le nom d’Evgueni Prigojine revient dans les dossiers russes les plus troubles.

Dans un communiqué laconique de sa société de restauration « Concord », M. Prigojine, 61 ans et surnommé le « cuisinier de Poutine« , a baissé le masque lundi, confirmant qu’il avait bien fondé en 2014 le groupe Wagner, d’abord pour envoyer des « volontaires » dans le Donbass, dans l’est de l’Ukraine. Moscou y avait ourdi une rébellion séparatiste, en plus de l’annexion de la Crimée, pour contrer l’accession au pouvoir de pro-Occidentaux à Kiev.

Prigojine avec Poutine

« Ces gars, des héros, ont défendu le peuple syrien, d’autres peuples de pays arabes, les démunis africains et latino-américains, ils sont devenus un pilier de notre patrie », a revendiqué Evgueni Prigojine. L’homme au crâne rasé, dont les images étaient rares, est sorti de l’ombre. Selon les médias russes, photos à l’appui, il était présent le 24 septembre, médaille de héros de la Russie sur la poitrine, à une cérémonie du souvenir à Volgograd, pour un combattant de Wagner tué en Ukraine.

Il était aussi apparu mi-septembre – selon toute vraisemblance – sur une vidéo le montrant en train de haranguer avec gouaille les détenus d’un pénitencier russe pour qu’ils s’engagent chez Wagner et partent combattre en Ukraine, en échange… d’une amnistie. Le groupe « Concord » n’a pas démenti. Cet univers, le « cuisinier de Poutine » le connaît bien, puisqu’il a passé 9 ans en prison à l’époque soviétique, condamné pour des délits de droit commun.

Prison

Il sort de prison en 1990, alors que l’Union soviétique est en train de s’effondrer. Originaire comme Vladimir Poutine de Leningrad, qui redevient bientôt Saint-Pétersbourg, il monte d’abord une affaire à succès de vente de hot dogs.

Il lance ensuite plusieurs activités dans la restauration, dont un restaurant de luxe à Saint-Pétersbourg où vient dîner le jeune Poutine, qui passe alors des services secrets à la mairie de la ville. Après l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000, son groupe, Concord, officiera au Kremlin. L’un des clichés les plus connus de lui le montre en 2011, penché sur un Vladimir Poutine attablé auquel il présente un plat. Un autre le montre faisant visiter à M. Poutine une de ses usines de restauration près de Saint-Pétersbourg.

Basses oeuvres

Réputé milliardaire bien que sa fortune ne soit pas connue, plusieurs médias lui prêtent en effet un vaste et lucratif empire bâti à coups de contrats publics, grâce à sa proximité présumée avec le maître du Kremlin. Au fil des dossiers sensibles des dernières années, il est soupçonné d’être le principal artisan, avec les services secrets, des basses oeuvres du Kremlin. Il avait ainsi déjà été sanctionné par Washington pour son rôle présumé dans l’ingérence russe dans la présidentielle américaine de 2016 par le biais d’une « usine à trolls« .

En 2018, alors que le groupe Wagner, déjà remarqué en Ukraine, Syrie et Libye, est accusé de prendre pied en Afrique, trois journalistes russes enquêtant sur les affaires de la société paramilitaire sont tués en Centrafrique. Enfin, il était déjà sorti de sa réserve pour s’en prendre à l’opposant Alexeï Navalny, alors ennemi numéro 1 de Vladimir Poutine et pourfendeur de la corruption, qui avait affirmé dans une de ses enquêtes vidéo très populaires parmi la jeunesse russe qu’un sous-traitant de la société Concord servait de la nourriture avariée dans les écoles. Il avait fait condamner en justice à de lourdes indemnités l’opposant, par la suite empoisonné puis jeté en prison.

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