Pourquoi il est difficile de lutter contre l’influence des islamistes dans le sport
Les associations sportives sont devenues un terreau fertile d’endoctrinement. Pour le sociologue Médéric Chapitaux, les premiers signes de permissivité doivent alerter.
Ancien gendarme, fonctionnaire au ministère français des Sports et sociologue, Médéric Chapitaux a analysé le parcours des 24 auteurs de 19 attaques terroristes islamistes perpétrées en France entre 2012 (les attaques de Toulouse par Mohammed Merah) et 2020 (l’assassinat du professeur Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine). Tous avaient exercé une pratique sportive: 67% d’entre eux des sports de combat, 21% des disciplines collectives comme le football, le futsal ou le handball, une moindre proportion du tir et de la musculation. Le sentiment diffus d’un lien entre djihadisme et sport trouve ainsi une nouvelle confirmation objectivée dans les résultats de ces recherches synthétisés dans l’ouvrage Quand l’islamisme pénètre le sport (1).
127 structures ont été identifiées comme «ayant une relation avec une mouvance séparatiste».
Leur intérêt premier est de prévenir la diffusion d’idées radicales à travers l’exercice d’un sport dans un club alors que des prédicateurs de haine ont bien perçu le profit qu’ils pourraient trouver à les investir. Selon une étude du ministère français des Sports rendue publique en novembre 2020, 127 associations sportives avaient été identifiées alors comme «ayant une relation avec une mouvance séparatiste», 127 sur les quelque… 360 000 structures déclarées. La proportion pourrait paraître négligeable. Mais elle affecte potentiellement quelques milliers de pratiquants.
Médéric Chapitaux identifie quatre niveaux d’atteintes à la neutralité développées par ces associations: la permissivité, le repli communautaire, le séparatisme, la radicalisation. Il estime que l’action de prévention de l’Etat doit s’exercer dès l’apparition des premiers signes de dérive, sachant qu’en France, quand elles sont affiliées à des fédérations reconnues, les associations sont tenues de respecter les principes républicains. Pourtant, une permissivité peut se manifester rapidement dans le chef des responsables et des éducateurs de ces clubs. Essentiellement pour trois raisons: une perception toute relative de l’utilité de la neutralité religieuse, une nécessité économique pour conserver des pratiquants qui iraient voir ailleurs si on discutait l’exercice de leurs «obligations» confessionnelles, la contribution à leurs performances que les sportifs disent tirer de leurs pratiques religieuses. Autant dire que cette gestion du radicalisme dans le sport est un défi d’envergure pour les autorités. La première étape pour le relever est de prendre conscience de son importance.
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