Gérald Papy
Populisme: « Donald Trump et Nicolas Sarkozy sont pris à leur propre piège »
Les populismes grandissant que connaissent aujourd’hui plusieurs grandes nations, dont les États-Unis et la France, risquent pourtant de subir un sérieux revers, avec les deux échéances électorales qui s’y annoncent. Assiste-t-on aux limites du populisme ?
Alors qu’il semblait se gaver de l’air du temps qui privilégie la protection sur la liberté, le populisme est-il en passe de subir deux camouflets cinglants ? Les échéances de novembre décideront de l’avenir de deux grandes démocraties. L’issue du combat Clinton – Trump, celui des Etats-Unis. Le résultat de la primaire de la droite, celui de la France, tant son porte-drapeau aura de sérieuses chances, le 7 mai 2017, de s’ouvrir les portes de l’Elysée, face au candidat d’une gauche moribonde ou face à une Marine Le Pen toujours limitée par le » plafond de verre « .
Plus on avance dans la campagne de l’une et l’autre démocratie, plus se dessinent des similitudes entre les candidats de la » droite décomplexée « , Donald Trump et Nicolas Sarkozy. L’exhumation de propos sexistes du premier a conforté tous les soupçons que l’on pouvait nourrir sur son respect de la personne humaine quand celle-ci n’est pas un homme blanc. Les révélations du pamphlet de son ancien conseiller Patrick Buisson ont confirmé l’inclination naturelle du second pour la vulgarité.
En ces derniers jours de campagne, les deux ont aussi exposé de la défense de l’Etat de droit des visions pour le moins lâches, s’ils étaient élus. Donald Trump a suggéré de faire pression sur la justice pour poursuivre et envoyer en prison sa rivale, ancienne secrétaire d’Etat. Nicolas Sarkozy a promis d’organiser un référendum pour placer en centres de détention des suspects de radicalisme – les » fichiers S » – sans condamnation judiciaire préalable.
Mis en difficulté par une droite radicale ou extrême (le Tea Party et le Front national), les candidats républicains se sont pareillement évertués à flatter leur base électorale traditionnelle en instrumentalisant les réflexes identitaires. Donald Trump en contestant longtemps la nationalité américaine du président démocrate sortant, Barack Obama, avant d’y renoncer, Nicolas Sarkozy en ravivant le mythe d’une origine unique du peuple de France à travers » nos ancêtres, les Gaulois « .
Le pari était incontestablement de surfer à des fins électorales sur la grogne d’une partie croissante des populations américaine et française contre les élites politiques, économiques et culturelles et sur le dévoiement de la lutte contre le politiquement correct, qui érige en modèle le » parler vrai » grossier et antidémocratique. Au vu de la tournure nouvelle des campagnes électorales à Washington et à Paris, le credo » plus on transgresse, plus on rencontre du succès » pourrait bien avoir vécu. Donald Trump et Nicolas Sarkozy sont pris à leur propre piège, incapables qu’ils apparaissent désormais d’élargir leur assise électorale pour espérer accéder à la fonction suprême.
Avec Hillary Clinton, Alain Juppé ou un autre, Américains et Français ne peuvent prétendre avoir l’absolue garantie que leur pays sera, demain, magnifiquement géré. A tout le moins, le sera-t-il dans un cadre démocratique, meilleure arme contre les inégalités et le terrorisme. On ne peut donc que se réjouir que, selon toute vraisemblance, il y ait, même en politique, des limites à l’indécence.
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