Poutine se rend en Crimée pour les cinq ans de l’annexion
Le président Vladimir Poutine se rend lundi en Crimée pour célébrer le cinquième anniversaire de l’annexion par la Russie de cette péninsule ukrainienne, condamnée par Kiev et les Occidentaux, mais saluée par la majorité des Russes.
Vladimir Poutine doit notamment assister en Crimée à une cérémonie pour le lancement d’une centrale électrique et rencontrer des représentants de la société civile, selon le Kremlin.
Des célébrations doivent avoir lieu dans toute la Russie à l’occasion de l’anniversaire de cette annexion, réalisée en mars 2014 après l’intervention des forces spéciales russes et un référendum de rattachement contesté. Elle faisait suite à l’arrivée au pouvoir à Kiev de nouvelles autorités pro-occidentales après un soulèvement populaire.
La capitale russe accueille ainsi un festival avec ateliers de cuisine, musique jazz et expositions photos, tandis que jusqu’à 10.000 personnes danseront dans la région de Moscou sur la « Valse de Sébastopol », une chanson populaire écrite en 1955 sur cette ville de Crimée, port d’attache de la Flotte russe de la mer Noire.
Le passage de la Crimée sous contrôle russe, acté le 18 mars 2014, est considéré comme un « rattachement » en Russie et dénoncé comme une « annexion illégale » par l’Ukraine et les Occidentaux. Cette décision a coûté à Moscou une série de lourdes sanctions européennes et américaines qui ont durement frappé l’économie russe.
« La Crimée sera rendue à l’Ukraine. Nous ferons de notre mieux pour nous assurer que cela se fasse le plus rapidement possible, immédiatement après l’élection » présidentielle du 31 mars, a déclaré lundi le président ukrainien Petro Porochenko.
« Les gens continuent de se rendre en Crimée (…) et y voient la situation réelle », a pour sa part déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, affirmant que « la manière positive dont la vie des habitants de Crimée a changé au cours des cinq dernières années parle d’elle-même ».
« Dans le monde, l’idée grandit que la Crimée fait partie de la Russie pour toujours », a abondé la présidente du Sénat russe, Valentina Matvienko, dans une tribune publiée dans le quotidien pro-Kremlin Izvestia.
Le journal consacre un dossier à la « croissance record », notamment du tourisme, dans la péninsule depuis son annexion et reprend les statistiques officielles affirmant que le produit intérieur de la Crimée a doublé entre 2014 et 2017.
La presse libérale russe dresse à l’inverse un tableau plus sombre. Pour le journal Vedomosti, la Russie a fait de la péninsule une « simple province ». « C’est à cela que ressemble l’archétype du nouveau colonialisme russe », ajoute le quotidien économique, qui soutient que cette région se transformera « rapidement » en un « monument poussiéreux à la gloire d’erreurs politiques de dimension historique ».
– Nouvelles sanctions –
Vendredi, les Etats-Unis, en accord avec l’Union européenne, l’Australie et le Canada, ont infligé de nouvelles sanctions contre des responsables russes pour « la poursuite de leur agression en Ukraine ».
« Ces cinq dernières années ont été marquées par une ambiance de terreur, ouverte ou dissimulée, contre ceux qui habitent en Crimée, en infraction avec le droit international », a affirmé à l’AFP le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavlo Klimkine.
Les Tatars de Crimée, communauté musulmane majoritairement opposée à l’annexion de la péninsule, subissent notamment une forte pression de la part des autorités russes.
Ces dernières années, la justice russe a non seulement interdit et qualifié d' »organisation terroriste » le Medjlis (l’assemblée des Tatars de Crimée) mais également fermé la chaîne de télévision de cette minorité.
Vladimir Poutine, dont la popularité dans le pays s’était envolée après l’annexion de la Crimée avant de battre de l’aile récemment, a écarté à maintes reprises tout retour de la péninsule à l’Ukraine et salué le rétablissement de la « justice historique ».
Selon un sondage du Centre d’opinion publique (FOM) effectué début mars, les Russes sont aujourd’hui moins enthousiastes sur ce sujet: seuls 39% d’entre eux estiment que l’annexion a apporté à la Russie « plus de bien que de mal », contre 67% en 2014.
L’appréciation de 49% des personnes interrogées reste cependant « sans doute positive » et celle de 28% « plutôt positive », alors que respectivement seuls 3% et 6% font part d’une appréciation « sans doute négative » et « plutôt négative ».
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