Pourquoi le Consortium1212 n’a pas été activé après le séisme au Maroc ? « Rien d’anormal à cela »
La Croix-Rouge a lancé un appel aux dons, Handicap International s’apprête à le faire. Mais le Consortium1212 n’est toujours pas activé. Patience, demande son son directeur Gilles Van Moortel. Avant de collecter des fonds, il faut être certains de pouvoir les utiliser à bon escient.
C’est généralement le cas après chaque catastrophe : les ONG font appel aux citoyens, aux institutions ou aux entreprises pour qu’ils viennent en aide aux victimes, notamment en participant au financement des opérations sur place. Pour qu’ils les aident à aider.
C’est ce qu’a fait mardi la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). L’appel de fonds d’environ 100 millions d’euros, a précisé sa directrice des opérations, devrait permettre à l’organisation d’intensifier son action auprès du Croissant-Rouge marocain et de répondre aux besoins les plus urgents sur le terrain.
De son côté, Handicap International Belgique s’apprête, lui aussi, à lancer sa propre collecte de fonds. L’aide s’organisera via les partenaires locaux présents sur place. Dans un premier temps, elle se concentrera sur la distribution d’articles non alimentaires, de dispositifs d’assistance tels que des béquilles ou des fauteuils roulants et des protections hivernales, comme des couvertures. Dans les mois qui viennent, et après avoir obtenu l’accord des autorités marocaines, les équipes d’Handicap International (qui est présent dans le pays depuis 1993) proposeront des séances de revalidation et de soutien psychosocial.
La Croix-Rouge de Belgique et Handicap International figurent parmi les sept membres du collectif belge pour les situations d’urgence, le Consortium 1212, aux côtés de Caritas International, Médecin du Monde, Oxfam Belgique, Plan International et Unicef. Pourtant, quatre jours après le séisme et alors que le bilan frôle les 3.000 morts et au moins 2.500 blessés, aucune collecte de fonds n’a été lancée par le Consortium1212. Une situation qui n’est pas anormale et qui s’explique notamment en raison de la particularité du contexte, clarifie Gilles Van Moortel, directeur.
Alors que les appels aux dons se multiplient, le Consortium1212 est en stand-by. Qu’est-ce que cela veut dire ?
Il faut tout d’abord rappeler que le Consortium1212 est un mécanisme de collecte de fonds collectifs. Notre mission est de proposer un numéro de compte sur lequel le public, les communes ou les associations peuvent exprimer leur solidarité. Ces dons sont ensuite répartis entre les sept organisations membres du consortium. Par contre, nous ne sommes pas un mécanisme de coordination opérationnelle. Notre rôle n’est pas d’évaluer comment les choses se passent sur le terrain. Ce sont d’abord les autorités locales, le gouvernement national, qui sont à la manœuvre.
Avant de lancer un appel, nous devons évaluer plusieurs aspects. Le premier est l’ampleur de la catastrophe. En ce qui concerne le Maroc, la question ne se pose évidemment pas.
Un autre est notre capacité de réponse humanitaire. Il s’agit de déterminer de quel type d’aide a besoin la population affectée. Et si l’intervention peut se faire via les acteurs locaux, comme c’est le cas avec le Croissant-Rouge marocain, ceux de la société civile ou via les ONG qui disposent d’une section locale dans le pays ou qui peuvent compter sur des partenaires locaux.
Enfin, afin de pouvoir élargir la réponse humanitaire, il faut que le pays victime, qui est souverain, demande une aide internationale. Le Maroc a fait ses choix et n’a pas adressé cette demande à la Belgique. S’il le fait à l’avenir, cela aura pour effet de renforcer la dynamique humanitaire dans les semaines à venir.
Nous sentons bien que la population veut s’impliquer mais si nous lançons un appel au don, nous devons être certains que nos organisations membres pourront être sur place, qu’elles pourront se déployer et compter sur des partenaires. C’est la question qui se pose actuellement : aurons-nous la capacité d’utiliser ces fonds ?
Pourtant, certaines des ces associations membres ont lancé un appel, à titre individuel…
Le Croissant-Rouge marocain travaille effectivement avec la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge. Quant à Médecins du Monde et Oxfam, ils ont des partenaires locaux avec qui ils peuvent travailler. Quant à Unicef, ils sont dans l’attente d’une autorisation pour intervenir. Donc il faut bien comprendre que la situation est particulière pour chaque organisation.
La force de frappe n’est-elle pas plus grande avec le Consortium ?
Le Consortium1212 est effectivement un mécanisme de collecte de dons efficace. Par ailleurs, cela répond à un besoin du public lorsqu’il souhaite aider et exprimer sa solidarité mais qu’il ne sait pas comment il peut le faire. Un seul numéro, c’est aussi plus simple à communiquer dans les médias.
Comment vont se passer les prochains jours ?
Nous allons continuer comme nous le faisons, à suivre l’évolution des capacités de nos membres à pouvoir se déployer sur le terrain. Cela peut encore prendre plusieurs jours. Ce qui n’est pas anormal. Ca a déjà été le cas auparavant dans d’autres situations.
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