En renforçant sa mainmise sur le Sénat américain, plus influent que la Chambre des représentants désormais acquise aux Démocrates, Donald Trump repousse encore plus loin les risques d’impeachment et peut raisonnablement espérer sa réélection en 2020.
La colonne de milliers de Honduriens « criminels » se dirigeant vers les Etats-Unis, à travers le Mexique, et l’attentat antisémite de Pittsburgh par un Suprémaciste psychopathologique semblent s’être annulés l’un l’autre pour Donald Trump. Cette fois, les sondages ne se trompaient pas complètement : le président américain le plus clivant de l’histoire contemporaine a perdu la Chambre des représentants mais renforce la majorité du parti républicain au Sénat, réputé plus important, notamment pour nommer autant de juges conservateurs qu’il voudra et, surtout, pour éviter toute possibilité de destitution puisqu’il y faut la majorité des deux-tiers. La seule question est de connaître le degré de trumpisation des nouveaux élus républicains au Sénat pour conclure à sa parfaite sujétion au président.
Il n’y a donc pas eu, comme les démocrates l’annonçaient, de « vague bleue » (couleur du parti démocrate), seulement une « vaguelette », dixit Bernie Sanders qui, à 77 ans, a assuré sa réélection et offre, avec quelques autres « gauchistes » un horizon à la gauche de la gauche du parti à l’âne.
Donald Trump a gagné son pari : le trumpisme domine désormais le parti à l’éléphant. Il n’y a plus en son sein d’adversaire à la taille du magnat de l’immobilier. Partout où il a mis les mains dans le cambouis, « ses » hommes ont été élus, démonstration de sa popularité. Trump a même promis de mettre la sourdine à sa rhétorique brutale, estimant « qu’en fait il a le choix ». Si en plus il cause civilisé, il deviendra encore plus fréquentable.
Certes, la majorité démocrate à la Chambre permettra au parti d’Hillary Clinton de contrôler de nombreuses commissions parlementaires et de diligenter des enquêtes de corruption voire de trouver une énième call-girl dont Trump aurait payé le silence.
Mais les médias, les universités, les agences de renseignement, Hollywood et même les GAFA (le camp du progrès ou du Bien) en sont pour leurs frais : le héros érigé en vilain parfait dont il fallait démontrer l’inaptitude et la douce folie peut envisager relativement sereinement sa réélection en 2020. Les voyants économiques sont au vert (chômage plancher, croissance économique stratosphérique). L’immigration illégale est au plus bas. Le procureur Mueller, malgré l’aide de tout l’appareil répressif et de renseignement américains n’a toujours pas trouvé une once de preuve d’une collusion avec les Russes pendant la campagne 2016.
Donald Trump conserve le soutien des Blancs peu diplômés et des évangéliques, ne recule radicalement ni chez les Noirs ni chez les Hispaniques grâce sans doute à l’emploi en hausse (chômage historiquement le plus bas chez les Afro-Américains). Les lignes bougent peu : le pays est toujours déchiré en deux parties : les partisans de Trump et ses contempteurs, également irréductibles. Ce n’est pas l’élection du siècle, contrairement à ce que tonne FoxNews. Elle ne le sera que s’il est réélu en 2020. C’est du domaine du vraisemblable à moins d’un retournement conjoncturel à 180° toujours possible dans une économie mondialisée propice à des crises imprévisibles comme la grande crise financière de 2007-2008.
Pour les prochaines élections présidentielles, il reste aux démocrates à se trouver un démiurge qui dégote un homme (ou une femme) providentiel. Ils ne sont pas en ordre de bataille. Hillary Clinton, plus de 70 ans (comme Nancy Pelosi qui retrouverait le perchoir de la Chambre) a émis l’intention de rempiler. Mais le risque est trop grand. Son parti ne survivrait pas à un second échec…
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici