Quand les foules déboulonnent les statues…
La destruction de statues de figures historiques et politiques, comme celle d’un marchand d’esclaves par des manifestants antiracistes à Bristol (Royaume-Uni), est un symbole de libération ou de rébellion qui compte de nombreux précédents dans le monde.
Dimanche, lors d’une manifestation contre le racisme et en hommage à George Floyd, la statue d’Edward Colston, marchand d’esclaves de la fin du 17e siècle qui a financé de nombreuses institutions de Bristol, a été jetée à l’eau.
Chez nous, une statue du roi Léopold II, figure controversée du passé colonial, a été retirée d’un square à Anvers mardi après avoir été vandalisée.
– Aux Etats-Unis –
Los de l’été 2017, plusieurs statues de soldat de la Confédération des Etats du sud des Etats-Unis – qui défendaient l’esclavagisme lors de la guerre de Sécession – sont renversées au grand dam de Donald Trump.
Le 12 août, une femme meurt à Charlottesville dans une attaque à la voiture-bélier conduite par un néo-nazi s’opposant au déboulonnage d’une statue confédérée.
A Durham (Caroline du Nord), à Gaineville (Floride), Baltimore (Maryland) à la Nouvelle-Orléans (Louisiane) ou encore à Austin (Texas), plusieurs statues érigées en l’honneur de généraux esclavagistes sont démolies les jours suivants.
Même scénario samedi dernier à Richmond (Virginie) où la statue de Williams Carter Wikham, un autre général des confédérés, est mise à terre et taguée lors d’une manifestation contre les violences policières.
– Au Moyen-Orient –
Le 9 avril 2003, une centaine d’Irakiens épaulés par un blindé américain font chuter la statue de Saddam Hussein, matérialisant la chute d’un régime dictatorial en place depuis 24 ans.
Le 25 mars 2011, une statue du président syrien défunt, Hafez al-Assad, est déboulonnée à Deraa. Près de 300 jeunes scandant des slogans hostiles au régime montent dessus, marquant le début du Printemps arabe syrien.
Le 18 mars 2018, les combattants de l’offensive turque dans l’enclave kurde d’Afrine concentrent leur colère sur un homme hors du commun: Kawa le forgeron, héros mythologique adulé par les Kurdes, dont la statue est déboulonnée.
– Dans le bloc soviétique –
Le 17 novembre 1989, les habitants de Varsovie applaudissent l’explosion d’une statue de Felix Dzerjinski, le fondateur de la Tcheka, ancêtre du KGB, et s’en partagent des fragments comme souvenirs de la chute du communisme en Pologne.
Après la chute de Ceausescu, la Roumanie se débarrasse elle aussi des symboles de domination soviétique, en démembrant en mars 1990 la statue de Lénine qui surplombait la place de l’Etoile de Bucarest.
Une autre statue de Felix Dzerjinski est déboulonnée le 22 août 1991, à Moscou cette fois place de la Loubianka, devant le siège du KGB.
En géorgie, il faut attendre 2010 pour que la statue de six mètres de haut de Staline soit déboulonnée en catimini, de nuit, dans sa ville natale de Gori, où elle se trouvait depuis 1952. Mais le conseil municipal décide de la réinstaller en 2013, devant le musée de la ville.
Le 8 décembre 2013 en Ukraine, une trentaine de manifestants renversent une statue de Lénine. En 2015, le nouveau gouvernement interdit les monuments à la gloire de responsables soviétiques, qui sont démontés.
– En France –
Le 16 mai 1871, alors que la Commune de Paris est en insurrection contre le gouvernement après la défaite face à la Prusse en 1870, les communards parisiens déboulonnent la colonne Vendôme, où la statue de Napoléon Ier trône à plus de quarante mètres de haut.
Le peintre Gustave Courbet est jugé, condamné et emprisonné pendant six mois pour avoir mené ce mouvement et la colonne sera reconstruite au même endroit, en 1873, à ses frais.
Le 23 mai 2020, deux statues de Victor Schoelcher ont été renversées en Martinique par des militants anti-béké et hostiles à l’héritage colonial. Ces hommages à celui qui avait décrété l’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848 empêchent, pour certains opposants, la reconnaissance des héros locaux de l’abolition.
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