Procès du coq Maurice, « nuisance sonore » ou symbole de la ruralité ?
Ville contre campagne ou procès du bruit ? Le coq Maurice, qui chante trop tôt le matin sur l’île d’Oléron au grand dam des voisins, a été accusé jeudi d’être une « nuisance sonore » devant le tribunal de Rochefort.
Maurice, fatigué, n’était pas à l’audience, tout comme le couple de retraités qui l’accusent d’être bruyants et ont fait du gallinacé un symbole de la ruralité et une star mondiale, cité dans le New York Times.
Mais « Pompadour » et « Jean-René », un petit poulet et un immense coq Géant de Brahma, étaient venus en soutien silencieux de la propriétaire du gallinacé accusé, Corinne Fesseau, présente à l’audience.
Le coq objet du litige vit à Saint-Pierre d’Oléron où ses « cocoricos » dès l’aube agacent les propriétaires d’une résidence secondaire voisine.
Pour Me Vincent Huberdeau, qui défend les plaignants, le procès « n’est pas celui de la ville contre la campagne. C’est un problème de nuisance sonore. Le coq, le chien, le klaxon, la musique, c’est le dossier du bruit ».
« Saint-Pierre-d’Oléron est la grosse commune de l’île d’Oléron avec près de 7.000 habitants en hiver et 35.000 en été », a-t-il argué. « Mes clients vivent dans une zone classée pavillonnaire au Plan local d’urbanisme. Ce n’est pas la campagne ! ».
« Et vive la nature ! »
Avant de répéter que cette affaire ne relevait pas du « conflit entre citoyens bobos et ruraux ». « Mes clients ne reprochent pas au coq de chanter, mes clients cherchent à être tranquilles le matin entre 6h30 et 8h30 ».
« Je suis abasourdi », a répliqué Me Julien Papineau, qui défend la propriétaire et son coq en ironisant : « Je ne suis pas sûr que les plaignants se sont dits +on va acheter une maison à la ville sur l’île d’Oléron+! ».
« On peut déplacer le poulailler. Mais cela signifie qu’à la place, il y aura les casiers de pêche de Jacky, le mari de Corinne Fesseau », a-t-il poursuivi, « mais est-ce que les voisins supporteront l’odeur… ».
Avant de conclure sur un expéditif : « Les poulaillers, ils ont toujours existé. Sur 40 voisins, il n’y en a que deux que ça emmerde ».
Pour la propriétaire de Maurice, « maintenant il faut que la cause soit entendue, la campagne a droit a ses bruits. Les coq ont le droit de chanter, les coqs ne chantent pas de 4h30 du matin jusqu’à l’indéfini. »
« Mon coq il me gêne pas, il chante, je me dis que c’est très bien et vive la nature ! », a lancé Mme Fesseau.
Une dizaine de personnes étaient venues soutenir Maurice dont une famille du Costa Rica, en vacances chez des amis locaux, et qui brandissait des petites pancartes « Nos coqs iliens, on y tient ».
L’éleveuse Aurélia Schaan-Vozel qui avait amené « Pompadour » et « Jean-René », a affirmé de son côté : « Nous sommes ici car nous avons peur que ce jugement fasse jurisprudence ».
Depuis le début de l’affaire, deux pétitions de soutien ont été signées par près de 155.000 personnes.
L’histoire a suscité nombre de réactions dont celle de Bruno Dionis du Séjour, maire de Gajac (Gironde), 400 habitants, qui veut faire classer les bruits de la campagne au « patrimoine national » français.
Le jugement a été mis en délibéré au 5 septembre.
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