André Crespin
Palestine: l’espoir malgré tout
Depuis plusieurs mois, Gaza vit dans le noir. Avec à peine quelques heures d’électricité par jour, ses 2 millions d’habitants peinent à survivre. Tous les secteurs de la vie quotidienne sont lourdement touchés : les structures de soins de santé, le système d’épuration des eaux usées, les écoles, les commerces…
La santé, un droit fondamental mis à mal.
Les effets de cette crise sont particulièrement dévastateurs dans le secteur de santé : plusieurs hôpitaux ont dû fermer leurs portes faute d’argent pour faire fonctionner les générateurs, d’autres ont drastiquement réduit leurs effectifs pour pouvoir continuer à payer les salaires. C’est le cas de l’hôpital Al Shifa, le plus grand hôpital de la bande de Gaza. Les patients ont été transférés vers d’autres structures de soins qui sont déjà débordées. Jehan Al Aklouk, coordinatrice de l’Union of Health Work Committees (UHWC), l’une des plus grandes organisations pourvoyeuse de soins à Gaza, nous confie : « nous avons peur en voyant augmenter le nombre de patients pour qui les soins de santé sont financièrement inaccessibles. Nous voulons continuer à les prendre en charge dignement et à leur fournir des soins de qualité, mais cela devient de plus en plus dur pour nous. Nous luttons contre le temps pour trouver des solutions durables ». Pour garder opérationnel son hôpital Al Awda situé au nord de la bande de Gaza, UHWC dépense chaque mois 25.000 euros en fuel pour ses générateurs d’urgence. Des coûts non budgétisés qui s’accumulent depuis le début de la crise énergétique en avril 2017.
Une réalité aggravée par un blocus de dix ans.
Après dix longues années de blocus israélien, l’étau se resserre de plus en plus sur les habitants de Gaza. Selon l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), plus de 40 % des médicaments considérés comme essentiels ne se trouvent plus en stock à Gaza. Si les malades ne peuvent plus être soignés à l’intérieur de la bande de Gaza, ils ne peuvent pas non plus l’être à l’extérieur. En effet, Israël refuse d’accorder environ la moitié des demandes de visas des patients nécessitant des soins hors de Gaza . Israël enferme 2 millions d’êtres humains – dont 1,3 million sont réfugiés et dépendent de l’aide humanitaire – dans cette prison à ciel ouvert. Elle pousse le cynisme jusqu’à condamner les malades à y mourir en maintenant le blocus illégal.
Jérusalem palestinienne
Illégalement annexée en 1967, Jérusalem lutte depuis pour préserver son identité palestinienne. La déclaration en décembre du président américain Donald Trump n’a fait que renforcer la résistance palestinienne. Mieux encore, cela l’a consolidée. Cette provocation a fait naître une opportunité : celle de pousser le mouvement social palestinien à dépasser la fragmentation imposée par l’occupation et les désaccords internes. L’unité est nécessaire pour renforcer la résistance palestinienne et faire basculer le rapport de force face à Israël et ses alliés. L’espoir de cette unité réside dans cette jeunesse palestinienne de plus en plus mobilisée et militante. Ahed Tamimi en est devenue le symbole. A chacune de ses apparitions, son sourire est un discours en soi : peu importe ce que l’occupation détruit, vole ou méprise, la Palestine vaincra.
La Palestine reste debout.
Quoi qu’il arrive, les Palestiniens continueront à résister et à défendre leurs droits. Nous devons miser sur cette jeunesse qui s’organise pour lutter contre l’occupation illégale de leurs terres. La solidarité internationale avec le mouvement social palestinien et le soutien de ses justes revendications a elle aussi un rôle à jouer. Les pressions contre notre gouvernement et nos entreprises pour qu’ils cessent d’être complices d’un État qui viole au quotidien les droits humains et le droit humanitaire international est un combat à mener de front. Et à gagner.
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