Quelle est la situation en Ukraine? Trois questions à Philippe Blanchart
Philippe Blanchart est député fédéral et membre de la Commission des Affaires étrangères. Il est actuellement en Ukraine, mandaté par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, en qualité d’observateur des élections législatives anticipées qui ont lieu aujourd’hui. Celles-ci s’annoncent complexes dans le contexte actuel.
Quelle est climat sur place en cette journée d’élections?
Je viens de terminer une tournée des bureaux de vote à Kiev. Malgré les consignes de sécurité que nous avions reçues hier, et qui étaient assez alarmistes, cela semble assez calme pour l’instant. Il y a même un rayon de soleil, les gens se promènent, il n’y a rien d’alarmant à signaler dans le centre de Kiev, mais la journée n’est pas finie.
La plupart des gens ont voté, et les bureaux vont fermer pour faire place au dépouillement des votes, le tout dans un climat relativement calme. Maintenant mes observations ne valent que pour le centre de Kiev. Dans la région frontalière avec la Russie, le Donbass (la région la plus industrielle du pays qui est actuellement paralysée par les conflits) il n’y a eu qu’environ 20% de votants.
Le climat, calme de Kiev, est-il représentatif de l’ensemble de ces législatives?
Je reviens du Bureau du Conseil de l’Europe, à Kiev rien à signaler à part les nombreuses caches d’armes découvertes avant les élections, et qui auraient sans doute dues servir…
A l’est, du côté de la frontière russe, on m’a signalé que des bureaux étaient cernés, ce qui n’est pas normal… Au sud du pays, il y a eu des coups de feu contre des gens qui allaient voter.
De toutes les élections que j’ai faites, c’est une des moins rassurantes. Lors du briefing de sécurité, les consignes étaient claires, au moindre signe de tension, on devait déguerpir.
Et la situation économique ?
Suite aux tensions avec la Russie, l’Ukraine a perdu 30% de son fonctionnement économique. Aucun des bureaux de vote que j’ai visités n’était chauffé aujourd’hui par mesure d’économie. Les écoles ferment 15 jours au lieu d’une semaine pour économiser du chauffage. On sent qu’on est au milieu d’une crise, les rues sont vides le soir alors que Kiev était quand même une ville relativement vivante, les restaurants sont vides.
Les citoyens attendent beaucoup de ces élections, les Ukrainiens n’ont qu’une confiance limitée dans l’Etat et l’administration tels qu’actuellement. Malgré cela ils gardent espoir pour ces élections : ils sont désabusés de la situation mais veulent garder confiance dans l’avenir, et pour cela en plus des élections une partie compte sur l’Europe et une autre sur la Russie.
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